Monday, December 9, 2013

La sanction de Trevanian

J'adore offrir des livres, car je sais aussi que je vais les lire avant - oui pour m'assurer qu'ils sont biens, évidemment. Je cherchais donc des livres pour mon beau-père, nous partageons un goût commun pour les polars mais aussi les romans historiques. Lorsque j'ai découvert la collection noire de Gallmeister, j'ai été attirée par les romans de Trevanian, mettant en scène une sorte de James Bond dandy, Jonathan Hemlock. Professeur d'histoire de l'art et alpiniste renommé, ce trentenaire est aussi un tueur qui travaille pour une organisation américaine secrète (CII) qui inflige des "sanctions" en assassinant d'autres tueurs.

Ce dandy, collectionneur de femmes et d'oeuvres d'art, vit dans une église aménagée en loft en 1969 et accepte de travailler pour le compte du CII uniquement lorsqu'une oeuvre d'art lui plait et qu'il a besoin d'argent. Homme mystérieux, il n'est fidèle qu'à lui-même et à quelques principes comme la loyauté. Dénué d'empathie, il accomplit ses assassinats sans ressentir le moindre remord, il songe à la retraite lorsqu'il est entrainé dans une dernière mission dangereuse. Il doit enfiler sa tenue d'alpiniste et tenter l'ascension de l'Eiger dans les Alpes, tout en essayant de reconnaître parmi ses compagnons de cordée un autre assassin.

J'avoue avoir été surprise par ce roman - le lecteur ne peut s'empêcher de penser à James Bond et à Sherlock Holmes lors de la lecture du premier chapitre, un héros jeune, talentueux, beau, intelligent et riche et espion de surcroît. Mais très vite, l'auteur en fait une caricature destinée à faire une critique implacable de son pays, du gouvernement américain qui ne respecte aucune loi, et en filigrane une attaque aiguisée de la CIA et de ses interventions illégales à travers le monde.

Le personnage est loin d'être attachant, il est calculateur et collectionne les femmes comme des objets, et puis il tue sans état d'âme. J'ai même, je l'avoue, eu du mal au début. J'ai cru abandonner ma lecture lors des quarante premières pages, puis le héros part s'entrainer pour l'escalade du mont Eiger et le suspense redonne du rythme au livre. C'est un roman atypique, difficile de le classer, l'auteur a signé une parodie du roman d'espionnage, si populaire à l'époque avec une touche de western (à la Sergio Leone) et de polar lorsqu'ils ne sont plus que quatre à tenter cette ascension du mont Eiger, resté invaincu.

Ce qui m'a attiré dans ce roman, c'est également la personnalité de l'auteur-même, Trevanian. Ce romancier est devenu célèbre lorsque The Eiger Sanction, le titre original du roman, a été publié en 1972. Ce livre est la première aventure de Hemlock qui sera vendue à travers le monde à plus de cinq millions d'exemplaires et traduit en plus de quinze langues. De nombreuses rumeurs vont courir sur la véritable identité du romancier, on aura longtemps cru qu'il s'agissait de Robert Ludlum, Tom Clancy ou Tom Wolfe.
Coucher de soleil sur l'Eiger

Le romancier américain ne cessera de publier sous divers pseudonymes, Trevanian étant le plus célèbre. Le mystère sera levé dans les années 80 lorsque l'auteur aura choisi de "tuer Trevanian". L'auteur expliquait dans une de ses interviews qu'il prenait la plume sous un nom différent, et qu'il créait par là-même toute une personnalité pour ce nouvel auteur de polars, western ou autre genre.

Déçu par l'adaptation cinématographique du film (Clint Eastwood sera Hemlock au cinéma en 1975), il l'était également de la politique de son pays. Il quitte les USA pour s'installer en France, dans le pays basque et meurt en 2005. Il s'appelait Rodney William Whitaker.

Il a publié une suite aux aventures de Jonathan Hemlock : The Loo sanction (en français : l'Expert), il a également publié The Main et surtout Shibumi qui lui a valu des critiques dithyrambiques.  Je ne vais pas tarder à les acheter, croyez-moi ! Ils sont tous disponibles chez Gallmeister.

Dois-je vous rappeler que Gallmeister les a publiés de nouveau
cette année à 10 petits euros ? (en 2007 l'éditeur les avait publiés en format broché). Donc n'hésitez pas à découvrir un auteur qui a été classé parmi les plus grands romanciers américains.


PS : je ne suis pas payée par Gallmeister, dont je vous ai déjà parlé avec leur collection Totem - il se trouve que je suis tombée amoureuse de cette maison d'édition qui allie petits prix, belles couvertures et excellent choix de livres.

Wednesday, December 4, 2013

Contrée indienne de Dorothy M.Johnson

La maison d'édition Gallmeister a lancé une collection intitulée "TOTEM, une autre littérature américaine" en publiant des auteurs méconnus du grand public français mais symboliques de l'histoire américaine.

Ici il s'agit de Contrée indienne, un recueil de nouvelles signé Dorothy M.Johnson en 1953, grande dame de la littérature américaine comme le dit si bien la maison d'édition. Je vous avais parlé de plusieurs achats, celui-ci en faisait partie. Fait du hasard, une virée dans une boutique de livres d'occasion, la couverture d'un livre m'attire. J'ai un doute - l'ai-je déjà ? Mais son prix modique, et ce visage d'indien m'attirent. Me voilà avec un autre exemplaire de Contrée indienne, publié par J.C Lattès en 1986.

La différence entre les deux recueils ? La présence de deux nouvelles inédites, "Cicatrices d'honneur" et "l'incroyant" dans l'édition de la maison Gallmeister. J'ai donc lu les deux livres, en commençant par le plus ancien puis en terminant avec les deux nouvelles inédites.



Le premier recueil de J.C Lattès contient 9 nouvelles identiques à celles de Gallmeister :
- Flamme sur la plaine
- Prairie Kid
- L'exil d'un guerrier
- Retour au fort
- L'homme qui tua Liberty Valance
- La tunique de guerre
- Après la plaine
- Et toujours se moquer du danger
- Un homme nommé cheval


et Une sœur disparue 
Cette nouvelle reçut en 1957 le Spur Award - publiée dans le recueil "The hanging tree" (La colline des potences), elle raconte la tentative de réintégration d'une femme colon, Cynthia Ann Parker qui avait été kidnappée enfant par les Comanches.



Quanah Parker, le dernier Chef Commanche

En lisant les titres, vous aurez peut-être pensé au cinéma et vous avez raison : plusieurs de ses nouvelles furent adaptées avec succès au cinéma : L'homme qui tua Liberty Valance de John Ford avec John Wayne et James Stewart, Un homme nommé Cheval et La colline des potences avec Gary Cooper.

Je ne suis peut-être pas tout à fait objective compte tenu de mon amour pour la culture indienne depuis que je suis enfant, et ayant eu la chance de côtoyer quelque temps ( lorsque j'habitais au Montana) ces tribus, je suis encore plus passionnée.  Je possède déjà de nombreux livres les concernant, et plus particulièrement sur leurs croyances. Toutes passionnantes. J'aimerais beaucoup vous faire partager cette passion.

Je ne vais pas rentrer dans le détail de chaque nouvelle. Sachez juste que le lecteur est plongé dans l'époque mythique de l'Ouest, encore sauvage où les indiens (Cheyennes ou Comanches) sont parfois les héros de ces nouvelles, mais jamais les "méchants grimés des western". La romancière a su très bien restituer cette époque, sa dangerosité et le courage de ces deux peuples, ces colons qui viennent plein d'espoir et ces indiens qui voient leur nation disparaitre.

J'ai particulièrement aimé les nouvelles qui décrivent avec précision les moeurs de ces tribus indiennes, leurs us et coûtumes, leurs croyances - elle ne cherche jamais à diaboliser ou au contraire à magnifier ces peuples. Elle décrit leurs us qui peuvent choquer parfois (lorsque les jeunes se mutilent ou le rituel des scalps, etc.). 






Elle décrit aussi habilement les enlèvements communs à cette époque, femmes, enfants kidnappés par les indiens, parfois échangés contre des chevaux ou des armes. Leur retour difficile à la vie occidentale. La vie difficile de ces tribus en voie de disparition, le dur labeur des femmes. La nouvelle Une sœur disparue est particulièrement touchante, j'ai aussi beaucoup aimé Et toujours se moquer du danger ou Un homme nommé cheval. La nouvelle est bien meilleure que l'adaptation cinématographique.

Cicatrices d'honneur est une nouvelle située plus récemment, lors de la seconde guerre mondiale lorsque de jeunes indiens partent au combat et désirent renouer avec leurs croyances perdues et les rites ancestraux (le passage de l'enfant à l'homme, l'auto-mutilation, etc.).

Jamais Dorothy M.Johnson ne juge-t-elle ses personnages, ni leurs pensées, ni leurs actions - qu'ils soient blancs ou indiens, elle vous relate juste très précisément cette époque. Et moi qui ai grandi en regardant les western devant mon petit écran, j'ai adoré lire ces nouvelles. Comme Kevin Costner, dans Danse avec les loups - elle dresse un portrait très fidèle de la culture indienne. Ce soin apporté à la réalité fera d'elle un membre honoraire de la tribu Blackfoot en 1959.

La bonne nouvelle ? Gallmeister va publier l'an prochain un autre recueil La colline des potences.

Sunday, November 24, 2013

The fantastic Flying Books of Mr Morris Lessmore




Pour les amoureux des livres, je voulais parler d'un petit film animé que j'avais déjà vu mais qui a été diffusé sur Canal + ce mois-ci : The fantastic Flying Books of Mr Morris Lessmore, écrit et réalisé par William Joyce avec Brandon Oldenburg. Ce très joli film a reçu une dizaine de récompenses dont l'Oscar.

L'histoire se passe à la Nouvelle-Orléans, le personnage ressemble énormément au jeune Buster Keaton, amoureux des livres, il est emporté par un ouragan. Il survit et découvre sa ville totalement détruite. Le monde est devenu noir et blanc, lorsqu'il croise dans le ciel une jolie demoiselle qui utilise des livres attachés à des rubans multicolores pour voler. Elle lui envoie un livre qui possède des petites jambes, à l'intérieur le personnage d'Humpty Dumpty d'Alice au Pays des Merveilles - qui le guide vers une bibliothèque abandonnée où les livres sont vivants. Il en devient le gérant. Il sauve de la mort une édition de Jules Verne De la Terre à la Lune en recollant les pages, mais le coeur ne démarre pas. La manière dont il lui redonne vie est particulièrement touchante pour tous les amoureux de la lecture, comme moi !

Le film étant disponible sur Youtube (les auteurs ne s'y sont pas opposés), je vous invite à aller le regarder, il ne dure que quinze petites minutes. Un quart d'heure de pur bonheur.

Il suffit de cliquer ici.

Monday, November 11, 2013

Et tous mes amis seront des inconnus

Je ne le cache pas, cette lecture aura été plus que difficile - grandement par ma faute. Je connais de véritables périodes de boulimie livresque mais il m'arrive aussi de traverser des déserts, et le mois d'octobre en fut l'exemple parfait. Impossible de tourner une page.

Malheureusement pour le roman de Larry McMurtry, déjà entamé, je n'ai pas réussi à lire une seule page pendant plus de trois semaines. Entre l'approche de mon départ, et tout le travail que j'ai essayé de faire puis ma maladie (pendant ma semaine de vacances), je n'ai pas pu lire une seule ligne. Fort heureusement, tout est redevenu normal ce week-end. J'avais très envie de lire un roman de Larry McMurtry.

Ayant découvert l'auteur américain à travers son œuvre la plus célèbre (Prix Pulitzer) le roman western Lonesome Dove (lecture dont je ne me suis toujours pas remise), je n'ai pas hésité une seule seconde à emprunter Et tous mes amis seront des inconnus lorsque je l'ai vu dans ma bibliothèque de quartier. J'ignorais à ce moment-là que je mettrai plus d'un mois pour le lire.

Le lecteur suit le parcours initiatique de Danny Deck, jeune écrivain texan des années 60 dont les amours vont le guider du Texas à la Californie, traversant cette période de pleine révolution sexuelle, il fera des rencontres extraordinaires tout en doutant de sa vocation d'écrivain.

Ce roman est l'un des premiers du romancier qui a écrit également La dernière séance (que j'ai hâte de lire) et Tendre passions. Nous sommes ici très loin du western et ce fut sans doute ma première erreur d'essayer de retrouver les grandes plaines et les héros de Lonesome Dove.  J'avoue également que je ne me suis pas non plus passionnée pour le personnage principal, ses doutes existentiels ont fini par me lasser. Ses rencontres féminines finissent toutes très mal, il est incapable de se décider, il le dit lui-même, il s'accommode de tout et a très peu de volonté.

La première partie consacrée à son mariage avec la très belle et froide Sally m'a aussi ennuyée, j'ai largement préféré la dernière partie, j'ignore si l'interruption de ma lecture a joué pour quelque chose. En tout cas, je préfère toujours lire l'écrivain lorsqu'il lance son personnage sur la route, McMurtry est le meilleur pour décrire un voyage et les rencontres "tragi-comiques" qui vont avec, j'avoue que certaines scènes sont uniques (les crues soudaines et son ami qui se déshabille entièrement pour aider des "naufragés de la route", ou lorsqu'il donne sa voiture, etc.) et les descriptions des paysages grandioses du Texas (cet immense ciel sans fin je l'ai vu par moi-même). Mais lorsque le personnage s'installe à San Francisco ou retourne à Houston, je me suis ennuyée à lire ses incessantes réflexions sur l'état amoureux.

J'ai donc été un peu déçue par ce livre, je n'ai sans doute pas su l'apprécier comme ce fut le cas pour Quentin Tarantino qui le cite comme l'un de ses livres préférés et une véritable influence dans son travail et ceux qui trouvent ce roman particulièrement drôle.

Sans doute dans ce roman, y trouve-t-on quelques éléments autobiographiques, McMurtry est né en 1936 au Texas, il avait donc l'âge de son héros et le même métier que lui (écrivain et scénariste). McMurtry a d'ailleurs reçu un Oscar pour le scénario du film Le secret de Brokeback Mountain en 2006.

Sans doute, la raison vient de mon propre état au moment de la lecture. Ce constat ne m'empêche absolument pas de vouloir lire La Dernière Séance et ses autres œuvres. C'est grâce à lui que j'ai voyagé du Texas au Montana avec des merveilleux personnages et des paysages inoubliables dans Lonesome Dove, et pour cela je lui en saurai éternellement reconnaissante.


Monday, September 23, 2013

Mes lectures automnales

http://rjbresnik.files.wordpress.com/2012/07/native_ceremonial_eagle_dancer.jpg
La liste de mes futures lectures pour cet automne (7 livres dont 3 avec des Indiens).
Si de temps en temps, vous jetez un œil à mes lectures en cours, vous aurez remarqué que je lis, à nouveau, mon roman préféré : Franny and Zooey de J.D Salinger. Vous ayant ces derniers temps largement embêté avec la sortie d'un documentaire, puis d'une bibliographie et enfin de romans ou nouvelles de l'écrivain lui-même, j'ai forcément eu envie de retourner rendre visite à sa plus célèbre famille, les Glass. Famille désaxée new-yorkaise que l'auteur affectionnait tant, en lui consacrant plusieurs nouvelles, et qui je l'avoue m'obsède toujours autant !

En attendant la fameuse suite annoncée, je retrouve avec plaisir les deux derniers de la fratrie, la troublante Franny et le sublime Zooey (oui c'est un garçon, il s'agit ici du diminutif de Zachary). Logiquement, je devrais vous annoncer l'arrivée d'un prochain billet, mais comme je l'ai déjà dit, j'ai toujours du mal à écrire sur mes romans, films ou musiciens préférés. Mais je vais tenter de le faire, promis !

J'ai découvert, très tardivement (à un mois et demi de mon changement de job), que l'on pouvait emprunter des livres à mon travail - J'ai jeté mon dévolu sur trois livres, dont je ne connais pas les auteurs (de nom oui, mais je ne les ai encore jamais lus) :

- L'enfant allemand de Camilla Läckberg - j'aime les enquêtes policières, les romans nordiques et pourtant je n'ai encore jamais lu une seule œuvre de la romancière suédoise. Sans doute parce que justement je craignais l'overdose. Mais je me lance, on verra bien.

- Le Palais de verre de Simon Mawer - j'avoue que la quatrième de couverture et le mot de l'éditeur m'ont emballés : "À travers les aventures d'un couple juif en Tchécoslovaquie dans les années 20, de leur famille et de leur maison, Simon Mawer dresse un portrait fascinant de six décennies de l'Histoire européenne".
Le livre a reçu plusieurs prix, je n'ai encore lu aucun billet sur un blog littéraire sur ce livre. 

- Murmures de glace de Bettina Balàka - premier roman de l'auteur autrichien traduit en français, je remonte à nouveau le temps dans une enquête policière. A voir !
"Vienne, 1922. Balthasar Beck rentre chez lui après sept années de guerre et de captivité en Russie. Le retour de Beck « à la vie civile » coïncide avec une étrange découverte  : un squelette exposé sur un tapis de feutre vert dans la cour intérieure d’un immeuble".

ACHATS !!!! 

Et puis, j'imagine que cela arrive à d'autres, étant dans ma famille, la plus grosse liseuse, je suis devenue par la force des choses libraire et bibliothécaire - ma mère, ma sœur, mes amis, etc. m'empruntent mes livres, me demandent avis. Bon j'adore ça ! Je ne vous le cache pas ! A tel point que mes livres sont lus dorénavant par la famille très éloignée (au revoir cher ouvrage pendant au minimum six mois). Ma mère, se sentant coupable de ne plus acheter de livres,  m'a gentiment donner quelques billets verts samedi dernier. Évidemment, est arrivé ce qui devait arriver, au lieu d'attendre sagement d'avoir lu les trois livres empruntés, j'ai couru acheter des livres !

Seul bémol : je dois les lire en français, "mes clients" n'étant pas bilingues. Mais qu'importe, je ne vous raconte pas le plaisir ressenti en allant de rayons en rayons, choisir ses livres ! J'étais comme une enfant dans une boulangerie avec une pièce de deux euros à la main ;-)
Et en plus, cela m'a donné une idée pour mon blog (à suivre).

1/ Craig Johnson - Little Bird - Gallmeister
   
Est-ce un signe ? Trois de mes livres abordent le sujet des "Indiens d'Amérique", suis-je en manque de ces contrées lointaines ? Des Rocheuses ? Des réserves indiennes que j'ai traversées maintes fois ? (le terme "Native American" m'a toujours paru stupide, le mot America ayant été créé par les Européens).

Johnson signe ici le premier volet d'une saga qui met en scène le shérif Walt Longmire dans les vastes plaines du Wyoming. Alors que ce dernier est prêt à rendre les clés, le corps d'un adolescent est découvert. Celui-ci avait condamné avec sursis pour le viol d'une jeune indienne deux ans auparavant, les tensions entre les communautés sont ravivées, forçant ce shérif mélancolique et désabusé à mener l'enquête. 

Les critiques sont dithyrambiques. J'ai donc hâte de le découvrir.

2/ Louise Erdrich - Love Medecine - Le livre de Poche 

Le magazine Elle lui consacre un article pour son dernier livre, la romancière américaine, elle-même amérindienne, et gérante d'une bibliothèque  à Minneapolis, signe ici la version définitive de son premier roman (augmentée par ses soins) qui raconte les destins de deux familles indiennes, dans leur réserve du Dakota de 1934 à nos jours.
Hâte de le lire, voici les mots de la grande Toni Morrisson : "Une livre d'une telle beauté qu'on en oublierait presqu'il nous brise le cœur", que dire de plus ?

3/ Dorothy M.Johnson - Contrée indienne - Gallmeister

D'abord, je réalise peu à peu, que j'achète de plus en plus de livre de la maison d'édition Gallmeister, merci à eux de traduire tous ces livres (et ceux de Larry McMurtry) dans leur collection "une autre littérature américaine". 

Le destin de cette femme, née en 1905 (et décédée en 1984) est lui-même exceptionnel, ou plutôt, il me parle, car elle a grandi au Montana, et est allée à l'université de Missoula, devenue au fil des ans, un refuge et un lieu d'enseignement pour de nombreux écrivains. J'ai eu la chance d'aller plusieurs fois dans cette ville et de visiter l'université (soupir). Ici, il s'agit de la publication de onze nouvelles, dont deux jamais traduites, qui racontent les dures lois de l'Ouest. Dorothy M.Johnson n'était pas une John Wayne au féminin, même si l'une de ses nouvelles présente dans ce recueil a été adaptée au cinéma (L'homme qui tua Liberty Valance), elle fut adoptée par la tribu blackfoot (que je connais bien).

4/ Sofi Oksanen - Les vaches de Staline - Le Livre de Poche
Retour en Europe, en Finlande et surtout en Estonie ! Après mon sublime voyage de cet été (cf. billets ci et là), j'ai voulu lire les autres romans de Sofi Oksanen dont j'avais découvert l'excellent Purge (qu'a adoré mon beau-père, autre membre de mon club de lecture). Premier livre de cette jeune romancière finlandaise, d'origine Estonienne, il vient au parfait moment pour moi, ayant eu l'occasion de découvrir en profondeur l'histoire de ce petit pays au Musée de l'Occupation à Tallinn. 


Friday, September 13, 2013

Certaines n'avaient jamais vu la mer

J'ai fini de lire il y a quelques semaines le roman de Julie Otsuka, Certaines n'avaient jamais vu la mer qui a obtenu le Prix Fémina Étranger 2012.
 
Résumé (source : Amazon) : Nous sommes en 1919. Un bateau quitte l'Empire du Levant avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes femmes promises à des Japonais travaillant aux États-Unis, toutes mariées par procuration.
C'est après une éprouvante traversée de l'Océan pacifique qu elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
À la façon d'un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées... leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre et la détention dans les camps d'internement - l'État considère tout Japonais vivant en Amérique comme traître. Bientôt, l'oubli emporte tout, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n'avaient jamais existé.

Je ne sais pas trop quoi écrire au sujet de ce livre, si le sujet est très intéressant, passionnant - j'ai cependant eu du mal à lire ce livre. Cette difficulté est liée entièrement au style adopté par la romancière. Narrateur à voix multiples, le "nous" représente toutes ces épouses japonaises qui rencontrent leur époux sur le sol américain de Californie et qui pour beaucoup signent là leur arrêt de mort, ou s'engagent vers de terribles années de souffrance, passées sous silence. 

Or ce choix stylistique devient pesant, avec en plus, le choix de l'auteur pour cumuler des verbes d'actions, ex : pour décrire leur travail quotidien, chez elle ou dans les champs, les usines, l'auteur a choisi de cumuler à chaque toutes une série de verbes d'action et de répéter cette formule tout au long du livre : nous cuisions, coupions, hachions, épelons ...  Si cette formule n'apparaissait que trois ou quatre fois, mais non c'est récurrent. Si le désir de l'auteur était que le lecteur ressente une certaine forme de lassitude, elle y est arrivée parfaitement avec moi. Ce choix prononcé a fait que j'ai "sauté" volontairement certains passages, trop axés dans le descriptif.

Si l'auteur souhaite ainsi parler au nom de tous ces fantômes, je la comprends et la soutien totalement dans cette démarche, mais l'utilisation du pronom "nous" n'intègre pas le lecteur et bientôt je me suis sentie véritablement étrangère par rapport à ces femmes. Et cette distanciation m'a éloigné de ces femmes dont les vies ont été parfois épouvantables, mon empathie a diminué envers elle. L'auteur interdisant finalement au lecteur de s'identifier à l'une d'entre elles en particulier, a provoqué chez moi une sorte de forme d'indifférence

http://multimedialearningllc.wordpress.com/2009/05/07/japanese-internment-camps-during-wwii-1943/
De plus cette énumération sans fin des souffrances affligées à ces jeunes femmes m'a empêché d'en prendre réellement conscience et donc d'éprouver de la sympathie et de la compassion pour ces femmes. Le lecteur est ainsi littéralement "bombardé" d'informations multiples, d'atrocités, de souffrance, de solitude, d'actes malveillants, de suicide au point qu'il finit par s'éloigner de l'histoire. Les noms défilent, on ne retient aucun d'entre eux. J'aurais préféré que l'auteur suive cinq ou six femmes aux destins multiples plutôt que de nous faire une sorte d'almanach de tous les destins brisés de ces femmes japonaises. 

Enfin, j'aurais aimé que soit abordé plus profondément la période de la Deuxième Guerre Mondiale où les japonais ont été envoyés en camp d'emprisonnement car soupçonnés d'être des traites. Cette période a longtemps été bannie des livres d'histoire et j'ai vu très peu de films ou documentaires abordant cette page sombre de l'histoire américaine.

Car comme je ne cesse de le répéter, j'adore les romans qui associent l'histoire avec un grand H et plus particulièrement la période 1933-1955 or ici l'auteur ne fait qu'énumérer des disparitions et des arrestations. 

http://www.freeinfosociety.com/article.php?id=10
Copyright Free Info Society
Pourtant je défendrais ce livre car il a eu l'intérêt de lever le voile sur une partie peu reluisante de l'histoire américaine, sur le véritable ostracisme infligé à ces femmes japonaises. Ces femmes, qui par pudeur et par éducation se sont tues et ont subi toute cette violence sans jamais se plaindre. Que l'une de leurs filles ou petite fille prenne aujourd'hui sa plume et le rende hommage est magnifique et vraiment nécessaire. 

J'ai appris beaucoup en lisant ce livre, même si, comme vous l'aurez compris, j'aurais préféré un autre style - qui m'aurait permis de traverser ces années en tenant la main d'un ou de plusieurs personnages au lieu d'avoir le sentiment de voir défiler sous mes yeux des visages anonymes. 

Mon avis :

Monday, September 2, 2013

Chrysis

C'est amusant de redécouvrir le Montmartre des années folles, à travers les yeux de Chrysis, jeune peintre française et Bogey Lambert, un cowboy américain sortie de la Légion étrangère. C'est par hasard que l'auteur américain, Jim Fergus (auteur de Mille femmes blanches, Marie-Blanche) croise la route de Gabrielle Chrysis Jungbluth. En achetant en Suisse un tableau de ce peintre tombée dans l'oubli, le romancier américain va partir à la découverte de l'histoire extraordinaire de cette jeune artiste française et de son histoire d'amour avec un véritable cowboy américain. 

Jim Fergus a eu de la chance que son épouse repère un tableau signé Chrysis Jungbluth chez un antiquaire suisse. C'est le départ d'une biographie passionnante du "Tout Paris", celui des Années Folles où tout est permis et où l'art trouve une caisse de résonance formidable. En lisant cette biographie romancée, j'ai eu souvent des images en tête et il serait très intéressant de l'adapter au cinéma, même si certaines scènes seraient réservées à un public averti. 

Car la jeune femme, pour l'époque, a décidé d'aller explorer le Montparnasse des boites de nuit, des bordels, et pour mieux le comprendre, elle a même participé à des soirées échangistes d'où son tableau le plus célèbre "Orgie". Gabrielle n'est pas née pauvre, mais dans une famille bourgeoise en province. Son père, militaire de carrière, est peintre amateur. C'est auprès de lui qu'elle apprivoise cet art et c'est avec son consentement qu'elle intègre en 1925 l'Atelier de peinture des élèves femmes de l'école des Beaux-Arts, dirigé à l'époque par Jacques F.Humbert, le professeur de Braque. Cet homme âgé, exigeant, accepte de former des femmes à la peinture, chose rare à l'époque. Il va très vite déceler chez la jeune femme de grandes prédispositions.




A cette époque, rappelons-nous, lorsque Chrysis croise les élèves hommes, ceux-ci la prennent souvent pour un modèle et non une élève. Esprit libre, passionnée, curieuse et très douée, la jeune Gabrielle, devenue Chrysis va vite révéler un talent inouï et bousculer les codes en vigueur. Curieuse, elle va découvrir le Paris souterrain, et devient une grande figure de la vie nocturne, en mêlant plaisir et travail. 

Sa rencontre avec un cowboy du Colorado, au nom extravagant de Bogey Lambert, sera un tournant dans sa vie. Jim Fergus raconte en parallèle le parcours exceptionnel et extraordinaire de ce jeune homme, né dans un ranch au Colorado, qui sous prétexte d'avoir un nom français, décide de s'engager dans la Légion Étrangère. Fait extrêmement rare, il réussit à emmener son cheval Crazy Horse avec lui.  Il deviendra en fait courrier, parcourant les tranchées et sera gravement blessé. Son chemin le mènera en Écosse, à Paris, et à Montparnasse.

Je ne veux pas raconter toute l'histoire, sachez que l'auteur a écrit ce roman dans l'ordre chronologique. Ce choix linéaire m'a un peu surpris car aujourd'hui les romanciers fonctionnent beaucoup au "flashback" mais l'histoire est passionnante. Aussi, même si je ne suis pas tombée amoureuse du style de l'auteur, un peu trop classique il demeure une histoire d'amour magnifique dans un Paris qu'il m'aurait tant donné de connaître ! Quelles vies passionnantes ces deux jeunes gens ont-ils eu !

Mon avis :



Sunday, August 18, 2013

Ma boulimie livresque

Bon dimanche à tous ! 

En pleine lecture du roman de Robert Goddard, Into the blue - malheureusement traduit Heather Mallender a disparu, je vous laisse découvrir mes derniers achats ;-)

Hier, j'ai craqué et et je suis allée dans une de mes bouquineries préférées, un budget en tête, et mon carnet rempli de noms et de titres de livres, je suis ressortie avec 5 livres dont un seul figurait sur ma bucket list. J'avoue que j'ai du me forcer à partir vite, car j'étais prête à continuer à acheter ! Tant de livres me tentaient. Terrible. Ces bouquineries sont de vrais lieux de perditions pour nous autres, pauvre pêcheur drogué aux livres ;-)


1. Albertine Sarrazin - L'astragale. Son tout petit prix (0.90 cts) et la quatrième de couverture m'ont intriguée, le titre me parlait vaguement. En le voyant ce midi, ma mère m'a dit qu'elle l'avait lu il y a très longtemps (le livre est sorti en 1965 je crois). Moi, j'ignorais tout de la vie de l'auteur, Albertine Sarrazin, racontée dans ce livre. J'ai hâte de le lire.
2. Amélie Nothomb - Biographie de la faim. Je continue à découvrir l’œuvre d'une romancière dont j'adore la personnalité. Je n'ai pas lu tous ses romans, fort heureusement, on les trouve facilement à des petits prix.
3. Jean-Paul Sartre - Les mots.  Il est temps, me direz-vous ! L'auteur et le thème du livre me tentaient vraiment. Il n'était pas sur "ma liste de courses" mais je n'ai pas pu résister. 
4. José Saramago - L'aveuglement. Idem, mais la quatrième couverture m'aura convaincue. Prix Nobel de Littérature, l'auteur portugais m'a tout de suite attiré par le thème  de son roman (le fléau de la cécité, fin du monde) et son style (ponctuation, absence de noms des personnages).  A découvrir. 
5. Irène Némirovsky - Suite française.  J'avais envie de l'acheter depuis sa sortie en librairie, aussi alors que je cherchais un autre auteur, en voyant le livre, je n'ai pas résister. J'ai hâte de le lire. 

Bonne fin de week-end 



Friday, August 16, 2013

L'heure des loups

J'avais, je crois, mentionné la difficulté pour moi de terminer la lecture d'un livre. J'ai finalement réussi à avoir la bête ! Ce fut épique. J'ai emprunté L'heure des loups de Shane Stevens avant mon départ en vacances, ayant l'assurance d'avoir jusqu'au 20 août pour le lire. A mon retour, j'ai commencé à le transporter avec moi, dans un sac particulier, la bête de 524 pages pesant pas moins de x grammes. Et ne rentrant pas dans mon sac à main estival (sac à main de petite taille)

J'aime les romans, encore plus lorsqu'ils y mêlent l'histoire, celle avec un grand H. Et spécialement celle du XXème Siècle. Aussi, il était difficile de résister à un roman, situé en 1975, mêlant anciens officiers SS, dont Dieter Bock, l'ennemi juré de César Dreyfus, inspecteur français juif figure du Quai des Orfèvres, les services secrets français, israéliens, ouest et est allemands. 

J'ai compris, un peu tardivement, que ce livre exigeait de la concentration, de la patience, du dévouement.
 

Sunday, August 11, 2013

Un ... non deux Maigret !

Je n'aurais jamais cru lire un jour, une puis deux enquêtes du commissaire Maigret. Sans doute est-ce du au fait que je classais le commissaire français au même rang que l'inspecteur Derrick. Leurs adaptations télévisuelles ne m'ont jamais intéressées, d'abord parce que j'étais trop jeune et parce que soyons honnêtes je les trouvais profondément ennuyeuses. Je dois ce revirement en grande partie à une blogueuse française transalpine, installée à Milan. Elle nous fait partager ses lectures et entre autres son amour pour Simenon.

En effet, elle adore Georges Simenon, immense romancier belge qui a créé le commissaire Maigret il y a très longtemps, et a écrit plus d'une soixantaine d'enquêtes dont il est le héros. C'est en allant rapporter un livre (fort tard) à la bibliothèque, que j'ai trouvé deux romans, L'affaire Saint-Fiacre et L'ami d'enfance de Maigret. Les deux romans ont été écrits à des périodes très lointaines (1932 pour le premier et 1968 pour le second). 

Ces histoires policières ont la particularité d'être très courtes, n'excédant pas 200 pages. J'ai ainsi lu le premier dans les transports en commun (très léger dans le sac à main) et le second ce week-end, allongée dans mon transat.  Lors du premier roman, je ne pouvais pas me défaire de l'image de Bruno Crémer qui a longtemps incarné le commissaire à l'écran. Mais au fur et à mesure de ma lecture, une autre image, celle que je me suis créée a commencé à apparaître. En m'appropriant ce personnage, j'arrive à l'apprécier et a lui trouvé de l'intérêt, ce qui n'était pas le cas lorsque je le voyais à la télévision.

Le commissaire est marié, son épouse s'appelle Monique et l'attend sagement le soir pour partager un dîner et quelques confidences sur certaines enquêtes. A l'époque, les policiers n'étaient pas tous divorcés ou alcooliques ;-)

Fait du hasard, les deux histoires ramènent le commissaire à son enfance. Dans le premier roman, il retourne dans la ville où il est né et où son père officiait comme régisseur du château du Comte de Saint-Fiacre, dans le second, le lecteur le voit retrouver un ami d'enfance, fils du boulanger du village de Saint-Fiacre.

J'ai découvert que le commissaire travaille à Paris et possède une certaine notoriété auprès de ses concitoyens. C'est étrange car j'avais toujours imaginé qu'il ne travaillait que dans des petites villes. Côté caractère, le sien est disons bien corsé, voire bourru.  Les enquêtes ayant lieu dans les années d'après-guerre, point d'ADN, d'experts scientifiques. Ici, c'est le jeu du chat et de la souris avec les suspects. 

La première enquête a tout d'une pièce de théâtre, une pièce en trois actes, avec un final époustouflant. J'ai vraiment adoré la manière dont l'un des personnages principaux va prendre le commissaire par surprise et va faire éclater la vérité. Ici le commissaire est si troublé d'être de retour sur les lieux de son enfance qu'il en oublie de mener l'enquête. La deuxième histoire voit surgir du passé un ami d'enfance, Léon Florentin, qui annonce le meurtre de sa bien-aimée, en sachant que la jeune femme se faisait entretenir par quatre autres hommes. A nouveau Maigret doit lutter contre ses démons personnels.

Je l'ai lu en une seule journée (188 pages). Simenon possède une écrite fluide que j'aime beaucoup. J'ai trouvé depuis deux autres romans dans des boutiques de livres d'occasion à 90 centimes. A noter que les romans ont été réédités et que Simenon a entrainé son héros dans de nombreuses enquêtes. Le romancier a été extrêmement prolixe : 192 romans, 158 nouvelles sous son nom et sous 27 pseudonymes plus de 176 romans et des dizaines de nouvelles. 
 
Alors, n'ayez pas peur d'ouvrir un roman où Simenon met son personnage fétiche en scène, car moi j'ai réussi à oublier la peur que m'inspiraient les quelques images vues ci et là à la télévision. 

Je serai curieuse de voir l'adaptation cinématographique de l'Affaire Saint-Fiacre avec Jean Gabin dans le rôle du commissaire ;-)

PS : vous avez peut-être remarqué, mais j'ai ajouté un widget Amazon et en cliquant sur le titre du roman dont il s'agit, vous pouvez accéder directement au livre sur le site Amazon. Pourquoi ? Parce que je suis une cliente fidèle d'Amazon, qui a été le premier à proposer autant de livres en anglais à une époque où il était difficile d'en trouver (exception faite des classiques) et parce que je n'ai jamais eu aucun souci de livraison, délai, remboursement avec eux. Ma sœur qui commande aussi des produits ménagers n'a eu aucune difficulté à échanger un produit, même la date de garantie dépassée. Je continue à fréquenter tous les samedis mes librairies fétiches mais il m'arrive parfois de ne pas trouver un titre, et je le trouve toujours ici. Leurs prix sont raisonnables et on peut même dénicher de vieilles éditions. Pour me remercier de vos hypothétiques commandes, Amazon me proposera peut-être un jour un bon cadeau !

Thursday, August 1, 2013

Le sabot du Diable

Troisième roman de Kem Nunn, Le Sabot du Diable prouve une nouvelle fois le talent du romancier californien et son obsession pour le surf et les légendes. Ici, le lecteur est entrainé à la recherche de la vague mythique, le dernier spot secret caché en Californie, de surcroît en territoire indien et donc farouchement protégé. 

Kem Nunn aime ses personnages, la plupart ont connu la gloire jadis (comme dans la Reine de Pomona ou Tijuana Straits) et tentent aujourd'hui de trouver un sens à leur vie. Jake Fletcher n'y échappe pas, photographe vedette de surfers (les meilleurs photos se font à même sur une planche de surf), le photographe dorénavant drogué aux petites pillules se voit offrir un contrat en or : rejoindre une star mythique du surf, Drew Harmon, dans une réserve indienne au nord de la Californie pour immortaliser la star surfant la plus belle vague.

Évidemment, rien ne va se passer comme prévu. Les surfers et le photographe vont très vite se mettre à dos les habitants de la réserve, et leur voyage initiatique va prendre la tournure d'une chasse à l'homme. Mais la vague ultime est là, et c'est toujours avec un lyrisme éblouissant que l'auteur pousse ses personnages à accomplir l'impossible, au péril de leurs propres vies. Kem Nunn aime les personnages déjantés, ces types dont  l'obsession (pour le surf, la drogue, la gloire) guide chacun de leurs pas. J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre ces surfers qui ne vivent que pour la vague ultime, prêts à affronter des renégats indiens pour connaître cette ultime sensation. Tous courent après le rêve américain, mais aussi après, comme je l'ai déjà écrit, une forme de rédemption. Un dernier acte. Une sortie digne.

Décidément, Kem Nunn confirme qu'il est l'un de mes auteurs préférés, il incarne pour moi le romancier américain sous son meilleur jour, l'Amérique profonde, comme Bruce Springsteen l'est dans le domaine musical ou Johnny Cash. Un spécialiste du roman qu'il est difficile de cataloguer. Ici on le classe en "policier" alors qu'il n'y a pratiquement jamais d'enquête. Son style lyrique mais aussi profondément réaliste pourra plaire à ceux qui aiment les romanciers américains férus de nature (Jim Harrisson). Le lecteur s'attache facilement à ses personnages (mon préféré étant celui de Tijuana Straits, Sam Fahey et ici le jeune surfer qui a trouvé la foi).

J'avoue que le surf me fascine toujours, comment un homme peut communier avec la nature dans ce qu'elle offre de plus magique. C'est électrisant et fascinant. 

Je pique l'idée à d'autres blogs lecture, voici une citation : 

Parce que les surfeurs aimaient les histoires. Les grosses vagues et les hors-la-loi. Les excentriques qui avaient réussi, d'une manière quelconque, à vaincre le système, à rester au contact de la vie, alors que d'autres s'installaient à l'intérieur des terres et payaient des impôts.

Vous pouvez aussi lire mes billets sur Surf City et Tijuana Straits . Et j'ai aussi écrit dans un billet quelques lignes sur La Reine de Pomona (lu il y a longtemps). 

Mon verdict (complètement subjectif) :


Friday, July 12, 2013

Le temps, le temps (de Martin Suter)

J'avais lu un peu partout sur la blogosphère qu'il fallait lire le dernier roman de Martin Suter, Le temps, le temps. 

Je viens de finir la lecture de ce roman qui évoque la difficile condition du deuil chez deux hommes d'âges différents. Peter Taler ne s'est jamais remis de la mort violente de sa femme il y a plus d'un an. Elle a été assassinée en bas de chez elle, alors qu'elle sonnait désespérément à la porte. Son époux, énervé par son retard, avait choisi de prendre tout son temps pour lui ouvrir. Depuis, il fonctionne comme un robot, en préparant le même repas chaque soir, comme le dernier jour et en refusant de toucher à quoi que ce soit. A 42 ans, il passe ses soirées à regarder à la fenêtre, espérant se souvenir d'un quelconque fait lui permettant de trouver l'assassin. 

Il remarque alors l'étrange manège d'un voisin, Albert Knupp, octogénaire farfelu, qui ne parle à personne, se teint les cheveux en noir et passe son temps à changer ses plantes. Peu à peu, les deux hommes vont se rapprocher et Peter découvre que son voisin ne s'est jamais remis du décès de son épouse, il y a plus de vingt ans et a un drôle de projet en tête : revivre cette fameuse journée d'octobre 1991, car selon lui le temps n'existe pas. En revivant cette journée à l'identique, Albert est certain de pouvoir retrouver son épouse. Peter va alors découvrir cette théorie partagée par certaines personnes qui ne croient pas en l'existence du temps, et par conséquent à la possibilité de faire revivre les morts.

Mon avis ? En cliquant à nouveau le titre, je ne trouve que des critiques très positives or j'ai été un peu déçue par le roman, l'histoire est plutôt prenante - mais je n'ai pas accroché au style et j'avoue que toute la partie consacrée à la "partie technique" du chantier de reconstruction m'a ennuyée. De plus, j'ai deviné la fin assez rapidement et j'ai compris qui était l'assassin. Évidemment cela aura joué avec mon impression générale du livre.

Et puis mon côté cartésien m'a évidemment poussé à me poser plein de questions après avoir refermé le livre, et je n'aime pas ça ! J'ai eu ma période lectrice de science-fiction et de fantasy mais je ne peux pas m'empêcher de vouloir tout comprendre. 

Je dirais que j'ai vraiment aimé la première partie, mélancolique, du livre et moins la seconde. Je n'ai pas été transportée, ni épatée par la fin. Néanmoins, il reste un bon livre d'été et c'est intéressant d'aborder le veuvage du côté masculin.

PS : c'est la première fois que je peux le dire, mais je n'aime vraiment pas la couverture du livre. Je la trouve horrible, et j'aurais adoré trouvé une autre édition ou couverture pour ce billet. 

Thursday, May 23, 2013

Citation livresque

A peine né, un bébé doit être soigneusement baigné puis, l’ayant laissé se remettre de ses premières impressions, fouetté à bras raccourcis aux mots de « n’écris pas ! N’écris pas ! Ne et fais pas écrivain ! « . Si toutefois, après cette peine corporelle, ledit bébé manifeste un penchant pour les lettres, il faut essayer la gentillesse. Si celle-ci demeure inopérante, renoncez au bébé, faites-en votre deuil. La démangeaison de l’écrivain est incurable.

Anton TCHEKHOV 

Wednesday, May 22, 2013

Lectures printanières

Ma petite sœur, contrairement à moi, n'est jamais tombée dans la marmite des livres quand elle était petite, et jusqu'à peu, elle n'avait pas lu plus d'une dizaines de livres dans sa vie. Évidemment, je tentais depuis quelques années de la convertir à cette religion, sans trop de succès. Et miracle, depuis peu, elle lit, et je le répète : elle lit des livres, car elle a toujours lu beaucoup de bandes-dessinées mais les livres la rebutaient (ma sœur adore écrire par contre, amusant, non ?).
Elle a commencé par Weber et ses fourmis, puis deux romans d'amour (adaptés au cinéma), qu'elle n'a pas beaucoup aimés d'ailleurs, puis deux autres romans, offerts par mes soins. J'ai donc eu l'idée de lui faire découvrir la spécialiste des livres courts : Amélie Nothomb. Je lui ai prêté Stupeurs et tremblements, et elle a adoré ! Le ton incisif, le style de l'auteur. Je compte lui prêter d'autres romans, mais j'ai décidé de profiter de son anniversaire pour lui offrir L'hygiène de l'assassin. J'en ai profité pour le relire, et j'ai réalisé que son dernier livre (reçu à Noël), Barbe Bleue était lui aussi un conte où l'ogre veut croquer le petit Chaperon rouge.
A noter que ma sœur, qui a adoré comme moi, le film d'Anne Fontaine, Perfect mothers a acheté et lu la nouvelle de Doris Lessing. Elle me l'a ensuite prêté. (NB : si le film s'inspire des personnages de la nouvelle, cette dernière n'a pas du tout la même vision de cette histoire d'amour que la réalisatrice française). 

Je dois réfléchir à d'autres livres qui lui plairont, il faut bien débuter la lecture pour ensuite pouvoir se lancer dans des pavés.
Et parce que ma sœur adore les chats (elle en a 4!), j'en profite pour lui offrir le dernier livre de Michel Plée, Vivre vieux et Gros

Sinon, je pense que je n'ai jamais mis autant de temps à finir un livre, qui pourtant à la lecture me plaît (tout en me déroutant un peu), je veux parler de L'échec de James Greer.  Encore quarante pages, et je dirais au revoir à ces personnages farfelus, légèrement dérangés qui offrent une vision de l'Amérique vraiment décalée ! 

J'ignore si quelqu'un l'a déjà lu, la forme est atypique : chaque chapitre aborde un moment particulier, précédent ou suivant le fameux braquage du comptoir de change coréen de Los Angeles. Les braqueurs sont deux (enfin trois) personnages, comment dire, complètement timbrés, Ed et Billy qui aiment passionément philosopher sur leurs vies, tout en agissant à l'opposé. Des losers qui aiment la métaphysique. J'ai eu parfois envie de lâcher le livre, car certains dialogues me laissent pantois, mais finalement je me suis attachée à ces losers des temps modernes. 
Enfin, quelques nouvelles de ma petite saucisse (qui tire la langue sur la photo) - elle a trouvé en la personne de Vanille, un merveilleux compagnon de sieste - évidemment dès son réveil, ma petite saucisse passe à l'attaque et adore mâchouiller les oreilles du chat (qui lui aime beaucoup moins). 


  

Wednesday, May 1, 2013

Monday, April 29, 2013

Les patriarches d'Anne Berest

Comme tout le monde, j'ai découvert Anne Berest en lisant son premier roman, La fille de son père. J'avais aimé le ton incisif, le dialogues et le style narratif de cette jeune romancière, aussi avais-je commandé au Papa Noël son nouveau roman, les Patriarches.

Que dire ? Sinon, une grosse déception. Je me suis littéralement forcée à lire les cent dernières pages. Cela m'arrive rarement, mais là je n'en pouvais plus. 

Je ne reproche pas à l'auteur le choix de son découpage, très particulier mais réussi, ainsi le lecteur se trouve confronté à plusieurs narrateurs, si cela fonctionne bien dans la première partie, j'avoue que la dernière m'a énormément déçue. La romancière a en effet décidé de surprendre ses lecteurs en tuant l'héroïne à la fin de la première partie. J'aime être suprise, donc pourquoi pas ? Là, où le bat blesse, c'est que la romancière est incapable ensuite de tenir le lecteur en haleine, et de maintenir un rythme. La seconde partie est nettement inégale à la première.

Le lecteur entre dans la vie de Denise Maisse (ne vous fiez pas au prénom, elle a 23 ans), jeune femme névrosée, dépressive qui veut à tout prix dévoiler un mystère autour de la disparition pendant plusieurs mois de son père en 1985 alors qu'elle était enfant. Elle rencontre alors un certain Gérard Lambert (quel drôle de choix de nom de la part de l'auteur) qui va alors lui raconter absolument toute sa vie, qu'elle enregistre comme elle enregistre son patron, photographe de renom, partie en tournée dans toute la France photographier des ... ronds-points. 

Soit. La seconde partie s'ouvre avec la vérité sur ces quelques mois de la vie de Patrice Maisse, acteur raté, héroïnomane, envoyé dans un centre de désintoxication appelé Le Patriarche, très en vue dans les années 90 avant d'être démantelé et dénoncé par les autorités comme étant une secte. On y retrouve Gérard Lambert, un cadre de la secte, sorte de "parrain" de Patrice et le fameux gouru, Lucien Engelmajer. 

Je crois que l'auteur a voulu en faire trop tout simplement. Elle a voulu écrire un roman sur une saga familiale qui enchaine les catastrophes, un témoignage sur le milieu artistique et les ravages de la drogue et du sida dans les années 80 et enfin sur cette secte qui attirait tous les artistes, prêts à dépenser des fortunes pour se sortir de l'enfer de la drogue. 

La deuxième partie m'a littéralement fatiguée. Je n'ai pas lu énormément de romans traitant des années 80, de ce Paris artistique détruit par la drogue (cocaïne, héroïne, sida) mais j'avoue que le sujet m'inspire peu, et voir toute cette famille désarticulée, tous les personnages malades, dépressifs, c'est fatiguant à la longue. Aucun ne semble être capable de vivre une vie normale ou de se battre. Ils se complaisent dans leur malheur. Ce n'est pas ce que j'aime dans un roman. 

Là, où j'ai failli "vomir" c'est lorsque l'auteur enchaine les descriptions de tous les malades au centre du Patriarche, comme si elle devait justifier la présence de chaque personnage dans le roman, ainsi elle présente (les noms m'échappent..) Julia, quarantaine, violée par son papa et donc forcément droguée... Une accumulation de personnages tous échoués dans ce centre, faute à leurs parents pas gentils, à un viol... Moi, j'ai connu des gens tombés dans l'enfer de la drogue qui avaient eu des parents gentils et aucun traumatisme particulier. Mais ici, ils collectionnent les malheurs. Résultat : une vingtaine de personnages dont, finalement, moi lectrice, je me fous totalement, voient leurs petites vies racontées.

Il faudra attendra les dernières pages pour comprendre un peu mieux pourquoi personne ne voudra plus jamais parler de cette période sombre de la la vie de Patrice, père de Denise, dépressive et suicidaire comme son père. Un autre point : on apprend au début du roman que Patrice est décédé, or lorsque Denise interroge sa mère sur cette année 1985, celle-ci lui demander d'aller poser la question directement à son père ..  ?? 

Bref, je ne remets pas en cause la structure originale de ce roman, les flashbacks, les formes inédites (épistolaires) ne me dérangent pas quand elles ont un contenu. Il y a bien un sens, je ne le renie pas. J'ai aimé ce choix original, mais la seconde partie m'a vraiment ennuyée à mourir. 

De plus, je ne me suis attachée à un aucun personnage, Denise est dépressive, naïve et stupide (surtout à la fin), Gérard Lambert est, comme le personnage, profondément égocentrique, et la vie de ces supposés artistes me laisse totalement de marbre, quand à Lucien, le gourou - malheureusement ces centres de désintox holistiques existent toujours et je n'ai rien appris sur leurs méthodes. 

Enfin, sur cette période sombre des années 80, je préfère les Nuits Fauves et la surperbe autobiographie d'Anthony Kiedis, chanteur des Red Hot Chili Peppers, Scar tissue qui raconte sa descente aux enferts avant de remonter vers la lumière. 

J'ai largement préféré et adoré le premier roman de l'auteur. J'espère qu'elle retrouvera son ton incisif et une histoire plus probable dans son prochain roman.