Troisième roman de Kem Nunn, Le Sabot du Diable
prouve une nouvelle fois le talent du romancier californien et son
obsession pour le surf et les légendes. Ici, le lecteur est entrainé à
la recherche de la vague mythique, le dernier spot secret caché en
Californie, de surcroît en territoire indien et donc farouchement
protégé.
Kem Nunn aime ses personnages, la plupart ont connu la gloire jadis (comme dans la Reine de Pomona ou Tijuana Straits) et tentent aujourd'hui de trouver un sens à leur vie. Jake Fletcher n'y échappe pas, photographe vedette de surfers (les meilleurs photos se font à même sur une planche de surf),
le photographe dorénavant drogué aux petites pillules se voit offrir un
contrat en or : rejoindre une star mythique du surf, Drew Harmon, dans
une réserve indienne au nord de la Californie pour immortaliser la star
surfant la plus belle vague.
Évidemment,
rien ne va se passer comme prévu. Les surfers et le photographe vont
très vite se mettre à dos les habitants de la réserve, et leur voyage
initiatique va prendre la tournure d'une chasse à l'homme. Mais la vague
ultime est là, et c'est toujours avec un lyrisme éblouissant que
l'auteur pousse ses personnages à accomplir l'impossible, au péril de
leurs propres vies. Kem Nunn aime les personnages déjantés, ces types
dont l'obsession (pour le surf, la drogue, la gloire) guide chacun de
leurs pas. J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre ces surfers qui ne
vivent que pour la vague ultime, prêts à affronter des renégats indiens
pour connaître cette ultime sensation. Tous courent après le rêve
américain, mais aussi après, comme je l'ai déjà écrit, une forme de rédemption. Un dernier acte. Une sortie digne.
Décidément, Kem Nunn confirme
qu'il est l'un de mes auteurs préférés, il incarne pour moi le
romancier américain sous son meilleur jour, l'Amérique profonde, comme
Bruce Springsteen l'est dans le domaine musical ou Johnny Cash. Un
spécialiste du roman qu'il est difficile de cataloguer. Ici on le classe
en "policier" alors qu'il n'y a pratiquement jamais d'enquête. Son
style lyrique mais aussi profondément réaliste pourra plaire à ceux qui
aiment les romanciers américains férus de nature (Jim Harrisson). Le
lecteur s'attache facilement à ses personnages (mon préféré étant celui
de Tijuana Straits, Sam Fahey et ici le jeune surfer qui a trouvé la foi).
J'avoue
que le surf me fascine toujours, comment un homme peut communier avec
la nature dans ce qu'elle offre de plus magique. C'est électrisant et
fascinant.
Je pique l'idée à d'autres blogs lecture, voici une citation :
Parce que les surfeurs aimaient les histoires. Les grosses vagues et les hors-la-loi. Les excentriques qui avaient réussi, d'une manière quelconque, à vaincre le système, à rester au contact de la vie, alors que d'autres s'installaient à l'intérieur des terres et payaient des impôts.
Vous pouvez aussi lire mes billets sur Surf City et Tijuana Straits . Et j'ai aussi écrit dans un billet quelques lignes sur La Reine de Pomona (lu il y a longtemps).
Mon verdict (complètement subjectif) : ♥♥♥♥♥♥
No comments:
Post a Comment
Note: Only a member of this blog may post a comment.