Sunday, May 31, 2015

Le Testament caché

Roseanne McNulty a cent ans ou, du moins, c'est ce qu'elle croit, elle ne sait plus très bien. Elle a passé plus de la moitié de sa vie dans l'institution psychiatrique de Roscommon, où elle écrit en cachette l'histoire de sa jeunesse, lorsqu'elle était encore belle et aimée. L'hôpital est sur le point d'être détruit, et le docteur Grene, son psychiatre, doit évaluer si Roseanne est apte ou non à réintégrer la société. Pour cela, il devra apprendre à la connaître, et revenir sur les raisons obscures de son internement. Au fil de leurs entretiens, et à travers la lecture de leurs journaux respectifs, le lecteur est plongé au cœur de l'histoire secrète de Roseanne, dont il découvrira les terribles intrications avec celle de l'Irlande. À travers le sort tragique de Roseanne et la figure odieuse d'un prêtre zélé, le père Gaunt, Sebastian Barry livre ici dans un style unique et lumineux un roman mystérieux et entêtant.

C'est en lisant un billet enthousiaste (mais de qui?) que j'ai eu envie de lire le roman de Sebastian Barry. Je l'ai lu sans avoir lu quoique ce soit sur l'auteur. J'apprends donc aujourd'hui en rédigeant ce billet que Barry est acclamé en Irlande pour ses histoires qui font plonger le lecteur dans les années douloureuses et violentes de son pays, où les destins individuels sont broyés par cette histoire nationale. Ici, je découvre qu'il a (de nouveau à ce qu'il parait) plongé dans sa propre histoire familiale, en exhumant le passé de sa grande-tante dont il a puisé la matière pour ce roman. 

Le roman est porté par deux voix : celle de Roseanne, centenaire, internée depuis des décennies au sein de cet hôpital psychiatrique, oubliée de tous et de toutes et celle du directeur de l'hôpital, le Dr Grene, chargé  d'étudier chaque dossier et de voir si certains patients peuvent quitter définitivement cet établissement avant sa démolition.

Mais lorsque le Dr Grene s'attache à retrouver l'histoire personnelle de Roseanne McNulty, il réalise rapidement qu'au fil des ans, les dossiers se sont perdus, les acteurs de son histoire sont décédés et Roseanne elle-même est incapable de lui raconter son histoire. Du moins le pense-t-il, car Roseanne mesure chacun de ses pas, pèse chacun de ses mots et préfère coucher ses souvenirs sur des feuilles de papier qu'elle cache avec soin sous les lattes du plancher. 
Mais le Dr Grene vient chaque jour déterminé à comprendre pourquoi Roseanne a passé plus de soixante ans dans un asile de fous alors que tout lui indique qu'elle est normale. Peu à peu, les langues se délient et il découvre l'impensable. Entre les silences, les non-dits, les mensonges, le Dr Grene parvient peu à peu à recoller les morceaux, avec le peu que Roseanne veut bien lui confier. 

Née pauvre à Sligo, au nord-ouest de l'Irlande, proche du territoire de Belfast, la jeune Roseanne grandit alors que la première guerre mondiale fait rage et que la guerre civile d'indépendance déchire son pays. Son père protestant, dans un pays dominé par les catholiques, est gardien de cimetière. Sa mère, une femme neurasthénique qui ne parle presque plus, passe ses journées enfermée et endette la famille. Roseanne grandit pourtant aimée et protégée par ce père mais la grande histoire les rattrape lorsqu'un soir des jeunes révolutionnaires apportent le corps de Willy Lavelle, tué par balle. Roseanne part charcher le père Gaunt qui accepte d'enterrer le jeune catholique malgré la terreur qui règne à l'époque. Mais les assassins de Willy débarquent et tirent sur les révolutionnaires, deux sont blessés, le troisième John Lavelle, frère de la victime réussit à s'échapper. 

Se répand alors l'affreuse rumeur qu'ils ont été dénoncés par Roseanne. Malgré son démenti, et son jeune âge, 12 ans - le destin de la jeune fille et de sa famille en est irrémédiablement changé. Son père est finalement muté et devient le chasseur de rats communal, puis il est finalement retrouvé pendu alors que Roseanne n'a pas quinze ans. Le père Gaunt vient alors trouver la jeune femme pour lui demander de se convertir à la foi catholique et épouser le nouveau gardien du cimetière, un homme horrible âgé d'une cinquantaine d'années. Pourquoi? Parce que Roseanne a le malheur d'être si belle qu'elle tourne la tête des hommes et porte donc en elle le mal. Mais Roseanne refuse et tombe amoureuse du catholique McNulty...


Je ne vous raconterai pas toute l'histoire, très dense, mais sachez que j'ai aimé la voix de Roseanne qui tente de se souvenir de cette vie gâchée. Je n'ai pas eu le même intérêt pour la récit du Dr Grene qui se penche sur l'échec de son mariage, sur ce sentiment de vie gâchée ou sur ses réflexions sur le système psychiatrique. Il est clair qu'à l'époque,  au début du 20ème Siècle, on y enfermait les fous mais aussi tous ceux qui refusaient d'entrer dans le rang. J'aurais aimé qu'il développe plus cette partie de l'histoire que de s’appesantir sur sa vie personnelle. J'avoue que j'ai lu certains passages en mode rapide. A cette époque, le pouvoir de l’Église catholique en Irlande était terrible et implacable. On a tous entendu parler des pratiques des orphelinats ou des couvents. Il en est de même pour les asiles et le Père Gaunt en est ici le terrible serviteur.

L'histoire de Roseanne prend vie peu à peu sous nos yeux. Destin effroyable intimement lié à l'histoire de l'Irlande, une histoire terrifiante mais passionnante. Une jeune femme modeste dont la vie sera broyée par les évènements qui secouent le pays, en proie à la délation, la suspicion et toujours la jalousie. Roseanne a été marquée d'un sceau de malheur et ne peut s'en défaire. Le talent de Barry est de nous fournir les pièces d'un puzzle qu'il convient de restituer au fur et à mesure avec les mots de Roseanne et les informations recueillies ci-et-là par le Dr Grene. Entre souvenirs et réalité, au lecteur de choisir ce qui lui parait le plus juste. 

Le Testament caché est un magnifique témoignage sur cette période charnière du pays et sur ces vies innocentes qui ont été détruites à cette époque. Roseanne porte en elle un lourd secret qui sera révélé à la toute fin du roman. 

Étrangement, j'ai eu un moment non pas de lassitude, mais d'énervement à l'encontre de cette héroïne à qui il arrive tant de malheurs et qui aurait pu, sans doute à une autre époque, connaître un destin différent si elle avait pris sa vie en main. Car Roseanne, douce et belle, semble accepter tout le malheur et ne cherche jamais à partir ou refaire sa vie ailleurs. A plusieurs reprises, elle aurait pu fuir mais elle semble infiniment liée à Sligo où le fantôme de son père ne cesse de la hanter. Puis j'ai compris que Roseanne avait sans doute hérité du même mal que celui qui rongeait sa mère et qui l'empêchait d'échapper à destin.  Roseanne prend ainsi le même chemin que sa mère et ne s'y oppose pas.

Quant à la chute, la révélation du secret, je l'ai trouvée - superflue. J'avoue que j'en aurais préféré une autre, évidemment je suis ravie de voir dévoiler ce secret mais j'aurais souhaité qu'il soit quelqu'un d'autre. Pourquoi? Je l'ignore, le visage d'Eneas McNulty, la vie de John Lavelle - ces hommes passionnants et passionnés m'ont beaucoup marqués. Je pense que ce coup de théâtre n'était pas vraiment nécessaire. L'histoire de Roseanne vaut à elle seule le coup d’œil. 

Un roman dont j'ai aimé l'intrication avec l'histoire du pays mais pour lequel j'ai trouvé certains passages assez longs et une fin que j'aurais aimé plus simple. 




Éditions Joëlle Losfeld, traduction Florence Lévy-Paoloni, 338 pages



Friday, May 29, 2015

Challenge Canada


Oh la méchante Marie-Claude !! Vile tentatrice avec son challenge Canada

Bon, fort heureusement, il n'y a pas cinquante provinces fédérales comme aux USA mais dix provinces et trois territoires fédéraux (Territoires du Nord-Ouest, Nunavut et le Yukon).

J'avoue, je ne les aurais pas tous trouvés si je n'avais pas lu le billet de Marie-Claude. Pour ma part, je connais le Nouveau-Brunswick grâce à ce fameux Roch Voisine (sacrée référence), l'Ontario pour ses villes Toronto et Ottawa, le Québec évidemment, la Saskatchewan (je n'ai pas habité au Montana pour rien), le Yukon (les chercheurs d'Or), l'Ile de Terre-Neuve (le chien, Annie Proulx et St Pierre-et-Miquelon), la Colombie-Britannique car de Seattle on pouvait être à Vancouver en un rien de temps et enfin Alberta (Edmonton, les JO) ... Les autres, je les connais ...de nom (Nunavut et Manitoba surtout l'aéroport de Winnipeg dont on parle à chaque tempête de neige) et Halifax (la Nouvelle-Écosse!) mais pour les placer, difficile !

En premier, ceux que j'ai volés à Marie-Claude, donc il suffit de cliquer sur le nom de la province pour lire son résumé ou sa chronique du livre Balistique. Pour l'Ontario, j'ai le même auteur mais pas le même livre ;-)



                       Colombie-Britannique*                 Manitoba                         Nunavut                

        


                               Ontario*                           Québec                   Territoires du Nord-Ouest

        



En second, mes trouvailles (dont deux déjà lus et chroniqués : Canada et  Nœuds & Dénouements) :


                                Alberta*                    Nouveau-Brunswick*               Nouvelle-Écosse


      



                             Saskatchewan              Terre-Neuve Labrador                    Yukon*      
  
   

   


Si vous êtes malin, vous aurez remarqué qu'il me manque un territoire : l'Ile du Prince Édouard, comme chez Marie-Claude. J'ai cherché aussi des auteurs (autre que la plus célèbre, vous savez Anne et ses pignons verts... ) et j'ai passé des heures à surfer sur Internet mais à part un ou deux policiers, ou des romans en anglais (cher et à commander sur un site en ligne américain), rien à me mettre sous la dent. Idem pour le Yukon, peu d'auteurs canadiens - la majorité sont français ou américains (comme Proulx) mais le but de ce challenge est bien de nous faire découvrir une région, un lieu et le Yukon porte tellement d'histoire en lui et son meilleur représentant n'est-il pas ce bon vieux Jack London?

Et pour ne froisser personne, lecture en français et en anglais !

Pas de pression, je me dis que pour douze romans, si j'en lis trois par an, ça le fera ...

(* Livres en ma possession)
             

Wednesday, May 27, 2015

Swan Peak

J'ai toujours en tête le visage buriné de Tommy Lee Jones lorsque j'aborde un roman de James Lee Burke mettant en scène Dave Robicheaux.  Cette fois-ci, Dave, son épouse Molly et son ami Clete Purcel ont mis le cap sur le Montana, loin de la Louisiane et surtout loin de l'ouragan Katrina. Swan Peak est l'endroit parfait pour oublier tous leurs soucis et profiter de merveilleux coins de pêches à la mouche. Mais un jour Clete est pris à partis par deux gros bras qui l'accusent d'avoir pénétré dans leur propriété. Le plus troublant étant que l'un d'eux connaît Clete et fait remonter à la surface une sordide histoire où un proxénète était mort dans un accident d'avion dans la réserve de Flathead, tout près d'ici. 

Si Dave Robicheaux veut retourner à ses poissons, Clete ne cesse de croiser la route de ces hommes de main de deux frères Texans, les Wellstone. Le premier ne se déplace jamais sans ses béquilles et des homme de main, et le second a le visage brûlé, défiguré par ses années de guerre. A ses bras, une ancienne chanteuse de country qui ne va pas laisser insensible Clete. 

L'histoire se complique lorsque les corps de deux jeunes étudiants sont trouvés sur la propriété de l'écrivain qui héberge Dave et Clete. La police est alertée et le FBI détache un agent sur place. Dave accepte d'aider le shérif local mais il doit sans cesse surveiller son meilleur ami qui ne cesse de s'attirer les ennuis les uns après les autres....

James Lee Burke a fait de Swan Peak le lieu où tous les ennemis se retrouvent, qu'ils soient originaires de la Louisiane ou du Texas, c'est au Montana que la bataille fait rage. Comme si cette nature somptueuse mais sauvage et impitoyable possédait un pouvoir hypnotique entrainant à la fois le passé, le présent et l'avenir de tous ces personnages en un seul lieu. 

Tous ces hommes convergent en ce lieu comme s'ils étaient victimes d'un sort et si le roman est foisonnant et exige du lecteur de la concentration (une multitude de personnages se croisent au départ), les nuages finissent par s'écarter et tout doucement tout devient clair pour le lecteur. Un moment de lecture extrêmement plaisant et à la fois stressant lorsqu'on réalise que l'apocalypse approche et que rien ne peut l'empêcher. 

James Lee Burke montre ici une autre facette de ses personnages fétiches : un Dave Robicheaux moins posé, plus hargneux et moins tolérant - prêt à en découdre pour aider son ami mais aussi en colère contre ces hommes qui viennent souiller ce havre de paix. Quant à Purcel, que dire ? Sinon qu'il est à fleur de peau et qu'il ne cesse de prendre des risques et de chercher les noises. Il va d'ailleurs les trouver.

Tout autour d'eux gravitent ces hommes de main, ces paumés, ces hommes sadiques dont Burke ne cesse de répéter que la nature humaine ne se contrôle pas et qu'ils trouveront ici ce qu'ils sont venus chercher, la mort, sous-entendu. 

Milwaukee Road 

"Woody Guthrie, à l'époque, était persuadé que ce pays était une immense chanson et Jimmy Dale était persuadé que c'était toujours le cas. Si l'on sautait sur un flatwheeler en route pour l'ouest du Kansas, on pouvait, dans la même journée, voir de silos se découper contre un ciel de tempête, des océans de blé vert s'agiter dans le vent, puis, à l'est du Colorado, des collines couvertes d'armoises, et les Rockies s'élever sur la terre dure dans le scintillement d'un soleil brûlant - bleues et couronnées de neige, bardées de nuages. La même nuit, votre wagon glisserait de l'autre côté du Grand Divide, ses roues bloquées et grinçantes sur des rails rendus sonores par le froid au clair de lune. C'était juste une question de choix. "(p.392)

Mais si Burke signe ici un roman sombre et particulièrement violent, il laisse cependant au lecteur une petite lueur d'espoir en la personne de Jimmy Dale. J'ai été totalement enchantée et envoutée par cet homme métis à l'histoire complexe. Musicien talentueux (Burke n'a jamais autant parlé de musique country), Jimmy est un homme amoureux et c'est son amour qui va le conduire en prison. Envoyé dans une prison privée pour quelques années, il se tient à carreaux en attendant une possible liberté sur parole mais il va croiser la route de Troyce Nix, un gardien, ancien Marine viré de l'armée après le fameux Abou Ghraib. Celui-ci est un homme violent et sadique qui va voir en ce très bel homme un futur héros de ses jeux sexuels pervers. Jimmy va profiter d'une prochaine tentative pour blesser violemment son agresseur et s'enfuir vers le Montana. Lancé à sa poursuite, Troyce Nix va croiser la route d'une femme Candace, qui va peu à peu lui redonner son humanité. 

Jimmy Dale retrouve ici les terres de ses ancêtres et va mener un combat solitaire - contre ces hommes qui lui ont pris sa femme mais aussi contre lui-même, est-il un assassin ? Ou un homme bien pris à parti? Burke va s'interroger sur cette violence qui gangrène les hommes, y-a-t-il un moyen d'en échapper ? Une forme de rédemption est-elle possible ? Et Burke surprendra sans doute quelques lecteurs à la fin. 

"Mais sil y a une plus grande leçon à tirer ce qui s'est passé dans la clairière, c'est sans doute le simple fait que les véritables gladiateurs du monde sont d'origine si humble et d'apparence si banale que si on fait la queue derrière eux dans une épicerie, on peut pas devenir à quel point le feu de leur âme peut éclairer les ténèbres "(p. 548)

James Lee Burke a écrit ici un roman puissant, violent mais passionnant comme les terres humides de Swan Peak.  Ces routes sinueuses qui traversent les Rocheuses, vous entrainent vers Coeur d'Alène, ou Missoula .. j'ai eu la chance de les emprunter à plusieurs reprises. La nature y est majestueuse, elle vous entoure de ses arbres immenses, vous enveloppe d'une brume et vous plonge dans une atmosphère étrange. Burke sait parfaitement la retranscrire. 

Ce roman (presque 600 pages) est encore une ode formidable à la nature. Décidément, le Montana ne laisse personne indécis. Même si j'avoue que j'ai de nouveau envie de retrouver ce bon vieux Robicheaux en Louisiane.

J'ai partagé cette lecture avec Hélène du blog Lecturissime. Filez-voir son billet ! J'ai hâte de le découvrir également. 



Editions Rivages, Noir, traduction Christophe Mercier, 557 pages

Monday, May 25, 2015

Les mains rouges

Copenhague, 1977. Un jeune étudiant travaille à la gare centrale lorsqu'il croise la route d'une jeune femme, Randi, de retour d'Allemagne. La jeune femme, très belle, lui demande un service quelque peu inhabituel : l'héberger quelques jours le temps qu'elle se retourne. Il accepte, troublé par sa beauté et son mystère. Il la retrouve tous les soirs après son travail, les deux jeunes gens se promènent ensemble et vont au cinéma. Un matin, il trouve par hasard son passeport et découvre qu'elle lui a menti sur son nom. Mais la jeune femme disparait, lui laissant la clé d'une consigne à la gare. A l'intérieur un sac plastique rempli de billets de banque. Le jeune homme envoie de manière anonyme la clé de la consigne à la police et reprend sa vie. 

Quinze années ont passé lorsqu'il l'aperçoit un soir dans un magasin. Il ressent alors un besoin viscéral de la suivre et découvre qu'elle vit en banlieue et est mariée à un homme d'affaires. Il finit par reprendre contact avec elle, leur histoire ayant toujours eu comme un goût d'inachevé. Sonja va pouvoir confier à cet homme presqu'inconnu cette partie de son passé restée secrète pendant toutes ces années. Une histoire à la fois personnelle et universelle. Issue d'une famille modeste et désunie, elle fuit dès l'âge de 18 ans un village danois et accepte un poste de jeune fille au pair à Francfort où elle apprend l'allemand. A l'issue de son séjour, désœuvrée, elle rencontre par hasard Thorvald, un jeune allemand qui la fascine et qui va l'introduire dans un groupuscule d'extrême gauche (nous sommes en 1977). 

La jeune Sonja, totalement dénuée de conscience politique, se cherchant un avenir, va accepter de participer à quelques activités du groupe sans y réfléchir plus que ça. Après une dernière mission, la jeune femme retourne à Copenhague de manière précipitée. Elle décide de tourner la page et mène une vie bourgeoise. Mais la vie la rattrape lorsque le procès de Thorvald et d'Angela s'ouvre en Allemagne, plus de vingt ans après les faits....

Je n'avais jamais lu de roman de Jens Christian Grøndahl et je réalise là ma grande erreur ! Je découvre à la fois un immense auteur, dont le style vous accroche et vous empêche de lâcher le livre et le talent d'un homme pour mélanger grande et petite histoire. Sans jamais porter de jugement, il explique ainsi les errances humaines, les doutes et la faillibilité de l'être humain.

J'ai lu le roman en une journée, incapable de le reposer. L'auteur danois s'exprime clairement, distinctement - il possède ce don scandinave qui est de pouvoir exprimer en si peu tant d'idées, de sentiments, tant de choses. Grøndahl vise et frappe juste. 

J'avoue que cette période de l'Histoire m'a toujours fasciné,  j'ai vu les films évoquant cette époque cruciale pour l'Allemagne, mais aussi l'Italie. La bande à Baader, Carlos...  Ici, le romancier ne cherche pas à juger ces groupuscules révolutionnaires (souvent à l'origine d'enlèvements ou de meurtres crapuleux) mais à comprendre comment de jeunes étudiants, issus de familles normales, peuvent du jour au lendemain plonger ainsi dans l'extrémisme. Et comment ils peuvent surtout justifier leurs actes au nom de la souffrance d'autres peuples. Finalement, en tapant ces mots, je réalise que le sujet est toujours d'actualité aujourd'hui. Mais à l'époque, cet engagement n'était lié à aucune religion et les jeunes refusaient d'ailleurs toute forme d'obéissance aveugle en un culte.

Vous aurez compris : un nouveau roman coup de cœur et la découverte d'un très grand romancier. J'avoue que j'ai grand hâte aujourd'hui de découvrir ses autres romans. 


Gallimard, Traduction Alain Gnaedig, 208 pages. 

Saturday, May 23, 2015

La princesse des glaces

A Fjällbacka, il n’y pas de rideaux aux fenêtres. Ce n’est pas qu’il n’y à rien cacher : c’est que tout le monde regarde ailleurs. Ce qui permet à certains secrets de rester enterrés pendant des décennies. Mais quand ils refont surface, personne n’en sort indemne. Personne

Erica Falck, biographe suédoise revient dans sa ville natale, Fjällbacka après le décès de ses parents. Elle a quitté la ville pour la capitale suédoise à l’âge de vingt ans et a perdu de vue ses amis d’enfance, dont Alexandra Wijkner, née Calgren. Erica se rend chez elle et découvre Alex décédée, immergée dans sa baignoire. Très vite, la thèse du suicide est écartée. Alex a été droguée avant d’être noyée. Erica accepte d’écrire l’histoire de son amie à la demande de ses parents. Elle retrouve son ami d’enfance, Patrik, devenu policier et chargé de l’enquête. Peu à peu, Erica déterre secrets après secrets. 

En premier, je dois expliquer que j’avais essayé de lire un roman signé Camilla Läckberg  il y a un ou deux ans (j’ai oublié le titre) mais je m’étais très rapidement ennuyée et surtout je n’avais pas du tout accroché au style. J’avais donc passé mon chemin. Y revenir via le roman graphique est inhabituel. C’est dans le cadre du challenge Prix Cézam de la BD que je me suis retrouvée avec son roman Princesse des Glaces.

En premier lieu, je dois dire que c’est la première fois que j’ai eu le sentiment de me plonger longtemps dans un roman graphique (125 pages),  moi qui reproche toujours d’avoir fini ma lecture en dix minutes. Ce fut très agréable. Comme le dessin d’Olivier Bocquet  que je découvre ici. Nous voici ici en Suède où il neige, le froid domine et pourtant le dessinateur a su opter pour des couleurs chaudes, un choix original et agréable lorsqu'il représente des souvenirs heureux. Un vrai travail sur le dessin mais en laissant place à l'histoire.


L’histoire, très intéressante, m’a fait penser un peu à Millenium - une famille de notable extrêmement riche, une histoire de pédophilie, une disparition inquiétante et surtout ce thème cher aux romanciers : les secrets de famille. 

Même si je trouve la chute un peu trop facile (et quelque peu amorale, pas la fin mais l'histoire comme voir ainsi les parents accepter de taire l’invisible), j’ai cependant passé un bon moment. J'ai aussi compris que j'aime vraiment les romans graphiques qui correspondent mieux à mon insatiable voracité de lectrice ;-)


Ma note : 7/9 (je ne sais pas si j'ai bien compris le système de notation)

Thursday, May 21, 2015

Enfants de poussière

Grand Esprit, garde-moi de critiquer mon 
voisin
tant que je n'ai pas marché une heure durant
dans ses mocassins

                        Vieille prière indienne



Absaroka, dans le Wyoming, est le comté le moins peuplé de l'Etat le moins peuplé d'Amérique, aussi y découvrir le corps d'une jeune Asiatique est plus que déconcertant. Le coupable paraît tout désigné quand on trouve, à proximité de la victime, un colosse indien frappé de mutisme en possession du sac à main de la jeune femme. Mais le shérif Walt Longmire n'est pas du genre à boucler son enquête à la va-vite. D'autant que le sac de la victime contient une vieille photo de Walt prise quarante ans plus tôt, et qui le renvoie à ses souvenirs de la guerre du Vietnam.


Craig Johnson réussit à mélanger présent et passé au gré de deux enquêtes, l'une située dans une ville fantôme du Wyoming et l'autre dans les boîtes de nuit de Saigon en temps de guerre. Walt Longmire va ainsi mener son enquête sur la mort de la jeune femme asiatique, trouvée dans un fossé le long de la route tout en revivant mentalement son passé d'enquêteur pour la police navale militaire à Saigon. 

J'avoue qu'au départ, j'étais un peu déconcertée par ce choix narratif (qui s'identifie aussi au niveau de la forme par une police différente) mais très vite j'ai plongé dans les deux histoires avec le même intérêt. Walt, rajeuni, plongé dans la salle guerre où très vite il réalise que l'ennemi n'est pas celui qu'il croit et où il reviendra profondément marqué. 

Mais le plaisir immense procuré par ce roman c'est de découvrir qu'il y a quarante ans, dans le fin fond de la jungle vietnamienne (ou laotienne) Walt pouvait déjà compter sur son meilleur ami, Henry Standing Bear (Ours Debout). Mon chouchou. Oui, j'avoue je ne suis pas très objective quand il apparait.

La Nation Cheyenne, tel est son surnom, veillait déjà sur lui. Comme il veille toujours quarante ans plus tard sur son ami shérif et sa fille, Cady, en pleine convalescence à l'hôpital avant de repartir à Philadelphie. Walt n'arrive toujours pas à établir une relation simple avec sa fille et peut compter sur son meilleur ami l'accompagner.

Lorsque deux vieux frères paysans découvrent sur leur propriété le corps inerte d'une jeune femme asiatique, l'enquête commence pour Walt. Ils se rendent dans le seul bar à la ronde de Powder Junction, le Wild Bunch. A son bord, un jeune barman Philip Maynard, nouveau dans la région et un quinquagénaire asiatique, Tran Van Tuyen, Californien. Les deux hommes vont tour à tour témoigner et l'homme âgé va identifier la victime comme sa petite fille, Ho Thi Paquet, mais Walt doute de leurs témoignages. Encore plus troublant,  Walt trouve une photo de lui, jeune militaire, dans le portefeuille de la victime. L'enquête va prendre un nouveau tournant.

Mais il lui reste à deviner qui est ce mystérieux colosse de 2m10, un indien Crow, identifié ainsi par les motifs sur ses mocassins (le titre original du roman est Another man's mocassins), trouvé tout près du corps et qui refuse de parler mais menace de faire vaciller les barreaux de sa cellule s'il est laissé seul une minute. Alors Ruby, Vic Moretti, Double Tough ou Frymire vont se succéder les uns après les autres, nourrissant le colosse de dizaines de tourtes ou de pizzas. C'est finalement une partie d'échecs entre Walt et Lucien, l'ancien Shérif qui poussera le colosse à sortir de sa torpeur. Virgil White Buffalo, tel est son nom partage avec Walt son passé de militaire au Vietnam mais aura passé pour sa part le reste de sa vie entre la prison et l'hôpital psychiatrique. 

Un de mes passages préférés du livre est lorsque le neveu et le fils de Virgil White Buffalo, viennent l'identifier. Car le colosse possède comme seul identifiant avec lui un sac médecine Crooked Staff/ et Crzay Dogs, des clans Crow. Le lecteur en apprend alors plus sur l'histoire et surtout les croyances des Crow, des Cheyenne - et ainsi c'est en langue crow, cheyenne ou lakota que s'expriment ces trois colosses. J'aime toujours autant lorsque Craig Johnson s'attarde sur les croyances et les histoires des différentes tribus du Wyoming et les promesses jamais tenues du gouvernement américain à leur égard. 

Copyright 

L'histoire de l'Amérique est doublement présente ici avec la ville fantôme de Bailey, à proximité du fameux Hole in the Wall où le Wild Bunch (la Horde Sauvage) de Butch Cassidy et Sundance Kid venaient se réfugier après leurs braquages. C'est donc dans ce lieu très chargé que se joue la majorité de l'enquête concernant cette jeune femme asiatique, une enfant de poussière

L'intrigue peut sembler paraître complexe et je préfère ici ne pas en dire trop, mais sachez qu'elle est très prenante et que j'ai dévoré le roman en une soirée et une après-midi. 

Walt ne peut s'empêcher de sentir toujours une présence autour de lui lorsqu'il met les pieds à Bailey. Les fantômes l'accompagnent-ils ?  Cette ville devenue fantôme à la suite d'un drame arrivé il y a cent cinquante ans sera le lieu où vont se retrouver tous les personnages principaux du roman, comme dans les western de mon enfance où le shérif affrontait les méchants dans la rue principale d'une bourgade de l'Ouest, ou lorsque le Wild Bunch faisait son apparition. Du bon, encore du bon avec Craig Johnson.



Editions Gallmeister, Collection Totem, traduction Sophie Aslanides, 370 pages.

Tuesday, May 19, 2015

Une odyssée américaine


Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas croisé la route de Jim Harrison.  Puis j'ai lu quelque part une référence à ce livre en particulier : Une odyssée américaine (The English major). J'ai donc accepté de m'embarquer avec Cliff, ce fermier poussé à la retraite, qui du jour au lendemain décide de prendre la route à la découverte des cinquante États américains avec l'idée saugrenue de les renommer

Cliff, la soixantaine, a vu son épouse Viviane le quitter après quarante ans de mariage. Celle-ci, promoteur immobilier à succès s'ennuyait avec son mari, éleveur de bétail dans le Michigan. L'ancien prof d'anglais  avait tout plaqué au bout d'une quinzaine d'années d'enseignement pour se lancer dans l'élevage du bétail, sans doute plus à l'écoute de sa passion naturaliste. Mais au départ de sa femme, celle-ci vend la ferme et le voilà divorcé et sans maison. Cet amoureux de Thoreau et d'Emerson décide d'organiser son propre retour à la nature. Sa lubie ? Emporter un puzzle représentant les cinquante États et à chaque fois qu'il franchit une frontière, il se débarrassera de la pièce correspondante.  Très rapidement, son projet initial prend l'eau - d'abord parce qu'il embarque avec lui une des ses anciens élèves devenue sa maitresse Marybelle (47 printemps et mariée) qui lui fait faire de multiple détours et lui prend pas mal la tête (mais lui permet de soulager une libido en pleine forme, la nouvelle crise de la soixantaine?) et parce que Cliff ne sait pas trop lui-même où il en est. Il décide finalement d'aller voir son fils Robert, un producteur hollywoodien homosexuel dont il s'est toujours senti très éloigné mais qu'il préfère gay à républicain (je ne pouvais pas ne pas citer cette phrase).

"Comme le siège avant était brûlant, elle a fait "aïe" puis elle s'est agenouillé en tournant vers moi son derrière seulement vêtu du bas de son bikini, et a étendu sa chemise et son jean pour protéger sa peau du siège brûlant (...) Bref, ma serveuse m'a rappelé une version plus âgée de cette fille, et voilà pourquoi mon asticot s'est agité quand elle a nettoyé la tache de sauce tartare sur ma chemise neuve". (p.23)

Cliff, le narrateur, nous emmène donc dans un voyage ponctué de rencontres cocasses, de scènes de sexe assez amusantes et nous laisse avec les réflexions, les souvenirs et les émotions de cet homme dont je me suis sentie, malgré la différence d'âge, de culture et de sexe (sa libido est impressionnante mais très drôle) assez proche. Car Cliff a un regard très pertinent sur le passé et sur ce qu'on fait de sa vie ou du moins comment on l'a rêvée et à quoi la réalité nous ramène tous. 

L'autre face de ce roman qui en fait une véritable odyssée américaine sublime est cette ode à la nature, à l'Amérique sauvage, aux espèces animales, aux oiseaux, aux rivières. J'ai adoré ce road trip et retrouver la passion de Jim Harrison pour son pays, ses paysages, ses rivières, son histoire. Lorsque Cliff voit pour la première fois l'océan Pacifique, le lecteur est avec lui, à chaque pas.  On redécouvre l'Amérique en la compagnie d'un homme qui en profite pour réfléchir à sa propre histoire. Car Cliff symbolise tant d'histoires humaines, celles de ceux ayant un jour été quittés, celles de ceux ayant trompé, celles de ceux s'étant trompés, ceux qui ne semblent plus adaptés à la vie moderne (Cliff et ce maudit téléphone portable payé par son fils). Cliff est un rubik's cube dont chacun peut s'identifier à une ou plusieurs facettes.

"Soudain j'ai eu un incroyable coup de chance : un loriot de Scott à tête jaune et noire s'est posé sur une branche de pin, juste au-dessus de moi. Nous n'avons pas de loriot dans le Michigan mais je le connaissais grâce aux cartes Audubon que je collectionnais au cours élémentaire. J'ai levé les yeux vers ce oiseau qui baissait les siens vers moi. Certains moments de la vie sont vraiment beaux, ai-je pensé. J'étais donc allongé sur le dos dans une forêt inconnue tandis qu'une pulsation battait par intermittence sous mes côtes, et voilà que pour me tenir compagnie arrive un oiseau aussi jaune que du soleil liquide". (p. 141)

J'ai adoré Cliff surtout lorsqu'il parle avec émotion de sa meilleure compagne, qui ne fut pas Vivian mais son chien Lola. Celle-ci l'accompagnait partout et semblait pouvoir lire dans ses pensées. Vous ne serez donc pas surpris de découvrir que son épouse était jalouse du chien. Et que, moi-même heureuse propriétaire d'un canidé, je comprenne tout à fait cette passion inappropriée pour un animal ;-) 

"Elle aimait aussi écrire que mon père décédé aurait voulu que je réussisse, alors que lui n'avait jamais parlé de ce genre de chose, sinon pour dire que les gens qui réussissaient n'avaient pas une minute à consacrer aux activités essentielles de la vie, telles que la chasse, la pêche, la gnôle et les balades dans les bois" (p.222)

N'hésitez donc pas une seconde avant d'embarquer avec Cliff dans ce road trip très amusant tout en étant instructif, émouvant et passionnant. L'Amérique telle que les amoureux du nature writing l'aiment. Telle que je l'ai aimée, et que je continue de l'aimer à chaque road trip que j'effectue. Il n'y a pas à dire, ce cher Jim m'avait vraiment manqué ! Vous y apprendrez beaucoup sur la vie et sur votre propre histoire et vous serez en excellente compagnie, enfin une fois Marybelle débarquée !

Et au final, Cliff aura tenu sa promesse ....

Alabama : Chickasaw
Alaska : Kolyukon
Arizona : Apache ...








Éditions Flammarion, traduction Brice Matthieussent, 317 pages

Monday, May 18, 2015

Le muret

C'est toujours dans le cadre du challenge Prix BD Cézam 2015 que j'ai trouvé dans mon courrier le roman graphique Le Muret.

Céline Fraipont, Belge, a signé le scénario et Pierre Bailly, dessinateur BD, auteur de nombreuses collaborations s'est emparé du dessin en choisissant cette fois-ci un travail exclusivement en noir et blanc. 

Les auteurs ont choisi de nous faire remonter le temps en situant l'histoire de Rosie, 13 ans en Belgique en 1988. Ici point d'ordinateur, de smartphone ou d'iPod. 

Rosie  mène une vie paisible auprès de sa mère et de son père, homme d'affaires toujours en voyage, et de sa meilleure amie Nath'. Tout bascule lorsque sa mère décide de fuir le domicile conjugal pour suivre un homme à Dubaï. La jeune Rosie de retrouve alors abandonnée à elle-même. Elle passe beaucoup de temps auprès de sa meilleure amie, et de la famille de celle-ci et les deux meilleures amies s'adonnent aux 400 coups : l'école buissonnière, la cigarette, l'alcool, les sorties en night-club. Mais les parents de Nath' lui interdisent de la fréquenter. Rosie sèche de plus en plus les cours et commence à boire (du whisky) en grande quantité.

Peu à peu, Rosie s'isole de tous. Elle ne voit plus Nath', à qui elle reproche d'avoir un petit ami.  Rosie croise un soir, assise sur un muret, un jeune garçon âgé de 16 ans qui la séduit. Tous deux sont seuls dans la vie et vont unir leur solitude. Une belle histoire d'amour nait.  Mais tout n'est pas rose, pour survivre, il vole dans les lieux de stockage des supermarchés et deale du shit. Rosie le suit dans ses petits vols et finit par faire un malaise en boite de nuit après avoir ingéré de l'ecstasy et fumé de la colle.



Je n'en dirais pas plus... L'histoire prend alors une autre tournure .... que je vous laisse découvrir. C'est un roman graphique écrit tout en pudeur, très beau, sombre mais lumineux. Une très jolie découverte. J'aime beaucoup le travail en noir et blanc et les visages de Rosie ou son petit ami sont superbes.

C'est intéressant de situer l'historie en 1988 parce qu'on réalise que concrètement pas grand chose n'a changé, ce portrait de l'adolescence est très fidèle à la réalité (d'hier et d'aujourd'hui). Cette période cruciale est ici très bien abordée et tous les sentiments qui se bousculent dans nos têtes (l'envie de plaire, d'être aimé, d'être dans un groupe) et puis les questions sur soi, sa personnalité, son avenir. Tout y est abordé par des touches simples et justes.

J'ai passé un très joli moment en compagnie de Rosie, qui m'a rappelée ma propre adolescence et ce sentiment d'être parfois seul au monde ou incompris. 

 Un vrai coup de cœur.  Note : 8/9

Friday, May 15, 2015

Programme de lecture printanier (mise à jour)

Petit changement de cap involontaire dans mon programme de lecture printanier.

Je m'explique : on peut réserver jusqu'à trois livres au réseau municipal de bibliothèques et médiathèques de ma ville (ce réseau s'appelle BM et j'utiliserai ce terme sans doute à l'avenir car c'est trop long à écrire). Ils vous annoncent alors une date de disponibilité. J'avais donc réservé trois livres : le recueil de nouvelles de Russell Banks, la BD Sunny et un livre de Kent Haruf. Jusqu'ici, tout a toujours marché, je reçois un e-mail m'indiquant que le livre est disponible. Mais là, le temps passant et ne voyant rien venir, je suis revenue et voilà que les dates ont changé.. sautant un bon mois pour se retrouver en juin et plus rien pour Sunny. J'ai donc annulé cette réservation.

Déçue de ne pas pouvoir les découvrir ce mois-ci, j'en ai pris mon parti et j'ai décidé de les remplacer. Samedi matin, je suis donc allée retourner mes derniers emprunts, ayant en tête quelques noms d'auteurs qui pourraient me convenir. Voici donc les nouveaux romans qui viennent compléter mon programme, en premier les emprunts :



C'est un hasard par contre si le roman australien de Jeremy Chambers, Le grand ordinaire est reparti dans mon sac. J'ai aperçu la tranche et j'ignore pourquoi, je l'ai sorti de la rangée de livres.  Ici on suit la vie des saisonniers pendant la saison viticole. Une vie de dur labeur où le seul réconfort est une bonne rasade de whisky le soir dans le pub local. Un roman pas très joyeux mais qui m'a vraiment attiré.

Sinon, Les mains rouges de Jens Christian Grøndahl. Pourquoi ? La faute à Céline qui a exprimé son récent coup de cœur pour le dernier roman de l'auteur danois et j'ai découvert que tous ces livres étaient répertoriés à la BM. Je suis allée à ma bibliothèque de quartier et j'en ai trouvé deux et j'ai opté pour ce roman qui suit le parcours d'une jeune femme de 1977 à nos jours, embarquée pendant un temps dans un groupuscule révolutionnaire. Apparemment, tous ceux qui ont lu cet auteur deviennent accro, j'espère le devenir également !


J'ai hésité à le prendre, parce que mon programme est déjà bien chargé et que ce livre pèse une tonne. Mais j'en entends parler depuis un an (en bien et moins bien) et que curieuse j'avais très envie de me faire ma propre opinion du roman de Philipp MeyerLe fils.

Je connais une personne qui va sourire car ici on suit une vaste fresque familiale texane, de 1850 à nos jours. Le patriarche McCullough, fondateur de cet empire,  son fils, marqué à jamais par ce père tyrannique et sa petite-fille forment à eux trois une vraie dynastie de l'Histoire de l'Amérique.

Croisons-les doigts pour que je l'aime !


Enfin, je ne peux pas entrer dans une bibliothèque sans passer par la case Joyce Maynard - et comme Marie-Claude a eu la bonne idée d'inscrire son roman, Les filles de l'ouragan dans son challenge 50 États 50 romans, et que j'ai fait de même, je n'ai pas pu résister en le voyant (il y avait trois livres signés Maynard).

J'ai hésité car je suis déjà bien chargée niveau lecture mais voyant que j'ignorais combien de temps il serait disponible, j'ai craqué.
Tu me pardonnes, Marie-Claude ? Je peux prolonger l'emprunt d'un mois donc jusqu'à fin juin. 


Côté challenge pour le Prix des Lecteurs Nantais, je n'ai pas lu L'oubli d'Emma Healey pour la bonne raison qu'une amie a eu la délicatesse de me raconter toute l'histoire dont la fin. Bref, plus de suspense et le sujet abordé (la maladie d'Alzheimer) ne résonne que trop familièrement chez moi. J'ai donc passé mon chemin. Il me reste encore deux ouvrages à lire dans le cadre du challenge.

Gênée de ne pouvoir l'échanger derechef, la demoiselle m'a proposé de piocher parmi d'anciens ouvrages et surprise je suis tombée sur un exemplaire du Testament Caché de Sebastian Barry que j'avais mis dans ma wishlist et que je savais en catalogage à la BM depuis peu. Je n'ai pas pu résister.



Également, je repars avec sous le coude une nouvelle bande-dessinée dans le cadre du challenge Prix BD Cézam 2015. J'ai retourné Le Muret dont une chronique va paraitre très prochainement (lecture coup de cœur) et je suis repartie avec La Princesse des glaces (Bischoff-Bocquet), roman graphique adapté du roman éponyme de Camilla Läckberg.

Il est assez imposant mais je suis curieuse et ça me détendra (enfin j'espère!). J'ignore si certaines personnes ont lu ce roman graphique. J'ai tenté de lire un roman de Camilla Läckberg, mais je n'ai pas du tout adhéré au style. Vraiment pas. Était-ce un problème de traduction? J'avoue : je trouvais ça moyennement écrit.



Mon tout dernier livre vient tout droit de ma PàL (yes!), et le titre vous parlera immédiatement : A l'ouest rien de nouveau. Ce livre, devenu au fil des ans un plaidoyer pour la paix fut écrit par Erich Maria Remarque, qui s'inspira de sa propre vie. Im Westen nichts Neues paru en 1929 connut un succès mondial. Mais l'année 1930, année de l'adaptation cinématographique américaine du roman coïncide avec l'arrivée des Nazis. L'auteur devra s'exiler en Amérique en 1939 pour finalement s'installer en Suisse où il décèdera en 1970.
J'en suis à la moitié et je pense le finir ce soir. Une lecture pas facile mais passionnante et merveilleusement bien écrite.

Bref, il était temps de découvrir cette œuvre majeure de la littérature allemande. Après avoir vu l'excellent film Le labyrinthe du Silence, je suis donc de retour encore une fois en terre germanique.

De mon programme initial, me restent à lire : Frank Sinatra dans un mixeur, Swan Peak (LC le 27 mai), La chorale des maîtres bouchers et Once upon a river.
Soit un total de 9 livres et un roman graphique.

Je vous rassure : je ne m'impose pas d'ordre de lecture et je peux garder deux mois les livres, donc je pense que je vais prolonger ce programme jusqu'à fin juin, à moins de connaître une grosse crise de boulimie livresque (ce que j'adore) qui me permettra d'en avaler deux ou trois en un week-end.

Pour information, je pars passer quelques jours en bord de mer. Donc si le temps est moyen, ça peut marcher ! J'ai prévu d'emporter cinq livres.