Monday, August 24, 2015

Je déménage!

Alors tout n'est pas encore parfait .. 

Mais après de longues hésitations et mûre réflexion .. j'ai décidé de m'envoler (pour une flying Electra rien d'anormal) vers une nouvelle structure : La nuit je mens

Mais ne vous inquiétez pas,  vous allez y retrouver (normalement) tous mes anciens billets et vos commentaires, sauf peut-être pour le dernier billet (La Chambre des échos) - si vous ne voyez pas les vôtres, désolée! Si vous avez le courage de retenter le coup, merci beaucoup. 

Je prépare un billet d'accueil sur mon nouveau blog (seul le design change, je reste maitre à bord!) où je vous raconterai le pourquoi du comment (et les nuits blanches...)

Là je vais tenter une drôle de manip' (à deux heures du mat' - pas sérieux). 

Je vous souhaite bonne nuit et j'espère vous retrouver tous sur mon nouveau blog :-)

Et un grand, immense Merci à tous ceux qui me lisent et commentent (et ceux qui lisent tout court), l'aventure continue ! Je suis heureuse de pouvoir améliorer ainsi mon blog chéri consacré aux livres !


PS : je garde mon autre blog sur sa plateforme actuelle car elle très bien aussi !


Sunday, August 23, 2015

Site en travaux !

Je travaille sur le design de mon blog. Je ne suis pas loin. Des nouvelles ce soir ou demain.

En attendant, bon dimanche !  Hâte de vous lire


Saturday, August 22, 2015

La chambre aux échos

J'ai déniché ce livre lors de ma dernière virée à Emmaüs. La couverture puis la présentation de l'éditeur m'ont attirées ainsi que son petit prix! Je n'avais encore jamais lu un roman signé de Richard Powers, mais La chambre aux Échos a reçu le prix du National Book Award en 2007, un bon signe, non ?! Mon billet risque d'être assez long, comme le fut ma lecture, hélas. Une lecture complexe, j'ai mis du temps à plonger dans l'histoire et surtout dans l'univers de Richard Powers. A la fois passionnant, l'exercice de la lecture s'est cependant révélé ardu et assez compliqué. Pourtant, je n'ai plus lâché le livre à partir de la seconde moitié, j'avoue en petite partie pour le finir plus vite. Mais fort heureusement le talent de M.Powers me laisse aujourd'hui encore admirative. Je ne sais pas si je suis très claire dans ma critique !

Par une nuit d'hiver, sur une petite route du Nebraska, Mark Schluter est victime d'un grave accident de voiture. Sa sœur ainée, Karin, revient dans sa ville natale pour être à son chevet. Mais lorsque Mark sort du coma, il semble ne plus la reconnaître. Karin fait alors appel à Gerald Weber, un célèbre neurologue, spécialiste des troubles singuliers du cerveau.
Alors que Weber étudie son cas, Mark essaie de reconstituer peu à peu ce qui s'est passé la fameuse nuit de son inexplicable accident et d'identifier le témoin anonyme qui lui a sauvé la vie avant de disparaître en laissant une étrange note.
Ce qu'il va découvrir changera à jamais sa vie, celle de sa sœur et celle de Weber.


Thursday, August 20, 2015

Tag : avez-vous dans votre PàL?


(Copyright)

C'est l'été, allons faire un tour dans nos PàL! Je reprends ici un tag créé par les éditions Pocket Jeunesse qui me sied apparemment bien puisque je suis un écureuil si on écoute Marie-Claude ! 


Avez-vous dans votre PàL ....

1) Un livre dont vous ignorez tout de l'histoire : oui et non. Non pour ceux que j'ai achetés car je lis toujours la quatrième de couverture, oui pour certains livres connus dont le titre ou le nom de l'auteur a suffi à me convaincre et encore oui car j'ai récupéré les livres de mon beau-père il y a quelques temps et j'avoue que j'ai oublié pour certains quelle est l'histoire ......
Pour exemple : Manuel du guerrier de la lumière de Paul Coehlo.

2) Un livre que vous avez depuis plus d'un an : alors là, oui - même plusieurs années pour certains (désolée...)

3) Un tome 2 : En fait non, j'avais un Tome 1 (de l'Idiot) que j'ai acheté sans faire attention et que je vais donner. J'ai aussi eu les tomes 1 et 2 du Comte de Monte-Cristo avant de réaliser qu'il me manquait le 3 (retrouvé dans une autre édition depuis).

4) Plusieurs livres d'une même série : Toutes les enquêtes d'Erlendur, le personnage d'Indridason, pas mal d'enquêtes de Wallander également, signées Henning Mankell. Millenium (en anglais) et les Agatha Christie (les Hercule Poirot et Miss Marple) mais aussi Longmire de Craig Johnson. Ne lisant si SF, ni Fantasy ... j'échappe à ces phénomènes de séries.

5) Un classique : oui et même pas mal ! Je dois toujours lire Gustave Flaubert ....

6) Un livre qui vous fait vraiment très, très envie : Me connaissant, en citer un seul.. mais oui, Battues d'Antonin Varenne aux Éditions Écorce, deux librairies et aucun succès. Grrrr... Pourtant l'une possédait d'autres titres de cette maison....

7) Un livre que vous gardez pour une période précise (grandes vacances, Noël, etc.) : oui Les Arpenteurs de Zupan et Go set a watchman d'Harper Lee.

8) Un livre que vous avez prêté sans l'avoir lu : le dernier Michael Connelly acheté, La glace noire, que j'ai prêté à ma mère en juillet, qui l'a lu et me l'a rendu rapidement. 

9) Un poche : les Poches sont très très nombreux dans ma bibliothèque donc la réponse est OUI ! 

10) Un livre dont vous aviez complètement oublié l'existence : depuis que je tiens à jour ma PàL sur mon blog, je m'y retrouve mieux. Mais ça m'arrive encore de sursauter en me disant "ah finalement je l'ai déjà!" car il m'est déjà arrivé d'acheter plusieurs fois le même livre (dont un trois fois. Si si.) - l'autre jour, j'ai ainsi failli acheter Féroces de Goolrick. Et j'avais en double Dorothy M.Johnson.

11) Votre prochaine lecture (promis, juré!) : j'hésite entre Balistique et Tous les jeunes gens tristes. On verra mon humeur après avoir fini ma lecture actuelle.

12) Un livre que personne n'a aimé, du coup, vous avez un peu moins hâte de le lire : Sans doute mais j'ignore le quel ! J'ai Un week-end dans le Michigan de Richard Ford qui, je crois, reçu des avis mitigés.

13) Un livre que tout le monde a aimé, du coup, vous avez peur d'être déçu(e) : Les Arpenteurs de Kim Zupan justement ! Et beaucoup d'autres (ma PàL est belle j'vous jure!)

14) Un livre que vous avez acheté pour la couverture : j'ai craqué pour la couverture du Blé d'hiver de Mildred Walker et celle de Luke et Jon de Robert Williams (mais après, promis, j'ai lu la quatrième de couv').

 Allez, je tague tous ceux qui commentent mes craquages de slip ! Na !! Bien fait ;-)

Wednesday, August 19, 2015

Rédemption

C'est en flânant en librairie, ou devrais-je dire, en regardant chaque livre (fiction) de chaque rangée que j'ai croisé le premier roman de Matt Lennox, Rédemption. L'auteur canadien est dans la vraie vie militaire et avait déjà été remarqué par la presse après avoir publié plusieurs nouvelles. Son premier roman, The carpenter, titre original, avait croisé mon chemin auparavant en lisant l'un de vous. Je ne sais plus qui. Aussi, en voyant le livre sous mes yeux, je n'ai pas pu résister.

Et surtout, chose rare, je l'ai lu presque de suite - il n'a même jamais connu ma bibliothèque. C'est en relisant la quatrième de couverture ce matin pour rédiger ma chronique que j'ai réalisé que celle-ci induit totalement en erreur le lecteur. Les personnages cités, Lee et Stan, sont bien décrits mais Stan ne pense nullement que Lee est responsable de la mort de la jeune femme. Qui a écrit cette quatrième de couverture ?!

Après 17 années derrière les barreaux, Leland (Lee) King est libéré. De retour dans la petite ville natale d'Ontario où il a grandi, il y retrouve sa famille. Sa soeur, mariée à Barry, pasteur, qui lui a trouvé un emploi et un logement. Leurs trois enfants, dont Pete l'ainé, né d'un autre lit, que Lee n'a pas connu car il est né deux mois après son incarcération et enfin sa propre mère Irène. Cette dernière est malade, atteinte d'un cancer incurable. Lee est bien décidé à tourner la page et a entamé une nouvelle vie. Lui qui a appris le métier de charpentier en prison (et en semi-liberté à Toronto) accepte de travailler pour un ami de Barry dans des maisons individuelles. Le travail est difficile, l'hiver est âpre et Lee ne compte plus ses heures. Il a arrêté de boire en prison et se tient à carreau. Ses seules distractions sont les repas chez sa sœur qui tient toujours ses distances, les visites à sa mère, hospitalisée, et puis Helen, la serveuse du restaurant où Lee a pris ses habitudes. 
Lee et Helen commencent à se fréquenter. La vie semble reprendre ses droits. Parallèlement, on suit Stan, tout jeune retraité de la police qui découvre un soir le corps inanimé d'une jeune femme, Judy, dans sa voiture. Un suicide. Stan a du mal à accepter ce verdict sans appel et décide de prendre contact avec la seule famille de la victime, sa soeur jumelle. Il apprend que Judy fréquentait un bon à rien avant son suicide. 

Enfin, il y a Pete, 17 ans - le neveu de Lee, qui ignore tout du crime de son oncle et de ses origines (il est né dans une autre ville puis est revenu à l'âge de 8 ans avec sa mère lorsque celle-ci a épousé Barry). Pete  grandit dans un foyer très pieu, religieux. Barry prêche à toute heure du jour et de la nuit et tout tourne autour de la religion. Dans cette maison, aucun autre sujet n'est abordé. Pete a grandi dans le silence, ainsi lorsqu'il quitte le lycée subitement - il ne se confie à personne. Il travaille à la station service, possède son propre véhicule et rêve de partir vivre à l'ouest. En rencontrant son oncle, Pete croit enfin avoir trouvé ici un moyen de découvrir qui il est réellement. Mais l'homme en face de lui désire tout l'inverse. 

Peu à peu, les langues se délient, le passé ressurgit et chaque personnage voit son destin basculé. 

Copyright DR

Je ne veux pas en dire plus, sinon que j'ai plongé dans le roman avec une telle facilité que j'en ai été surprise au départ. Puis, j'avoue que j'ai connu quelques moments de doute ; disons qu'habituée à un rythme plus soutenu (et pourtant j'adore Kent Haruf), je me suis surtout insurgée de voir que Lee commençait à lâcher prise, à dérailler.  Lee n'est pas responsable mais ses vieux démons ressurgissent et me voilà à penser "Non, Lee ne fais pas ça".  

Ce qui m'a énormément marqué ici, c'est le poids du silence - ce poids assourdissant qui mène chacun à leur perte. Pas uniquement celui pesant comme un fardeau sur les épaules de Lee ou de Pete, mais aussi de Stan ou de Frank, ou d'Emilie dont Pete s'éprend. Ici, on sait mais on ne parle pas. Ce sont juste des silences maladroits, des regards furtifs - qui vous font comprendre que vous êtes "l'un d'eux".  Une petite ville qui a voulu effacer une tragédie ancienne en multipliant les offices religieux. Les églises sont nombreuses, on y passe son dimanche, on y joue de la musique, on parle de Dieu mais jamais des hommes, de la vie.

Et puis j'ai replongé dans ma lecture et les langues se sont déliés, et le malheur a frappé quand la vérité a surgi. Je repense à une phrase magnifique entendue dans le film Oriana Fallaci (vu dernièrement au cinéma) : "la vérité est un comme un acte chirurgical, elle fait mal mais elle guérit". 

Si le titre français, Rédemption, peut porter à confusion - je pense plus à cette vérité qui va finir par surgir et aider l'un des personnages à enfin se délester d'un poids et à croire en l'avenir. 

Un très beau roman, sombre, avec une vision des petites villes de l'Ontario que je ne connaissais pas. La découverte d'un auteur dont je ne manquerai pas de lire le prochain roman !  

En cherchant quelques infos sur le net à son sujet, j'ai trouvé une photo. Matt Lennox est toujours militaire, il a combattu en Afghanistan à deux reprises - j'ignore si cette expérience personnelle lui a appris à sonder les profondeurs de l'âme humaine, mais le résultat me pousse à penser que oui

Un roman noir étourdissant. 



Livre de Poche, Albin Michel, Traduction France Camus-Pichon, 401 pages

Monday, August 17, 2015

Craquage de slip



Un craquage de slip... estival ! Pour ceux qui comme moi prennent leurs grandes vacances fin août ou début septembre, il faut bien s'occuper entre temps ;-)  En lisant par exemple d'anciens billets de blogueuses (et blogueurs) exprimant leurs coups de cœur pour tel ou tel livre, puis en poussant la porte d'une librairie ... Et comme les cépages cette année, la récolte a été plutôt bonne ;-)


1. Les disparus de Daniel Mendelsohn : je me souviens d'avoir croisé ce pavé en librairie à plusieurs reprises mais à l'époque je n'avais pas sauté le pas. Comment ai-je fait pour ne pas lire ce chef d’œuvre ? Daniel Mendelsohn va remonter le temps pour comprendre ce qui est arrivé à son grand-oncle Shmiel, son épouse et leurs quatre filles dont il sait seulement qu'ils ont péri dans l'Est de la Pologne en 1941. Après avoir découvert des lettres déchirantes dans lesquelles Shmiel demande de l'aide à son frère installé en Amérique, l'écrivain décide de leur redonner une voix.   Hâte de lire ce pavé de 930 pages, mais je ne doute pas que je vais plonger en apnée dans ma lecture !

2. Fakirs d'Antonin Varenne : je rêve toujours d'acheter son dernier roman car j'avais adoré son livre Trois mille chevaux vapeur et je n'ai lu que du bien de Fakirs. Aussi, je n'ai pas trop hésité en l'achetant. Le Point le surnommait le nouveau pape du roman policier.  "Je ne crois pas aux accidents. Ni aux suicides. J'enquête sur des meurtres", telle est la philosophie du commissaire Guérin. La victime ? Un ancien fakir, Américain, ancien Marine, homosexuel et héroïnomane - rien que ça ! Mustgrave meurt sur scène, à Paris. Son meilleur ami John va demander de l'aide au commissaire Guérin, relégué au service des Suicides du 36 Quai des Orfèvres. Je pense que je ne vais pas résister longtemps !

3. Et de retour dans la librairie, je tombe sur Le mur, le Kabyle et le marin d'Antonin Varenne ! Même collection et encore une histoire qui mêle passé et présent, ici la guerre d'Algérie et un flic le jour qui boxe la nuit pour le compte d'un mystérieux commanditaire. Prix Quais du Polar 2012.

4. L'arbre aux haricots de Barbara Kingsolver : c'est Marie-Claude qui m'a fait découvrir cet auteur en la choisissant pour son challenge 50 Etats 50 romans (pour l'Arizona). Je n'ai pas pu résister en le voyant en rayon, car je ne pensais pas le trouver à Nantes aussi facilement. L'histoire est effectivement palpitante : Lorsque Taylor Greer décide de quitter le Kentucky, elle compte rouler au volant de sa coccinelle vers l'Ouest jusqu'à ce que sa voiture rende l'âme. Mais sur le parking d'un bar, elle croise une petite Indienne - cette rencontre va totalement bouleverser son destin... 

5. Rédemption de Matt Lennox : C'est en lisant une chronique signée de..., son nom m'échappe, que j'ai eu envie de le lire. Je n'avais pas noté le titre, ni le nom de l'auteur à l'époque mais en le trouvant en librairie, j'ai eu comme une révélation ! Et ma chronique ne devrait pas tarder, car je l'ai lu dans la foulée !


6. Le cœur est un chasseur solitaire de Carson McCullers : j'ai eu une sorte de crise qui m'a poussé à faire toutes les librairies d'occasion pour mettre la main dessus. Je suis allée dans une librairie prête à acheter le livre en neuf et ils ne l'avaient pas ! Finalement j'ai réussi à mettre la main dessus dans une édition Biblio du Livre de Poche que j'aime beaucoup. J'imagine que tout le monde a déjà lu ce classique de la littérature américaine, moi j'ai hâte de partir à la rencontre de Mick, pauvre et passionnée de musique, l'adolescente promène son petit bonhomme à travers les rues d'une ville du Sud.

7. La ballade du café triste de Carson McCullers : c'est en cherchant désespérément le roman précédent que j'ai croisé celui-ci une première fois, publié dans la même collection. Raisonnable je l'ai reposé à sa place, mais en me rendant une deuxième fois en librairie, impossible de résister une seconde fois. Hop, emballé !

8. Les jeux de la nuit de Jim Harrison : déjà, c'est signé Jim. Donc rien à dire, mais en plus il s'agit d'un recueil de trois nouvelles. Donc achat obligatoire ! Je vous mets l'eau à la bouche ? "Une jeune fille en quête de vengeance, un homme mût à la recherche de l'âme sœur, un autre en proie à des accès de violence les nuits en pleine lune..".

9. Le pull-over rouge de Gilles Perrault : pour mes lecteurs français, le titre dit tout. Pour les québécois, sachez que ce livre a totalement remis en question la peine de mort en France. Le dernier condamné à mort (et exécuté) a été en parti jugé coupable à cause de ce pull-over rouge, qui pourtant ne lui allait absolument pas. L'auteur avait mené sa propre enquête et avait démonté un à un tous les éléments en charge. Depuis, de nombreuses personnes ont remis en doute la culpabilité de ce jeune condamné (22 ans).

10. Banzaï de Carlos Bernatek : Les Editions de l'Olivier ont traduit ici l’œuvre d'un romancier majeur de la littérature argentine. L'histoire m'a vraiment attirée : "En simulant sa propre mort, il a quitté femme, enfant et travail. Du fond de sa mémoire ressurgit son enfance :  une petite ville des années 1960, le crash d'un avion bimoteur, la disparition d'une camarade et, mêlés à la population locale, d'anciens officiers nazis en fuite.. A mesure que les souvenirs affluent, ce mystérieux personnage tente d'affronter les démons du passé. 

11. Féroces de Robert Goolrick : c'est en me promenant sur un blog que j'ai découvert plusieurs billets sur Robert Goolrick et son coup de cœur pour ce romancier atypique. J'avoue que j'ai un peu peur de me lancer dans la lecture de ce livre culte car le sujet n'est pas franchement gai. Il va falloir que je me trouve des lectures plus légères !

Les Goolrick étaient des princes. Et tout le monde voulait leur ressembler. C'étaient les années 50, les femmes se faisaient des coiffures sophistiquées, elles portaient des robes de taffetas ou de soie, des gants et des chapeaux, et elles avaient de l'esprit. Les hommes préparaient des cocktails, des Gimlet, des Manhattan, des Gibson, des Singapore Ming, c'était la seule chose qu'ils prenaient au sérieux. Dans cette petite ville de Virginie, on avait vraiment de la classe, d'ailleurs on trouvait son style en lisant le New Yorker. Chez les Goolrick, il y avait trois enfants, tous brillants. Et une seule loi: on ne parle jamais à l'extérieur de ce qui se passe à la maison. À la maison, il y avait des secrets. Les Goolrick étaient féroces.

12. Arrive un vagabond de Robert Goolrick : le dernier livre paru en poche - vu son petit prix, je l'ai pris en même temps que Féroces. J'espère avoir le coup de foudre pour ce romancier car dorénavant j'ai deux de ses livres chez moi. Nous voici projetés à l'été 1948 à Brownsburg. Charlie Beale arrive en ville, chargé de deux valises : l'une contenait quelques affaires et des couteaux de boucher, l'autre une importante somme d'argent. Charlie y tombe amoureux à deux reprises : d'abord, il s'éprit de cette ville paisible de Virginie dont les habitants semblent vivre dans la crainte supportable d'un Dieu plutôt bienveillant. La preuve : il n'y avait encore eu jamais de crime à Brownsburg. Puis Charlie s'éprit d'une femme...

13. Body de Harry Crews : Dorothy Turnipseed quitte sa ville natale avec plein de projets en tête. Elle croise la route de "Muscle", le gourou du body-building qui va la transformer en Shereel Dupont - une des principales candidates au titre de Madame Univers ... C'est alors que la famille de Shereel, des péquenots qui promènent joyeusement leurs masses graisseuses, débarque dans l'hôtel de grand luxe où se tient le concours. Harry Crews nous offre ici une "hallucinante histoire d'excès et de limite qu'il mène jusqu'à son final explosif". Impossible de ne pas l'acheter !

14. 92 jours de Larry Brown - un tout petit livre à 2€ (Folio) qui m'a tenté car il parle du désespoir d'être un jour publié quand on est écrivain. 

15. Sarah Thornhill de Kate Grenville, aux Éditions Métailié. Dernier livre acheté et je sens qu'il va ne pas rester longtemps sur mon étagère (d'ailleurs il est déjà sur ma table de chevet). On ne laisse pas bébé Sarah dans un coin ! L'histoire est assez drôle : je trouve ce livre, le zieute, le prend puis je ne sais pas pourquoi, au moment de payer (pour les autres), je le repose. Et puis coup du sort : Métailié publie sur Facebook sa lecture du mois d'août : Sarah Thornhill ! Non mais, si ce n'est pas un message ? Donc me voilà repartie hier soir à sa recherche. Et j'ai bien failli ne plus le trouver ! Un seul exemplaire. Le plus drôle ? Le libraire m'a reconnu et n'a pu s'empêcher de sourire en me voyant de retour si vite !!!

Enfin, je souhaitais terminer ce billet avec les quatre livres que j'ai dénichés à Oxford à la plus célèbre des librairies, Blackwell's. J'aurais pu faire une razzia car Penguin a lancé une nouvelle collection regroupant les grands classiques avec des couvertures magnifiques. Mais je n'avais qu'une micro valise et j'ai décidé de résister (et ce fut difficile !)


Mais finalement, lorsque j'y suis retournée, j'ai décidé de suivre mon instinct qui m'a guidé vers .. le rayon d'auteurs étrangers. Les libraires y indiquaient leurs coups de cœur, j'ai été intriguée par deux auteurs, le premier chilien, l'autre allemand. N'ayant pas beaucoup de place dans ma mini valise, j'ai visé les livres de petite taille et d'auteurs que je ne connaissais pas. Autant faire des découvertes !
J'ai donc opté pour : 

16. The private lives of trees d'Alejandro Zambra. Alejandro est la nouvelle sensation littéraire chilienne. Son dernier livre était bien en évidence (mais trop volumineux). Et puis j'avoue que le titre m'avait déjà emballé (vous ai-je parlé de ma passion pour les arbres?!). A l'heure, où vous lirez ces mots, j'ai fini de le lire et mon billet doit arriver prochainement. La chance : ma bibli possède ses autres livres que j'ai hâte de découvrir.

17. The new sorrows of young W. d'Ulrich Plenzdorf aux éditions Pushkin. J'ai été attirée par sa petite taille mais surtout par la quatrième de couverture : "I was just a regular idiot, a nutcase, a show-off and all that. Nothing to cry about. Seriously" et la critique du Zeit : "The Catcher in the GDR-Rye".


Mon dernier achat était aussi un coup de cœur des libraires : Girl meets boy d'Ali Smith (18). Il me fallait bien quand même rapporté un livre signé d'un auteur britannique. J'avoue que j'adore la photo sur la couverture. Les critiques sont enjouées et si j'ai trouvé d'autres livres du même auteur, je n'ai pas pu résister à choisir celui-ci. Une fois à la caisse, le vendeur m'a confirmé que j'avais fait le bon choix, me parlant à nouveau du roman de Plenzdorf. 

Enfin, dernier roman (broché et volumineux) que j'ai rapporté acheté le premier jour : Go set a watchman d'Harper Lee (19) dont je vous ai déjà parlé dans Miscellanées et que j'ai très envie de lire. J'ai lu trois livres pendant mon séjour que j'avais emportés avec moi.

Une anecdote assez drôle : j'ai retrouvé un jour mes amies professeurs dans un salon de thé (pour fuir la pluie glaçante) et elles même étaient allées, de leur côté, à Blackwell's. Et mon amie américaine (l'autre est Lituanienne) me montre ainsi ses achats : 3 romans, deux du même romancier guatémaltèque Rodrigo Rey Rosa (les livres : The African shore et Severina). J'ai lu le premier chapitre de Severina et j'ai regretté de ne pas l'avoir acheté mais ma bibli possède tous ses autres romans (yes !), et le dernier... qui n'est autre que My documents d'Alejandro Zambra ! Ce livre volumineux que j'avais vu et pas acheté.  Bon, étant professeur de littérature sud-américaine, je lui fais confiance (elle m'a aussi conseillé deux autres romanciers).  Je suis donc revenue d'Oxford avec la ferme intention de lire plus de romans.... sud-américains et j'ai tenu ma promesse puisque je me suis procurée Banzaï et que j'ai créé une liste spéciale Amérique du Sud ;-)

Au total 19 nouveaux venus dans ma bibliothèque ! Heureusement que j'ai fait du tri car sinon ....c'était un peu la cata !

PS : sinon, celles et ceux qui me suivent sur Facedebouc savent que j'ai aussi craqué du côté de Gallmeister - 6 livres ! Oui, rien que ça ..  non mais, c'est pas sérieux, hein ?!  Lesquels, me direz-vous ? Je vous prépare un billet spécial aussi je garde un peu le suspense. Disons que j'ai encore passé pas mal de temps sur leur catalogue !

PPS : et hop deux autres livres d'occasion, chez Plon et 10/18 du même romancier américain, je vous en reparlerai bientôt !

Soit au total, 27 nouveaux livres ! Pfff... Je n'aurais jamais cru autant acheter !!!

Et vous, des nouveaux venus ? Un petit craquage de bobette côté québécois ?

Friday, August 14, 2015

Retour à Watersbridge

Hiver 1897. Une sage-femme regagne sa ferme dans le nord de l’État de New York, chargée de cadeaux pour les siens. L'y attendent les corps ensanglantés de son mari et de ses enfants gisant dans la neige. Seul Caleb, 12 ans, a échappé au massacre : il a tout vu de la grange où il s'était réfugié parmi les animaux. Mère et fils abandonnent ce qu'il reste de leur foyer pour s'engager au cœur d'une contrée hostile et glacée à la poursuite de trois tueurs aux foulards rouge. Au fil de la traque, traversée d'épisodes d'une violence sèche et brutale contrastant avec la luminosité et le silence des étendues poudreuses, on comprendra que leur soif de vengeance repose sur une imposture.. Le mensonge, le poids du pêché et la nature des liens du sang sont les catalyseurs troublants de cette équipée sauvage doublée d'un roman d'apprentissage.

En premier lieu, sachez que j'avais fait le vœu de lire ce livre depuis sa sortie, que je supportais mal de voir les autres blogueurs le lire .. et puis j'ai du attendre patiemment son arrivée à la BM pour enfin pouvoir le dévorer.  Et ce fut l'inverse, c'est le roman qui m'a dévorée tout entière !

En ayant lu la quatrième de couverture, je me voyais déjà partie dans les bois à la chasse à l'homme - or j'avais simplement évité de lire le titre : Retour à Watersbridge. James Scott  signe ici un puissant et implacable premier roman où il décrit avec la précision d'un horloger le massacre d'un homme et de quatre de ses enfants. Un homme pieux et religieux, mais d'origine indienne et dont la couleur de peau et son union à une femme blanche l'auront poussé à vivre loin de toute civilisation. Les Howell se sont donc installés loin de la ville. Le père qui a changé de nom en épousant la religion, se fait appeler Jora - son épouse, Elspeth est sage-femme et s'absente de longs mois chaque année pour rapporter de l'argent à la maison. Ils ont cinq enfants, Mary, Jesse, Emma, Amos et Caleb. Ce dernier dort dans la grange depuis qu'il a vu son père assassiner un homme un soir. Suffocant et victimes de cauchemars, il n'a trouvé son salut qu'auprès des animaux dont il partage le lit. 

James Scott vous livre dès la première partie une part de cet effroyable mensonge qui mènera toute la famille à leur perte. La pécheresse? Elspeth - femme pieuse mais qui est incapable de contrôler ses envies et surtout ses fantasmes. Son mari Jora le sait mais ne dit rien. La famille s'agrandit et vit à l'écart, isolée mais les enfants sont heureux. Ce bonheur fragile prend fin en l'hiver 1897. Lorsque Elspeth arrive chez elle, elle sent dans son cœur, son sang que quelque chose de terrible s'est produit en son absence. La neige a recouvert de son silence l'effroyable vérité mais tout lui apparait lorsqu'elle pénètre à l'intérieur de leur maison, à peine a-t-elle le temps de réaliser l'impensable qu'une volée de plombs vient lui déchirer le corps. C'est Caleb qui s'est emparé de l'arme de son père et qui vient de la méprendre pour l'un des trois assassins qu'il a aperçu. C'est aussi Caleb qui mettra le feu à la maison et brûlera ainsi les corps de ses frères et sœurs et de son père. C'est Caleb qui soignera le cœur meurtri de sa mère et prendra les armes. 

Copyright 
James Scott ne vous épargne rien : ni l'hiver froid et glacial, ni les détails sordides, ni cette envie de vengeance qui emparent les deux survivants. Une mère froide, souvent absente dont le lien avec ses enfants s'éloignaient au fil des ans - elle ne pense à eux que bébés, dépendant d'elle, à l'odeur sucrée et qui avec un peu de soins s'endormaient dans ses bras. Une fois grands, ils perdaient de leur magie et à peine de retour chez elle, elle songeait déjà à repartir. La mère et le fils vont parcourir cette terre glacée et meurtrière et croiser un vieux couple, victimes eux aussi de ses bandits et qui leur indiqueront la ville où sont allés se réfugier les assassins : Watersbridge

"Caleb s'efforça de résister au désir de fuir. Il redoutait de ne pas être à la hauteur des attentes de son père, qu'il aimait tellement à l'époque qu'il passait son temps à l'observer en secret, à essayer de copier sa démarche, ses attitudes, et même ses intonations. Jora l'avait immobilisé sur place d'une main ferme. "Celui qui se souvient de la correction prend le chemin de la vie. Mais celui qui oublie la réprimande s'égare"".  (p.91)

Que dire sinon que ce roman m'a vraiment perturbé, car il ne m'a jamais emmené là où je pensais aller. Et j'ai adoré ! J'étais comme aimantée à ces deux êtres meurtris et à leur procession funeste. Les deux-tiers du roman se passent à Watersbridge, où Elspeth est devenue Jora (je vous laisse découvrir...) qui hisse des blocs de glace du fond du lac Erié pour gagner de quoi nourrir sa famille et payer l'hôtel. Elle craint à chaque instant de voir surgir à chaque coin de rue un homme du passé. Caleb va  de son côté travailler au seul bordel de la ville espérant y croiser les assassins de sa famille mais va faire une rencontre qui va à jamais changer son destin.

Je ne veux pas vous gâcher le plaisir sinon vous dire que le mensonge d'Elspeth se répand dans le sang comme un venin et détruit des dizaines de personnes les condamnant à une mort certaine. Qu'il est difficile de condamner Elspeth car elle aura payé le prix fort mais que dire de ces familles à jamais meurtries par cette femme ? Et cet enfant Caleb qu'on a envie de protéger mais dont on comprend les tiraillements, les doutes et les peurs. James Scott joue avec vos nerfs et tant mieux !  

"Elle regarda Caleb chuter et mordit son écharpe pour étouffer son cri, par crainte d'alerter le géant ou son patron. Elle crapahuta dans la neige. Quand elle rejoignit le jeune garçon, il avait les cheveux collés par la sueur et des fragments de peau se détachaient de ses mains en sang. Elle approcha l'oreille de sa bouche. Rien. Elle aurait voulu ordonner à son cœur d'arrêter de battre, pour avoir le silence complet. Caleb respirait." (p. 358)

Le romancier américain m'a aussi totalement prise au dépourvue à la fin. Un livre à part dans mes lectures et dont Ron Rash a justement déclaré : "Un premier roman exceptionnel, par une nouvelle voix éclatante de la fiction américaine". 

Il ne fait aucun doute que je me précipiterais sur le prochain roman de ce jeune romancier (36 ans) ! 


Éditions Seuil, traduction Isabelle Maillet, 384 pages

Wednesday, August 12, 2015

All the light we cannot see

Quand j'ai commencé cette lecture, j'avais encore les quelques avis mitigés vus sur la toile (dont celui de Jérôme) en tête, mais j'avais enfin le roman entre les mains et je me suis donc lancée. Et je ne le regrette pas ! Est-ce l'esprit des vacances (alors que je suis de retour au travail) ? Le soleil, la chaleur ?J'ai tout simplement adoré replonger dans une période, pourtant sombre de notre histoire (la deuxième guerre mondiale) et suivre l'histoire de Werner et Marie-Laure. Je l'ignore mais je n'ai plus lâché le roman et j'ai terminé ma lecture (environ 300 pages) en une seule fois, émue par ce roman magnifique.

Ce livre a reçu le Prix Pulitzer, et si, pour moi, il n'atteint pas les mêmes sommets que d'autres romans au niveau du style, il reste néanmoins un formidable témoignage sur la guerre. Le roman débute dans les années 30 et suit la destinée de deux enfants : une petite fille française prénommée Marie-Laure, aveugle, et un petit orphelin allemand, prénommé Werner, parallèlement à la montée du nazisme. Lorsque la guerre éclate, on suit le destin d'un mystérieux diamant, confié aux bons soins du père de Marie-Laure.

J'ai été impressionnée par le talent de Doerr à décrire la lente et puissante main mise de ce dirigeant sur le peuple allemand, sur leur manière de penser. Ainsi, lorsque Werner, le jeune héros orphelin intègre cette école de prestige, il est effrayant de voir quels principes, idées et croyances lui sont assénées du matin au soir. Ici les faibles doivent tomber, disparaitre - l'exemple de son ami Frederick est terrible. Les enfants deviennent des monstres, prêts à tuer leurs congénères pour servir leur unique maître. Ici la pensée libre n'a plus sa place - les "penseurs" sont forcément des êtres pervers, faibles - qui risquent à tout moment de ne plus suivre la seule et unique pensée qui doit régner, celle du Führer. Werner n'y échappe pas au départ - faire partie de l'élite, pour un orphelin, être reconnu par le doyen comme supérieurement intellectuellement est forcément flatteur et Werner rejoint le front, persuadé de servir son pays. Mais déjà son idéal se fissure : l'attaque violente à l'encontre de Frederick, les premiers signes de la guerre, l'ostracisation des Juifs - peu à peu le doute s'immisce dans l'esprit de Werner. Il repense à sa sœur Jutta qui ne comprenait pas cette guerre et l'invasion de la France, pays cher à leur cœur. Tous ces éléments vont semer le doute dans l'esprit de Werner, jeune soldat âgé d'à peine 16 ans.

Parallèlement, on suit Marie-Laure, petite parisienne aveugle mais qui ne cesse de voir plus loin que nous. Marie-Laure s'est construite dans les pas de son père, passant ses journées avec lui et ses collègues au Muséum d'Histoire Naturelle. Elle y a apprend tant de choses sur les sciences (biologie, ethnologie, physique) et sur l'histoire. Elle s'échappe au côté du Capitaine Nemo et de Monte-Cristo, grâce à ses premiers livres en braille qu'elle lit et relit religieusement. A l'arrivée des troupes allemandes, son père l'amène à Saint-Malo, ville portuaire où elle fait la connaissance de son grand-oncle, Étienne - blessé par des éclats d'obus lors de la première guerre mondiale. Ce dernier n'est plus sorti de chez lui depuis plus de vingt-cinq ans. C'est Mme Manec, employée de la maison depuis plus de cinquante ans qui gère l'immense bâtisse de 6 étages au cœur de la ville fortifiée. L'homme se passionne pour les radios et garde précieusement les vieux 78 tours enregistrés par son frère Henri, le grand-père de Marie-Laure,  décédé pendant la première guerre. Celui-ci avait enregistré sur un phonogramme des émissions éducatives présentant aux enfants le monde merveilleux des sciences. Ces mêmes programmes que Werner et sa sœur Jutta écoutaient religieusement à l'orphelinat - ayant appris le français grâce à Frau Elena, la Sœur venue d'Alsace. La boucle est bouclée. La magie opère...

"Werner's mind drifts; he is thinking about the book in his lap, The Principles of Mechanics by Heinrich Hertz. He discovered it in the church basement, water-stained and forgotten, decades old, and the rector let him bring it home, and Frau Elena let him keep it, and for several weeks, Werner has been fighting through the thorny mathematics. Electricity, Werner is learning, can be static by itself. But couple it with magnetism and suddenly you have movement - waves. Field and circuits, conduction and induction. The air swarms with so much that is invisible! How he wishes he had eyes to see the ultraviolet, eyes to see the infrared, eyes to see radio waves crowding the darkening sky, flashing through the walls of the house"(p.58)

C'est évidemment la guerre qui va finir par réunir Werner et Marie-Laure - et un troisième personnage, un colonel allemand lancé à la poursuite du plus merveilleux des diamants, caché depuis des siècles au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris et confié aux soins du père de Marie-Laure.

J'avoue que la forme du roman, polyphonique avec des chapitres très courts, m'a quelque peu décontenancé au départ et ensuite j'ai vraiment apprécié ce choix narratif. On est à Paris, puis en Allemagne, puis à Saint-Malo (ville fortifiée merveilleusement représentée) puis à nouveau à Berlin et sur le front.

J'ignore si le fait de le lire en anglais à jouer ou non sur mon appréciation du livre, mais je l'ai trouvé plutôt bien écrit. Surtout les passages lorsque Anthony Doerr décrit les sensations et les émotions ressenties par le personnage de Marie-Laure, aveugle, comme lorsqu'elle décrit ses premiers pas sur la plage, la découverte de l'océan, le fameux passage constellé de bulots ou les milliers d'objets du Muséum d'Histoire Naturelle qu'elle a découvert en les touchant, les humant. J'ai été happée par la passion de Werner pour l'électronique (son carnet de notes où il se pose tout un tas de questions) ou celle de Frederick pour les oiseaux. J'ai adoré ces moments-là et je n'avais qu'une envie : trouver tous les livres cités ci et là par l'auteur américain, comme relire Jules Verne, me procurer les livres d'Audubon et puis continuer à en apprendre plus sur les sciences.

"Dr. Geffard teaches her the names of the shells - Lambis lambis, Cypraea moneta, Lophiotoma acuta - and lets her feel the spines and apertures and whorls of each in turn. He explains the branches of marine evolution and the sequences of the geologic periods; on her best days, she glimpses the limitless span of millennia behind her: million of years, tens of millions. (p.60).

Je pense que ce livre a raisonné en moi pour ces multiples raisons : enfant, j'adorais apprendre - grâce aux livres, mais aussi avec mon père, féru de géographie et de mon grand-père passionné par les plantes. Je revois mon frère démonter un réveil, une radio et même la télévision (il aura fallu l'intervention d'un réparateur ce coup-ci pour la réparer!).  Je me suis vue dans les pas de Marie-Laure arpenter les nombreux couloirs du Muséum, écouter les professeurs expliquer la vie d'un mollusque, sa fossilisation ou le professeur en gemmologie raconter la formidable histoire du diamant des Mers.  Et puis l'auteur s'amuse avec ses lecteurs, puisque les aventures du Capitaine Nemo coïncident avec celles de Marie-Laure et de Werner ainsi lorsque la petite fille compte les chapitres qui lui restent à lire, elle est au chapitre neuf - comme nous lecteurs. 

"The ocean. The ocean! Right in front of her! So close all this time. It sucks and booms and splashes and rumbles; it shifts and dilates and falls over itself; the labyrinth of Saint-Malo has opened onto a portal of sound larger than anything she has ever experienced. Larger than the Jardin des Plantes, than the Seine, larger than the grandest galleries of the museum. She did not imagine it properly; she did not comprehend the scale. 
When she raises her face to the sky, she can feel the thousand tiny spines of raindrops melt onto her cheeks, her forehead. She hears Mme Manec's raspy breathing, and the deep sounding of the sea among the rocks, and the calls of someone echoing off the high walls (...). (p.231)

En plus d'être un excellent page-turner, c'est un livre au goût doux-amer qui vous ramène à l'enfance, loin des ordinateurs et des réseaux sociaux, au plaisir simple d'apprendre, tout en dénonçant l'absurdité de la guerre et en n'épargnant personne. 


All the light we cannot see, Fourth Estate, 530 pages.


Monday, August 10, 2015

Kinderzimmer

Las hojitas de los arboles se caen, viene el viento y las levanta y se ponen a baila.


C'est la berceuse espagnole, que Mila, alias Suzanne Langlois, déportée française à Ravensbrück va se répéter pendant tout le temps de sa déportation : les feuilles soulevées par la vent vont se mettre à danser.

Suzanne Langlois s'adresse à une classe de lycéens. Elle leur raconte, ce jour-là, lorsqu'elle et des milliers d'autres femmes marchent vers le camp.

Elle a tout juste vingt ans lorsqu’elle et son frère rejoignent la Résistance. Tous deux luttent à leur manière. Suzanne, sous le nom de Mila, accueille dans l'arrière boutique de son père (un homme amputé des jambes, vétéran de la 1ère guerre mondiale) des hommes du réseau, blessés. Ainsi accueille-t-elle une nuit un jeune anglais, dont elle ne connaît ni le nom, ni l'histoire mais dont le regard suffit à vouloir pendant une nuit, oublier la peur, la haine, la guerre. La voilà avec enfant. L'homme est reparti. Et Mila est arrêtée peu de temps après. Comme son frère, et sa cousine Lisette. Les deux jeunes femmes sont envoyées à Rungis où elles attendent de connaître leur sort. Nous sommes au printemps 1944 - elles apprennent leur déportation en Allemagne et les voilà embarquées, avec 40 000 autres femmes, de toute l'Europe vers le camp de Ravensbrück. Mila ignore même le nom du camp à son arrivée, où l'endroit où elle se trouve en Allemagne. Les coups de bâtons pleuvent, les ordres en allemand. Mila et Lisette sont tassées dans ces blocs, où elles doivent rapidement partager une paillasse. Elles finissent par retrouver les autres françaises qui vont peu à peu leur apprendre les ficelles - comment survivre dans l'Enfer. L'Enfer ce sont les autres - et cette phrase prend tout son importance lorsqu'il faut sans cesse se battre pour manger, ne pas avoir froid, ne pas tomber malade, et surtout ne pas se faire remarquer pour être envoyé à la mort. 

 "Pour Mila, rien n'a de nom encore. Des mots existent, qu'elle ignore, des des verbes, des substantifs pour tout, chaque activité, chaque fonction, chaque lieu, chaque personnel du camp. Un champ lexical, sémantique complet qui n'est pas de l'allemand et brasse les langues des prisonnières, l'allemand, le russe, le tchèque, le slovaque, le hongrois, le polonais, le français. Une langue qui nomme, quadrille, une réalité inconcevable hors d'elle-même, hors du camp, en traque chaque recoin comme un faisceau de torche. C'est une langue concentrationnaire, reconnaissable de Ravensbrück à Auschwitz, à Torgau, Zwodau, Rechlin, Petit Königsberg, sur tout le territoire du Reich."  (p21)

Très vite Mila comprend qu'elle vient d'arriver dans un monde où seuls les plus forts survivent. La promiscuité, la saleté, le manque d'hygiène, le froid, le manque de nourriture et de médicaments, tous ces éléments apportent leurs lots de maladie : le typhus, la dysenterie. La mort se répand à une vitesse vertigineuse comme les poux qui leur envahissent les cheveux. Mila n'a qu'une robe trop large, des chaussures trop grandes et sait aussi que porter la vie en elle est dangereux. Car les plus anciennes ont vite compris que les promesses de camp de travail à la campagne, plus au calme, ou que le Revier (l'infirmerie) sont tous des anti-chambres de la mort. N'ont-elles pas vu revenir au betrieb (l'atelier de confection) les vêtements portées par ces détenues parties un beau jour ? 

Mila lutte avec Lisette, sa cousine. Celle qui la connaît le mieux, celle qui a vu la mère de Mila se jeter du balcon un jour lorsque Mila avait 7 ans. Mila porte en elle la haine d'avoir été abandonnée. C'est peut-être ce sentiment qui lui permet de ne pas sombrer et puis cette vie, dont Mila n'arrive toujours pas à le croire, qui grandit en elle. Mila ne veut pas ressembler aux autres femmes, les cheveux rasés, le visage cerné, la peau jaune, le corps décharné. Mila et Lisa partagent la même couchette, couchées tête-bêche, les deux jeunes femmes veulent se souvenir de Mantes, de leurs parents, de leur enfance. Et espérer. Mais la dysenterie, puis le typhus répandent leurs doses de venin. Lisette est touchée, comme d'autres. De son côté, Mila, élevée par son unique père, ignorait tout des règles, des choses "féminines" et en sait encore moins d'une grossesse. C'est Georgette, une des plus âgées et anciennes du camp, qui lui, un jour, dessine l'anatomie humaine, qui lui raconte ses 4 grossesses et accouchements. Georgette qui la rassure, mais aussi Georgette qui préfère suivre sa soeur, condamnée à mort. Elle abandonne Mila. Comme Lisette qui se meurt. Pourtant Mila refuse de ne pas dormir avec elle, elles dorment en cuillère dorénavant. Et puis un matin, le bras de Lisette est inerte. 




Mila croyait vouloir mourir, elle ne croit pas une seconde que son enfant survivra, d'ailleurs a-t-elle vu un seul bébé dans le camp, une seule femme enceinte ? Non, jamais. Alors elle se cache jusqu'à l'arrivée de Teresa, une jeune femme franco-polonaise.Les deux deviennent inséparables et Teresa lui donne la force de continuer. Elle sent la vie, minuscule, fragile dans le ventre de Mila. L'automne est là, le froid. Des milliers de nouvelles déportées arrivent chaque jour, russes, tchèques, polonaises ... Les morts sont aussi nombreuses. Les abcès, ulcères, lésions, bubons, kystes, ganglions, tumeurs viennent s'installer sur ces corps maigres et les emportent en quelques nuits. Lisette refusera longtemps d'aller au Revier (à l'infirmerie) car là-bas on vous tue lui dit-on. L'entraide s'organise : les morceaux de charbon, de sucre, la nourriture pour les chiens, tout est bon, tout se vend, s'échange, se troque. 

"La nuit est pleine de chuchotements et de silence. Elle vient vite, se loge dans les creux du corps à peine allongé, dans le désir de l'oubli (...) Les châlits grincent dans le dortoir, ça râle, ça tousse, ça parle dans le sommeil et ça cauchemarde, on se figure un bateau, une cale pleine et la peste à bord, où les corps moitié vivants moitié morts sont étalés à même le sol. Et dès que ça se tait quelques secondes, la nuit de Ravensbrück retrouve son épaisseur. Le sommeil t'enfonce, te prend de toutes parts comme une eau, et u lui cèdes sans te débattre, il t'emplit entièrement. Mais avant ça, dans l'intervalle mince qui sépare la veille du sommeil, Teresa et Mila se faufilent dans les rues de Paris, de Cracovie, de Mantes, à défaut d'avenir elles ont un passé, lointain comme une enfance, territoire qu'elles dessinent, peuplent l'une pour l'autre dans le noir, avant l'inconscience ". (p.104)

Mila part travailler à l'atelier - il ne faut jamais travailler trop vite. Elle rapièce tous ces vêtements de guerre, déjà usés, tachés, déchirés - portant l'odeur de la mort. Les Allemandes savent qu'ils sont en train de perdre la guerre - les Russes avancent et pourtant les détenues affluent, les morts s'entassent. Mais Mila tient pour lui, ce petit être qui malgré tout va tenir. Et Mila va alors découvrir la Kinderzimmer - lieu presque irréel où sont gardés ces bébés, nés en détention. Mais ce lieu n'échappe ni au froid, ni au virus, et surtout au manque de nourriture. Car ces mères ont souvent très peu de lait à donner, et les boites de lait ne leur sont remises qu'à la mort d'un nouveau-né. Nouveaux, la plupart le resteront - leur espérance de vie ne dépasse pas trois mois. Le bébé de Mila va naître pourtant ....

Je ne vais pas en dire plus sous peine d'en trop révéler, mais de la mort, comme après un incendie, on voit parfois pousser une fleur, un pavot, un pivoine. J'ai emprunté ce livre dont le titre et la couverture m'avaient à plusieurs reprises fait signe. Lorsque je l'ai vu disponible à la BM (en rapportant mes précédents emprunts), je n'ai pas résisté. Ayant juste une valise (carry-on), je l'ai glissé car il ne faisait que 217 pages. Je l'ai lu en une journée, dans la navette vers l'aéroport puis dans l'avion. J'ai glissé une larme en pensant à ces milliers de femmes courageuses. A ces milliers de vies broyées, anéanties, gazées, brûlées pour rien. 

J'ai découvert également un style d'écriture cisaillé, précis, fin. Un style que j'ai beaucoup aimé, je ne connaissais pas Valentine Goby et je vais m'empresser de me renseigner sur ces autres ouvrages. Une lecture que je juge nécessaire, car même si j'ai déjà vu de nombreux documentaires, témoignages sur ce camps et les autres, Valentine Goby réussit ici le tour de force de nous faire vivre ces quelques mois au sein de l'Enfer et de nous raconter les bribes de conversation qui empêchent ces femmes de basculer dans le désespoir, vers la mort. Cette autre forme de résistance à l'indicible. Elle sait mettre des mots sur les maux. Un superbe livre.


Éditions Actes Sud, Kinderzimmer, 217 pages.



Saturday, August 8, 2015

Ma liste de curiosités





Comme j'en avais déjà échangé ci et là, la rentrée littéraire me fait ni chaud ni froid. Même si j'avoue que je suis toujours surprise par le nombre gigantesque de livres présentés (589 cette année je crois) et par la folie qui s'empare des médias. Je me demande comment les auteurs des premiers romans arrivent à glaner une part d'attention ?  

En effet, je prends généralement mes vacances en septembre et souvent à l'étranger, aussi je ne suis pas là lors du pic de la rentrée. De plus, jusqu'à présent, je lisais et connaissais peu de blogs dédiés aux livres aussi c'est surtout dans les médias que je suivais toute cette agitation, de loin.

Et puis surtout parce que jusqu'ici mes auteurs préférés, majoritairement étrangers ne font tout simplement pas partie du tohu-bohu de la rentrée (ainsi Erlendur débarque fidèlement en février).

Mais difficile de ne pas se prendre un peu au jeu en voyant fleurir un peu partout sur la toile les billets dédiés aux livres de la rentrée. Nous avons tous nos auteurs "chouchous" et grâce à vous, je ne cesse d'en découvrir des nouveaux (souvent français). Il y a aussi ce nouveau challenge (68 premières fois) qui consiste à partir à la découverte des premiers romans et le plus connu d'entre tous : s'engager à lire 1% des livres publiés (589 si je ne me trompe).

Et puis surtout, j'ai légèrement changé mon regard lorsque j'ai réalisé que mes maisons d'éditions préférées s'y mettaient aussi (Gallmeister, te reconnaitras-tu?). 

Contrairement à certaines chanceuses, qui par leur métier ou leurs réseaux auront la chance de recevoir (ou ont déjà reçu) ces livres, je reste une citoyenne lambda avec comme contraintes : l'argent et le temps.

L'argent car un livre neuf, broché, coûte cher (surtout si on veut en acheter une bonne dizaine), et le temps car il me reste à découvrir tous les autres livres sortis depuis un mois, six mois, un an, dix ans que je n'ai pas encore lus (ma Làl sur le site de la BM dépasse les 150 livres). Quelque part, je suis contente de ne pas recevoir une vingtaine de livres avec une date limite pour les lire ! Je préfère continuer à mon petit rythme. 

Néanmoins, j'avais envie de me faire ma propre opinion de la rentrée et pour la toute toute première fois, je suis allée faire le tour de plusieurs maisons d'éditions. J'y ai passé un certains temps, comme dirait ce cher Raynaud et me voici ressortir avec une liste de curiosités.

Mon budget va tout de suite me contraindre à n'en acheter que deux ou trois et attendre sagement que le Père Noël m'en apporte au pied du sapin le 24 décembre prochain.

Aussi, je commence tout doucement à réfléchir à ceux qui vont donc rejoindre ma besace, si petite soit-elle, en espérant ne pas être déçue ... et à tous les autres qui attendront d'être disponibles à la bibliothèque ou sortis en poche ou en vente en librairie de livres d'occasion .. et à ceux que j'aurais peut-être reçus par une voie providentielle ??!! (on peut rêver !)

Bien évidemment j'ai commencé par Gallmeister et Métailié et puis j'ai continué .. continué ! et évidemment la liste s'est allongée ;-)


Qui si je m'écoutais me ruinerait et m'empêcherait d'aller plus loin !







J'hésite encore entre l'Islande, le Salvador et l’Écosse ! 



Chez Stock
 
C'est la nuit à Fürstenfelde, avant la fête de la Sainte-Anne. Le village se couche de bonne heure. À l’exception du passeur – il est mort. Madame Kranz, l’artiste
peintre locale, ambitionne quant à elle de réaliser son premier tableau nocturne. Le sonneur et son apprenti veulent sonner les cloches. Monsieur Schramm, ancien
lieutenant-colonel de l’Armée nationale populaire, puis garde forestier, n’a pas encore décidé s’il allait acheter des cigarettes ou se mettre une balle dans le crâne. Ils ont tous une mission à accomplir avant la fin de la nuit.
Ils composent d’une voix ce roman, la mosaïque d’un village avec ses habitants de longue date et ses nouveaux venus, les morts et les vivants, les artisans, étudiants et chômeurs en T-shirt… Un festival.
 
Un roman choral, allemand à l'étrange atmosphère. Je suis curieuse.



Chez Actes Sud

Dans la ferme de l’Indiana qui l’a vue grandir, Constance jouit enfin, auprès de son compagnon, d’un bonheur tranquille. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate et que Bartholomew est appelé à rejoindre les rangs de l'armée de l'Union, c’est elle qui, travestie en homme, prend sans hésitation, sous le nom d’Ash Thompson, la place de cet époux que sa santé fragile rend inapte à une guerre qu’elle considère comme impensable de ne pas mener (...). 

J'avoue que ce roman me fait pas mal rêver ;-)



2 romans me font de l'oeil, en premier celui de Justin Peacock dont j'ai depuis longtemps envie de lire son premier livre Verdict (apparemment très approprié pour les fans de Damages comme moi) et Harry Crews dont j'achète au fur et à mesure tous les livres ;-)



 
Chez Seuil

Un américain, il le fallait bien ;-)

Lorsque Lola Faye surgit devant Luke pour lui faire signer un de ses livres, il panique. Que lui veut cette femme, responsable à ses yeux du drame de sa jeunesse ? Luke allait partir pour l’université quand le mari jaloux de Lola a abattu son père. Ce meurtre a précipité la mort de sa mère dépressive et ruiné ses propres ambitions. Sa conversation avec Lola va éclairer le passé d’un jour nouveau…


Né en 1947 aux États-Unis, Thomas H. Cook est salué comme l’un des plus grands auteurs de sa génération. Au lieu-dit Noir-Étang (prix Edgar Allan Poe 1996) et Les Leçons du mal sont notamment disponibles en Points.



Chez Albin Michel


Tous nos noms
Événement littéraire aux États-Unis, Tous nos noms est sans doute le livre le plus ambitieux de l’auteur des Belles choses que porte le ciel. Roman de la maturité, où l’évocation d’une amitié mise à mal par l’Histoire se confond avec le portrait d’un continent déchiré, il pousse plus loin encore l’exploration de l’exil et du déracinement.

La neige noire 
« Brillant et hypnotique, un roman dans lequel le lecteur plonge en se laissant habiter par les sons et les rythmes. Paul Lynch fait chanter chacune de ses pages comme le faisaient les grands maîtres. » Philipp Meyer  et si Philipp le dit ......
« Un roman sur une Irlande que je reconnais, et que devraient envier tous les écrivains. » Robert McLiam Wilson

 
Chez Gallimard

Parce que son premier roman ne m'avait pas laissé insensible (La physique des catastrophes), je me dis pourquoi pas ? (vous pouvez aussi lire un extrait sur le site de l'éditeur) :

Par une froide nuit d’octobre, la jeune Ashley Cordova est retrouvée morte dans un entrepôt abandonné de Chinatown. Même si l’enquête conclut à un suicide, le journaliste d’investigation Scott McGrath ne voit pas les choses du même œil. Alors qu’il enquête sur les étranges circonstances qui entourent le décès, McGrath se retrouve confronté à l’héritage du père de la jeune femme : le légendaire réalisateur de films d’horreur Stanislas Cordova – qui n’est pas apparu en public depuis trente ans. (....)
Jouant avec les codes du thriller, incluant dans son récit des documents, photographies, coupures de journaux ou pages web, Pessl nous entraîne dans une enquête vertigineuse autour de Stanislas Cordova et de sa fille, deux êtres insaisissables attirés par l’horreur et le mal.
L’inventivité de l’auteure et son goût indéniable pour les pouvoirs de la fiction font penser tour à tour à Paul Auster, Georges Perec, ou Jorge Luis Borges. Avec son style maîtrisé et ses dialogues incisifs, ce roman, sous l’apparence classique d’un récit à suspense, explore la part d’ombre et d’étrangeté tapie au cœur de l’humain.



Chez Gaïa 

Un drôle de roman dont l'extrait m'a plu, malgré le style de l'auteur qui privilégie les phrases très très longues C'est-à-dire qu'il faut être très patient pour voir arriver le point ;-)

Tom, onze ans, apprend la vie avec sa mère Lister, dans les beaux quartiers d’Oslo et la campagne lumineuse de la Norvège d’après-guerre. Lister peint des scènes bucoliques, elle est distante, elle est belle et fait jaser. Son amant à temps partiel, le Moine, qui fut enfant de l’assistance publique puis résistant, est revenu de déportation plein d’ombres et de douleurs. Tom l’adore.
Mais il y a aussi l’« oncle » Bobbie. Lister aime l’indolence de cet ancien pilote de guerre devenu zazou, pianiste de jazz et ouvreur de cinéma.
Lorsque déboule Helga, une costaude fille islandaise, les désirs fulgurants font voir des étoiles, jusqu’à la constellation d’Orion.
Un roman burlesque et viril, où il est question de pêche à la mouche, de course à pied et de ski de fond, servi par une écriture bouillonnante et irrévérencieuse.




Si un roman Zulma pouvait cette année égaler l’extase procurée par L’Ile du Point Némo, ce pourrait être ce somptueux pavé de 1152 pages ! Construit sur un principe de narration connu mais virtuose (quelques personnages réunis par une nécessité majeure dans un lieu clos se racontent des histoires pendant sept jours et sept nuits), il permet à Miquel de Palol un enchâssement de récits extraordinaires menant à la révélation d’un mystère final… Pour la taille de la bête et sa construction, une sacrée aventure de lecture en perspective !
(critique du blogueur Cannibal Lecteur cité sur le site de l'éditeur)

Le jardin des sept crépuscules m'attire et me fait peur tout à la fois :-)





Un roman autrichien dont la présentation me fait tout de suite voyager ! 

Bien souvent dans le restant de sa vie, Andreas Egger repensera à ce matin de février dix-neuf cent trente-trois où il a découvert le chevrier Jean des Cornes agonisant sur sa paillasse. Dans une hotte arrimée à son dos, il l’a porté au village, sur un sentier de montagne de plus de trois kilomètres enfoui sous la neige. Pour se remettre d’aplomb après cette course hallucinée, il fait halte à l’auberge : quand le corsage de Marie, la jeune femme qui lui sert son schnaps, effleure son bras, une petite douleur l’envahit tout entier.
(....)
Pris par la force visuelle de certaines scènes – la déclaration d’amour à Marie est un morceau d’anthologie –, et par une langue sobre et rythmée où chaque mot est pesé, on ne lâche pas ce saisissant portrait d’un homme ordinaire, devenu bouleversant parce qu’il ne se donne d’autre choix que d’avancer.


Chez les éditions de l'Olivier

Le dernier Richard Ford mais impossible de se procurer un visuel ou une présentation. Patience donc !

En aparté, je tenais à citer la maison d'éditions Écorce qui ne propose aucun livre à la rentrée mais dont la collection me fait furieusement de l'oeil depuis quelques jours .....  Elle propose (lisez leurs blogs) des livres dédiés à la terre, pas du nature writing saucé à la française mais des romans de sueur, de terre, de poussière... J'ai ajouté deux de leurs livre dans ma wish-list (dont le fameux Battues de Varenne dont je vous parle régulièrement).

 *  *  *

Au total, j'ai donc repéré 22 livres au gré de mes pérégrinations, dont : 

-    1 roman allemand
-    1 roman écossais
-    1 roman islandais
-    1 roman autrichien 
-    1 roman canadien
-    1 roman espagnol
-    1 roman norvégien
-    1 roman irlandais
-    1 roman salvadorien
-  13 romans américains

Un joli tour du monde, non ?

Ce billet me permettra lors de mes virées à la BM ou en librairie d'occasion de faire tilt en voyant ces livres à défaut d'avoir pu les lire à leur sortie. 

J'avoue que j'en ai quand même 5 qui me font vraiment de l’œil dont 2 ou 3 qui, si je suis sage, rejoindront probablement ma besace en octobre prochain (car tous ne sortent pas en septembre, certains prennent leur temps). Avez-vous deviné lesquels ?

Et vous en voyant cette sélection, totalement subjective, votre curiosité est-elle aiguisée ? Avez-vous repéré les mêmes ? ou pas du tout ? Comment vivez-vous cette "rentrée" ?