Wednesday, January 28, 2015

Les bisons de Broken Heart

Une première pour moi : j'avais annoncé l'écriture d'un billet sur Les Bisons de Broken Heart de Dan O'Brien dans un billet du 8 mai 2014 et je me souviens même l'avoir rédigé, puis il a soudainement disparu. C'est en mettant à jour ma pile à lire ces jours-ci que j'ai pris conscience de cette erreur que je tiens à corriger aujourd'hui.

Je préviens le lecteur : j'ai toujours été fascinée par ces animaux depuis mon enfance, j'ai d'ailleurs toujours rêver d'en posséder, et j'ai eu la chance, en vivant au Montana de les croiser de très près. Puisque je ne désespère pas de réaliser mon rêve un jour, je me suis précipitée sur cette œuvre assez atypique puis que biographique. 

Le romancier Dan O'Brien partageait le même rêve, d'abord reprendre le ranch familial et l'élevage de bétail au pied des terres indiennes de Sitting Bull mais au fil des ans, l'idée de passer à l'élevage de bisons germe dans un coin de son cerveau. L'animal mythique (souvenez-vous de Danse avec les Loups, Tatanka) a presque totalement disparu des terres du Grand Ouest.

Rappelez-vous que l'animal a été pratiquement exterminé du sol américain par la chasse intensive des chasseurs de bisons qui revendaient uniquement la peau de l'animal, laissant des milliers de carcasses pourrir à même sur les terres de l'Ouest. De plus de 50 millions, ils n'en restaient plus que 750 en 1890, lorsqu'enfin l'espèce fut protégée. La majorité des bisons dont la population est estimée aujourd'hui à 350 000 bêtes vit dans des zoos, des parcs , des réserves naturelles et enfin les bisons d'élevage dont il est question ici. La majorité des bisons seraient issus de croisement avec d'autres bovins, seule une dizaine de milliers d'animaux seraient génétiquement purs. Mais revenons au récit.

L'auteur va se lier d'amitié avec un des primo éleveurs qui va lui apprendre également que l'écosystème a été totalement détruit par des années de culture intensive et d'élevage bovin.

La prise de conscience, non seulement de l'importance de la préservation de l'écosystème mais aussi du respect de l'environnement vont amener une poignée d'hommes à réfléchir à se lancer dans l'élevage de cet animal puissant et noble dans les années 70 et 80.

Le récit de Dan O'Brien raconte avec passion cette période charnière entre une Amérique vorace qui stérilise ses terres par la culture et l'élevage bovin intensif et celle qui prend peu à peu conscience des effets désastreux de sa politique agricole et se tourne alors vers une culture biologique axée sur la préservation de l'environnement.

http://knowledgeandlight.com/blog/
Copyright Knowledegeandlight

Puis le romancier se penche sur les aspects techniques qui peuvent parfois dérouter le lecteur. Ainsi, pour retrouver ce sol nourrissant après des années d'élevage intensif et de monoculture, il faut compter des années. Le bison, animal nomade participe à la régénération du sol.

La deuxième partie du livre permet au lecteur de vivre avec plaisir et émotion l'arrivée des premières bêtes, des jeunes bisons, en plein hiver glacial et enneigé, et découvrir la puissance et la résistance exceptionnelle de ces animaux légendaires.

Ayant eu la chance de vivre au Montana, je suis souvent allée au parc de Yellowstone.  Je me souviendrais toujours de ma première fois, lorsque nous patientions sur la route à l'entrée du parc, et qu'un troupeau a emprunté la même route, entourant nos véhicules. Nous étions tous ébahis, moi à l'avant, voyant les animaux passer à 20 cm de moi !

Une autre fois, le réveil matinal fut exceptionnel. Alors que le soleil faisait timidement son apparition, la voix d'un ranger nous a réveillé - nous dormions sous des tentes en pleine forêt. En sortant de la tente, nous nous sommes retrouvés au milieu d'un troupeau de bisons, le ranger nous indiquait l'emplacement du mâle alpha et nous invitait à ne pas bouger. Ce dernier pouvant charger à tout moment pour protéger le reste du troupeau. Un silence s'est imposé naturellement, la brume matinale entourant ces animaux sublimes, un souvenir que je chéris énormément.

N'hésitez pas donc à vous procurer ce roman initiatique, didactique et qui vous prouvera qu'il y a encore, en Amérique, des amoureux de la terre et de ses créatures fantastiques. 


 

Monday, January 26, 2015

La lettre à Helga


J'ai pris ce livre par hasard je l'avoue, à la bibliothèque de mon quartier. J'aime généralement les choix de publications des éditions Zulma et l'histoire de ce petit ouvrage m'a attirée. 

Bjarni Gislason de Kolkustadir est un vieil homme dont le neveu vient le chercher à la maison de retraite pour l'emmener passer l'été dans sa ferme. De sa fenêtre, le vieil homme se remémore son passé en entamant une lettre à l'attention d'Helga, l'amour de sa vie. Les deux amants, chacun marié de leur côté, eurent une liaison torride d'où naquit un enfant. Bjarni ne raconte pas uniquement cette histoire, mais celle de son pays l'Islande, et plus particulièrement une région méconnue où l'homme et la nature ne faisaient qu'un. 

Le vieil homme se souvient de cette époque aujourd'hui disparue, où comme contrôleur de foins et éleveur de moutons, il connaissait tous les habitants, les fermes, les meilleurs mâles reproducteurs, mais aussi les parties de pêches solitaires. Cette époque où les gens étaient profondément liés à la terre, à la nature et récitaient contes et légendes islandaises.

Au fil des pages, le lecteur voit Bjarni se souvenir de son mariage malheureux. De la douleur de son épouse, Unnur, infertile après une opération ratée dans un monde où le rôle primordial de la femme étant d'enfanter. Cette dernière, dont le corps a été à jamais meurtri, se refuse à son époux qui va alors se rapprocher d'une autre femme, Helga. La magnifique Helga

"Hier j'ai pris ma canne et suis allé me promener sur mes vieilles jambes foutues. Je me suis couché dans l'herbe entre les Mamelons d'Helga, comme je l'ai fait si souvent. Au sud, de gros nuages se déplaçaient vivement et de la lumière filtrait des cumulus. C'est alors qu'un merveilleux rayon de soleil a transpercé les nuages pour se planter sur moi et aux alentours, pour ne pas dire sur nous".  

J'ai lu très vite ce roman, j'aime beaucoup l'Islande et la vie âpre et rude de ces éleveurs m'attirait. Mais, j'avoue que les dernières vingt pages ont failli me faire bouillir. 

Oui, car le vieux Bjarni, nonagénaire est pétri de remords. Lorsqu'Helga découvre qu'elle est enceinte, elle lui propose de quitter la région et d'aller s'installer en ville à Rekjavik pour fuir les ragots et s'aimer enfin au grand jour. 

Mais il refuse, incapable de quitter cet endroit, de quitter ces vallées, de quitter ses moutons. Il fait donc le choix de renoncer à l'amour de sa vie, mais de renoncer également à cet enfant. Or, dans sa lettre, il fait entièrement reposer la faute sur Helga. Ses propos m'ont fait bondir, je l'avoue. J'ai reconnu ici toute cette génération d'hommes, lâches, incapables d'assumer leurs choix ou leurs erreurs.

Pas un instant, il ne peut comprendre qu'Helga n'aurait jamais pu quitter son époux, dans une vallée, où les rumeurs vont bon train, où chaque mouvement est épié. Elle aurait été rejetée par la communauté et rester aurait été pour elle comme pour ses enfants accepter de vivre un enfer. 


Rassurez-vous, le vieil homme finit par avouer sa lâcheté. Le romancier sait très bien décrire la souffrance engendrée par ce choix : Helga se refuse alors à lui et retourne vers son conjoint d'où elle aura d'autres enfants et lui va connaître une profonde solitude physique et émotionnelle. La douleur de croiser sa propre fille et de ne jamais pouvoir lui révéler son identité est très joliment racontée.

Le roman prend alors une tournure différente, l'homme vieillit aigri et rapidement tourmenté et obsédé par l'absence de sexe. Si j'en parle ici, c'est que j'ai été, j'avoue la première surprise, par les multiples références à cette abstinence forcée. L'homme se soulage et de manière de plus ou moins conventionnelle. Attention aux lecteurs prudes ;-)

"J’étais là debout, tel un pieu en bois d’épave battu par les vents. Je n’ai fait que t’aimer encore plus. N’est-ce pas ce qu’on devient, à côté de celle qu’on désire le plus, Helga ma Belle, un vieux tronc de bois flotté qui se dérobe au grand amour ?"

L'auteur, Bergsveinn Birgisson est titulaire d'un doctorat en littérature médiévale scandinave. Il souhaite à travers ces récits porter la mémoire de ses ancêtres, dont les histoires de son grand-père, pêcheur et éleveur dans le nord-ouest de l'île.

Il raconte ici la fin d'un monde. A la réflexion, tout ce qui a pu m'énerver chez le personnage principal, pétri de principes et d'idées simplistes (tous les gens de la ville sont bêtes, sans queue ni tête, seuls les gens des campagnes sont vrais et accomplis, la femme est comparée à un tracteur, etc.) est aussi un témoignage réel sur ces gens-là.

Contrairement à d'autres lecteurs qui ont vu un vibrant hommage à un monde où tout était meilleur (vous savez le passé idéalisé - je fais ma réac), j'y ai vu aussi un monde renfermé et incapable d'évoluer, où chacun devait occuper une place précise et ne pouvait à aucun moment s'en échapper. Où la différence, comme par exemple la stérilité d'Unnur, était vécue comme une tare et une honte. Où les silences cachaient de nombreux secrets et les ragots couraient les vallées.
 
J'ai, par le biais de ce récit, découvert  un auteur très intéressant. Je trouve son écriture belle et fluide et il aura réussi à me faire vivre cette lecture très intensément. 

Une bonne surprise.  



Editions Zulma, traduction Catherine Ejjolfsson, 131 pages 

Friday, January 23, 2015

Euh..... noyée sous les livres (version 2015)

Apparemment, j'adore ça !

La preuve : non seulement j'ai reçu 6 livres à Noël, qui sont venus déjà augmenter une PàL bien conséquente, mais j'ai craqué depuis pour 10 autres livres (fallait pas venir m'en parler) et 5 emprunts (*) dont voici la liste : 




We were liars de E.Lockhart -  à force de voir ce titre apparaitre ci et là, et malgré des critiques parfois assez dures, je me laisse séduire.. que sera sera !

Eleanor Rigby de Douglas Copland - il était temps de partir à la rencontre de cette Liz Dunn dont la vie monotone va être un jour totalement chamboulée par un appel téléphonique en provenance d'un hôpital ....

Le merveilleux voyage de Nils Holgerson à travers la Suède de Selma Lagerlöf - attention ici la version longue de 635 pages ! Merveilleux conte dont j'entends parler depuis tant d'années, pour les petits et les grands. 

.......et comme j'ai lu plus vite que je ne le pensais les BD empruntées à la médiathèque, je suis passée à la bibliothèque de mon quartier (croyant trouvé L'homme de la montagne de J.Maynard) et je suis repartie avec deux autres livres sous le bras (ça a failli être 5) : 

*La lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson - petit livre de 130 pages environ, publié chez Zulma.
La lettre d'un vieil homme islandais à son amour de jeunesse. (chronique à venir)

*Et devant moi le monde de Joyce Maynard.
A défaut de lire L'homme de la montagne, je me suis jetée sur celui-ci. Il faut dire qu'elle y évoque sa relation avec J.D Salinger, mon auteur préféré. 

En fait, j'ai toujours hésité à lire ce livre car je suis très superstitieuse quand on parle de mon auteur chéri mais je me lance !


Puis je suis allée faire un tour dans une bouquinerie (oui, je ne résiste pas, et c'est top pour vous mettre du baume au coeur) et j'y ai trouvé mon bonheur : 

Le petit copain de Donna Tartt (en Poche) - après plusieurs échanges avec d'autres blogueuses, tout le monde me vante le premier roman de la romancière américaine aussi j'ai tout de suite craqué. 

La promesse de l'aube de Romain Gary : une de mes résolutions 2015 : découvrir cet auteur et c'est ce roman qui me tente le plus.
 
Enfin, de passage jeudi soir à la librairie Coiffard à Nantes, où j'ai eu la chance de croiser Amélie Nothomb, je suis repartie avec un livre d'une autre écrivaine que j'aime beaucoup : 

Gaieté de Justine Levy, publié chez Stock. J'ai lu et dévoré ses premiers livres aussi je n'ai pas pu résister.

J'ai par ailleurs commandé deux livres américains (en anglais) sur mon écrivain préféré, J.D Salinger :

Salinger de David Shields (qui se cachait derrière l'écrivain? Une enquête menée pendant plus de huit ans). 

-  With love and squalor, 13 writers respond to the work of J.D Salinger de Kip Kotzen et Thomas Beller. Ici ce sont 14 écrivains (dont Beller) qui témoignent sur ce qu'ils ont ressenti en découvrant l'oeuvre de Salinger et comment elle a influencé leur travail. 

J'avais très envie de partager ma fascination pour le romancier avec des écrivains.

J'ai hâte de pouvoir lire leurs témoignages. 

Et puis aujourd'hui, je suis allée rendre les BD et Trois mille chevaux vapeur à la médiathèque Jacques Demy et hop repartie sous le bras avec trois autres livres, tous des policiers, choisis par hasard :

*Les rues de Santiago de Boris Quercia, ce petit polar m'a attiré pour son format, le lieu du crime (le Chili), embarqué !

*Fannie et Freddie de Marcus Malte - éditions Zulma. L'histoire m'intrigue. A voir. 

*The Garden of Love de Marcus Malte (en lisant la quatrième couverture de Fannie et Freddie j'ai lu que l'auteur avait remporté plusieurs prix avec ce roman et comme il était en rayon, je l'ai pris).
Je réalise en allant récupérer une photo de la couverture sur le web que Cachou avait écrit un billet à son sujet. 

... Bref, tout  va bien docteur ;-)


Et vu que l'anniversaire de ma mère approche, et que toutes deux sommes fan d'Erlendur, autant dire que j'attends avec impatience la sortie le 5 février prochain des Nuits de Rekjavik. 

Si quelqu'un connaît l'adresse d'un exorciste, je suis preneuse ;-)