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Monday, August 10, 2015

Kinderzimmer

Las hojitas de los arboles se caen, viene el viento y las levanta y se ponen a baila.


C'est la berceuse espagnole, que Mila, alias Suzanne Langlois, déportée française à Ravensbrück va se répéter pendant tout le temps de sa déportation : les feuilles soulevées par la vent vont se mettre à danser.

Suzanne Langlois s'adresse à une classe de lycéens. Elle leur raconte, ce jour-là, lorsqu'elle et des milliers d'autres femmes marchent vers le camp.

Elle a tout juste vingt ans lorsqu’elle et son frère rejoignent la Résistance. Tous deux luttent à leur manière. Suzanne, sous le nom de Mila, accueille dans l'arrière boutique de son père (un homme amputé des jambes, vétéran de la 1ère guerre mondiale) des hommes du réseau, blessés. Ainsi accueille-t-elle une nuit un jeune anglais, dont elle ne connaît ni le nom, ni l'histoire mais dont le regard suffit à vouloir pendant une nuit, oublier la peur, la haine, la guerre. La voilà avec enfant. L'homme est reparti. Et Mila est arrêtée peu de temps après. Comme son frère, et sa cousine Lisette. Les deux jeunes femmes sont envoyées à Rungis où elles attendent de connaître leur sort. Nous sommes au printemps 1944 - elles apprennent leur déportation en Allemagne et les voilà embarquées, avec 40 000 autres femmes, de toute l'Europe vers le camp de Ravensbrück. Mila ignore même le nom du camp à son arrivée, où l'endroit où elle se trouve en Allemagne. Les coups de bâtons pleuvent, les ordres en allemand. Mila et Lisette sont tassées dans ces blocs, où elles doivent rapidement partager une paillasse. Elles finissent par retrouver les autres françaises qui vont peu à peu leur apprendre les ficelles - comment survivre dans l'Enfer. L'Enfer ce sont les autres - et cette phrase prend tout son importance lorsqu'il faut sans cesse se battre pour manger, ne pas avoir froid, ne pas tomber malade, et surtout ne pas se faire remarquer pour être envoyé à la mort. 

 "Pour Mila, rien n'a de nom encore. Des mots existent, qu'elle ignore, des des verbes, des substantifs pour tout, chaque activité, chaque fonction, chaque lieu, chaque personnel du camp. Un champ lexical, sémantique complet qui n'est pas de l'allemand et brasse les langues des prisonnières, l'allemand, le russe, le tchèque, le slovaque, le hongrois, le polonais, le français. Une langue qui nomme, quadrille, une réalité inconcevable hors d'elle-même, hors du camp, en traque chaque recoin comme un faisceau de torche. C'est une langue concentrationnaire, reconnaissable de Ravensbrück à Auschwitz, à Torgau, Zwodau, Rechlin, Petit Königsberg, sur tout le territoire du Reich."  (p21)

Très vite Mila comprend qu'elle vient d'arriver dans un monde où seuls les plus forts survivent. La promiscuité, la saleté, le manque d'hygiène, le froid, le manque de nourriture et de médicaments, tous ces éléments apportent leurs lots de maladie : le typhus, la dysenterie. La mort se répand à une vitesse vertigineuse comme les poux qui leur envahissent les cheveux. Mila n'a qu'une robe trop large, des chaussures trop grandes et sait aussi que porter la vie en elle est dangereux. Car les plus anciennes ont vite compris que les promesses de camp de travail à la campagne, plus au calme, ou que le Revier (l'infirmerie) sont tous des anti-chambres de la mort. N'ont-elles pas vu revenir au betrieb (l'atelier de confection) les vêtements portées par ces détenues parties un beau jour ? 

Mila lutte avec Lisette, sa cousine. Celle qui la connaît le mieux, celle qui a vu la mère de Mila se jeter du balcon un jour lorsque Mila avait 7 ans. Mila porte en elle la haine d'avoir été abandonnée. C'est peut-être ce sentiment qui lui permet de ne pas sombrer et puis cette vie, dont Mila n'arrive toujours pas à le croire, qui grandit en elle. Mila ne veut pas ressembler aux autres femmes, les cheveux rasés, le visage cerné, la peau jaune, le corps décharné. Mila et Lisa partagent la même couchette, couchées tête-bêche, les deux jeunes femmes veulent se souvenir de Mantes, de leurs parents, de leur enfance. Et espérer. Mais la dysenterie, puis le typhus répandent leurs doses de venin. Lisette est touchée, comme d'autres. De son côté, Mila, élevée par son unique père, ignorait tout des règles, des choses "féminines" et en sait encore moins d'une grossesse. C'est Georgette, une des plus âgées et anciennes du camp, qui lui, un jour, dessine l'anatomie humaine, qui lui raconte ses 4 grossesses et accouchements. Georgette qui la rassure, mais aussi Georgette qui préfère suivre sa soeur, condamnée à mort. Elle abandonne Mila. Comme Lisette qui se meurt. Pourtant Mila refuse de ne pas dormir avec elle, elles dorment en cuillère dorénavant. Et puis un matin, le bras de Lisette est inerte. 




Mila croyait vouloir mourir, elle ne croit pas une seconde que son enfant survivra, d'ailleurs a-t-elle vu un seul bébé dans le camp, une seule femme enceinte ? Non, jamais. Alors elle se cache jusqu'à l'arrivée de Teresa, une jeune femme franco-polonaise.Les deux deviennent inséparables et Teresa lui donne la force de continuer. Elle sent la vie, minuscule, fragile dans le ventre de Mila. L'automne est là, le froid. Des milliers de nouvelles déportées arrivent chaque jour, russes, tchèques, polonaises ... Les morts sont aussi nombreuses. Les abcès, ulcères, lésions, bubons, kystes, ganglions, tumeurs viennent s'installer sur ces corps maigres et les emportent en quelques nuits. Lisette refusera longtemps d'aller au Revier (à l'infirmerie) car là-bas on vous tue lui dit-on. L'entraide s'organise : les morceaux de charbon, de sucre, la nourriture pour les chiens, tout est bon, tout se vend, s'échange, se troque. 

"La nuit est pleine de chuchotements et de silence. Elle vient vite, se loge dans les creux du corps à peine allongé, dans le désir de l'oubli (...) Les châlits grincent dans le dortoir, ça râle, ça tousse, ça parle dans le sommeil et ça cauchemarde, on se figure un bateau, une cale pleine et la peste à bord, où les corps moitié vivants moitié morts sont étalés à même le sol. Et dès que ça se tait quelques secondes, la nuit de Ravensbrück retrouve son épaisseur. Le sommeil t'enfonce, te prend de toutes parts comme une eau, et u lui cèdes sans te débattre, il t'emplit entièrement. Mais avant ça, dans l'intervalle mince qui sépare la veille du sommeil, Teresa et Mila se faufilent dans les rues de Paris, de Cracovie, de Mantes, à défaut d'avenir elles ont un passé, lointain comme une enfance, territoire qu'elles dessinent, peuplent l'une pour l'autre dans le noir, avant l'inconscience ". (p.104)

Mila part travailler à l'atelier - il ne faut jamais travailler trop vite. Elle rapièce tous ces vêtements de guerre, déjà usés, tachés, déchirés - portant l'odeur de la mort. Les Allemandes savent qu'ils sont en train de perdre la guerre - les Russes avancent et pourtant les détenues affluent, les morts s'entassent. Mais Mila tient pour lui, ce petit être qui malgré tout va tenir. Et Mila va alors découvrir la Kinderzimmer - lieu presque irréel où sont gardés ces bébés, nés en détention. Mais ce lieu n'échappe ni au froid, ni au virus, et surtout au manque de nourriture. Car ces mères ont souvent très peu de lait à donner, et les boites de lait ne leur sont remises qu'à la mort d'un nouveau-né. Nouveaux, la plupart le resteront - leur espérance de vie ne dépasse pas trois mois. Le bébé de Mila va naître pourtant ....

Je ne vais pas en dire plus sous peine d'en trop révéler, mais de la mort, comme après un incendie, on voit parfois pousser une fleur, un pavot, un pivoine. J'ai emprunté ce livre dont le titre et la couverture m'avaient à plusieurs reprises fait signe. Lorsque je l'ai vu disponible à la BM (en rapportant mes précédents emprunts), je n'ai pas résisté. Ayant juste une valise (carry-on), je l'ai glissé car il ne faisait que 217 pages. Je l'ai lu en une journée, dans la navette vers l'aéroport puis dans l'avion. J'ai glissé une larme en pensant à ces milliers de femmes courageuses. A ces milliers de vies broyées, anéanties, gazées, brûlées pour rien. 

J'ai découvert également un style d'écriture cisaillé, précis, fin. Un style que j'ai beaucoup aimé, je ne connaissais pas Valentine Goby et je vais m'empresser de me renseigner sur ces autres ouvrages. Une lecture que je juge nécessaire, car même si j'ai déjà vu de nombreux documentaires, témoignages sur ce camps et les autres, Valentine Goby réussit ici le tour de force de nous faire vivre ces quelques mois au sein de l'Enfer et de nous raconter les bribes de conversation qui empêchent ces femmes de basculer dans le désespoir, vers la mort. Cette autre forme de résistance à l'indicible. Elle sait mettre des mots sur les maux. Un superbe livre.


Éditions Actes Sud, Kinderzimmer, 217 pages.



Thursday, July 23, 2015

Jeu de piste !

Je suis partie pour ce pays et en particulier cette cité légendaire. Au lieu de vous donner le nom immédiatement, j'ai décidé d'inventer un petit jeu de piste afin que vous puissiez deviner ma destination. 

Même si ce blog est essentiellement littéraire, je classe ce billet dans la catégorie Miscellanées et je ne m'éloigne pas des livres puisque ce lieu regorge de bibliothèques et de librairies. Qu'il est aussi le lieu où d’éminents écrivains ont étudié et/ou enseigné. Bref, un lieu qui ne peut que plaire aux amoureux des livres (et des enquêtes policières puisque 2 policiers célèbres y ont et mènent encore leurs enquêtes). 

Une idée ?

Je n'ai jamais lu un seul livre de cette saga aussi je me fie sur les internautes pour ce premier indice ...
L'auteure britannique a sûrement puisé dans ces lieux magiques l'inspiration pour certaines scènes de son récit. 


Dans ce même lieu, on y voit les jeunes héros emprunter plusieurs fois cet escalier immense ..


Son père était le doyen de cette université. L'un des professeurs créa un monde merveilleux en s'inspirant d'elle (et en lui donnant le même prénom) et l'animal toujours en retard n'est autre qu'une représentation du doyen (qui ne finissait jamais ses repas et sortait du réfectoire par une porte dérobée).
(PS : je suis raide dingue de cette photo)


Il fut élève puis professeur (Beowulf) dans ce magnifique collège. 
J'ai vraiment hâte de marcher dans ses pas !


Tout jeune sur ce portrait - difficile d'imaginer qu'il allait inventer un monde qui fait encore à ce jour rêver des millions de personnes, dont moi la première. Il y reviendra comme professeur et surtout il se mettra à la dure tâche de l'écriture de ce récit .. qui lui prendra 11 ans de sa vie ! 


Plus tard il aimera fréquenter ce pub en compagnie d'un autre écrivain célèbre, prolixe, converti au catholicisme dont les chroniques allaient le rendre célèbres. 
Écrivain aussi passionné de fantasy que lui mais avec qui il se fâchera malheureusement ... 


Parlons pubs justement, c'est dans cette même ville que nos chers policiers anglais,  Endeavour (jeune ou vieux) ou plus récemment le tout jeune retraité Robert L. accompagné de son bras-droit Hathaway aiment venir boire une bière et discuter de leurs enquêtes, le long de l'Isis. 


Pour ma part, je compte bien découvrir les 25 000 ouvrages de cette célèbre librairie, en plus de tous ces lieux mythiques !


Alors, avez-vous découvert l'endroit où je vais passer quelques jours ?

Et le nom des inspecteurs ? Des auteurs ? Du pub ? Du collège ?

De retour en milieu de semaine prochaine, soyez sages d'ici là !

Tuesday, July 21, 2015

Miscellanées

Et de retour avec le troisième numéro de Miscellanées.  Cette fois-ci je ne pense plus avoir à expliquer cette chronique. Mes courtes vacances approchent mais en attendant je suis toujours présente et je voulais revenir vers vous au sujet de deux ou trois thèmes qui font quelque peu parler en ce moment (sur la blogosphère mais également dans tous les médias). 

  1. En premier lieu, la sortie du dorénavant très controversé Go set a watchman d'Harper Lee. Pour ceux qui n'auraient pas suivi l'histoire, le premier chapitre de la suite de To Kill a mocking bird a été publié (il est disponible en anglais sur le site de The Guardian et en audio avec la voix nasillarde de Reese Witherspoon. J'ai profité d'une balade avec ma mini saucisse à l'ombre des arbres pour écouter la version audio. L'action se déroule vingt ans après le premier roman lorsque Scout, installée à New York, retourne dans sa ville natale rendre visite à son père, Atticus Finch, alors âgé de 72 ans. Pour ceux qui comme moi attendaient avec impatience la sortie de ce livre, ce premier chapitre est prometteur, on retrouve les personnages que l'on aime et on est évidemment choqué d'apprendre le décès de...  (je ne dis rien), mais ce qui a créé ces derniers jours une véritable controverse est la chronique du New York Times qui révèle que l'homme juste qu'était Atticus Finch est devenu raciste.


    Il assiste à des réunions du Ku Klux Klan et dit à sa fille de se méfier des "Negroes". Que s'est-il-passé pour que le défenseur d'un homme noir noir, injustement arrêté pour le viol d'une femme blanche devienne raciste ?  En premier lieu, rappelez-vous que la romancière américaine a écrit ce livre avant d'écrire To Kill a Mockingbird. Et que son écriture comme l'action se situent dans les années 50 où la ségrégation est encore légale et pratiquée dans le Sud.  J'ai préféré lire les premières critiques de lecteurs et ils sont enthousiastes car malgré tout le livre se tient et Scout est là pour apporter un regard sur son père et sur ses idées. Et Atticus Finch reste Atticus Finch. J'ai pré commandé le livre (que je lirai normalement en fin d'été).

  2. La rentrée littéraire approche à grand pas. Cet été des centaines de personnes (critiques professionnels et amateurs) dévorent tous les romans pour nous inonder à la rentrée ....
    Mais revenons au sujet de ma chronique : j'ai lu hier un article intéressant sur une blogueuse (qui travaille dans le domaine de l'édition) et qui lisait livre après livre, comptait le nombre de pages lues .. mais au final, oubliait chaque livre car elle ne plongeait jamais réellement dans l'histoire. Son rythme (30 à 60 pages par heure) étant plus important que l'exercice même de la lecture. Et puis, elle est tombée sur un os : le recueil de nouvelles d'une romancière dont le style (plus de 20 nouvelles très courtes) l'a forcée à s'arrêter, puis lire et relire les mêmes phrases pour que "la digestion" se fasse. Elle a eu pour réaction de paniquer (prenant énormément de retard dans son planning effréné de 4 livres par semaine), mais au final elle a réussi à retrouver le sens même du plaisir de la lecture. De sa signification. Et nous explique à quel point on peut se laisser avaler par cette pression permanente ...


    Pour ma part, je lis vite - je suis dans la moyenne haute. Mais je lis tout, je ne fais pas de lecture rapide qui consiste à lire la première et la dernière phrase d'un chapitre, non je lis tout mais vite.  Et je lis à mon rythme. Je peux passer (comme ce fut le cas pour The Homesman) une semaine sur un livre et parfois seulement un ou deux jours.  J'ai un programme de lecture mais je ne me force jamais à lire "pour lire". Non, et puis c'est le signe chez moi que je n'y trouve pas de plaisir - or un livre, s'il est bon, doit vous donner envie de vous y plonger, d'y revenir sans cesse, de ne pas lâcher les personnages comme ce fut le cas avec Le chant des plaines de Kent Haruf. Et le meilleure livre, c'est celui où je repousse la lecture des deux ou trois dernières pages, car je sais que je vais devoir quitter des personnages auxquels je me suis profondément attachés.

    En lisant l'article de cette blogueuse américaine, je me suis demandée comment faisait les critiques littéraires à l'approche de la rentrée (plus de 600 livres si je ne me trompe), j'avais lu ci et là que certains ne lisaient que deux ou trois chapitres pour émettre ensuite un avis dit "complet". J'ai appris qu'à Canal +, le présentateur lit deux ou trois pages (oui ..) pour juger un livre .....

    Sujet différent mais proche, j'ai vu l'autre soir un reportage sur les guides touristiques. Il suivait celle qui s'occupait du Guide du Routard pour l'Espagne et j'ai été choquée de voir qu'elle ne passait que deux jours à Madrid (ou Barcelone), ne dormait jamais dans les chambres d'hôtels qu'elle notait, et enchainait deux ou trois bars à tapas en un soir et hop la mise à jour était faite ! Quelle horreur ! Tout doit aller vite et au détriment d'une véritable expérience.  Pour revenir aux livres, ils méritent qu'on s'y arrête, qu'on s'y reprenne. Qu'on les pose puis qu'on aille les reprendre.

    Je sais que les médias vont nous inonder de billets à la rentrée. Je comprends ceux qui son fidèles à des auteurs qui ne sortent leurs nouveaux romans qu'à l'occasion de la rentrée. Mais dans l'ensemble, je n'en fais pas partie (vous l'aurez remarqué en lisant mon blog) donc de fait tout ceci m'intéresse peu. C'est quand même étrange ce jeu de course hexagonal, non ? En attendant, je vois trois livres qui m’intéressent et sont tous américains (méchant Gallmeister qui les sort à cette occasion !). Sans doute iront-ils tous droit sur ma lettre au Père Noël sauf si je craque en lisant telle ou telle chronique (d'un blog) élogieuse !
     
  3. Dernier point : mes étagères explosent et je parle pas de livres conservés dans des boites en carton. J'ai décidé de faire le tri, oui - moi qui n'arrive jamais à donner des livres, il est temps ! J'ai eu une longue période thrillers (dans les années 2000) et surtout je lisais principalement en anglais. J'avais conservé tous ces livres mais je réalise aujourd'hui que, je ne relirais probablement jamais ceux que j'ai lus et les autres attendent depuis trop longtemps pour trouver le chemin de mon regard.


    Je ne sais pas combien de livre vont ainsi partir vers une nouvelle destination (pas la poubelle non, ça jamais !) soit Emmaüs, soit une librairie d'occasion, ou le bon coin ? Ou Amazon ? Je n'ai jamais fait ça. Je me demandais juste si ça pouvait intéresser certains d'entre vous, mes lecteurs ? Je vous préviens, on sera loin de Kem Nunn ou McCarthy !  Mais je pensais peut-être proposer la liste avant de les donner ou les revendre ? Qu'en pensez-vous ? Et si je les vends ça ne sera pas cher (je ne comprends pas le principe de revendre pratiquement au même prix qu'un neuf). Mes livres sont en général bien conservés sauf évidemment quand ils proviennent déjà d'une librairie d'occasion. Bref, je papote .. Il faut surtout que je me lance et ça va faire mal, car j'adore mes livres. Au final, il se peut que je n'en laisse partir que quatre ou cinq ! 

    4.   Pour finir, je partage le même voeu qu'Amanda Patterson, l'auteur de ce dessin - pas vous ?

Copyright Amanda Patterson "Oh I wish I could"



Friday, July 17, 2015

Challenge Canada (mise à jour)



C'est Marie-Claude qui m'a poussé à faire ce challenge en douze romans et je ne regrette pas ! Il m'aura fallu du temps pour trouver des livres prenant place dans chacune des provinces et territoires canadiens. J'ai choisi les mêmes pour les territoires du Nord au départ, n'ayant que peu de connaissances sur les écrivains canadiens et lui faisant confiance. J'avais par contre déniché, après quelques heures sur la toile, d'autres auteurs pour les autres provinces. Entre temps, Marie-Claude a essuyé quelques échecs qui m'ont fait réfléchir à ce challenge. 

Pas de grand changement si ce n'est pour le Manitoba Les Troutman volants de Miriam Toews prévus à l'origine ont déçu mon amie québécoise. 

Et fait étrange .. j'ai commandé La mémoire des pierres de Carole Shields et surprise Marie-Claude a fait pareil ! La couverture du livre est quelque peu décevante donc je vous montre une autre version car je préfère me concentrer sur l'histoire :

Daisy Goodwill est née dans le Manitoba en 1905, et c'est en Floride qu'elle décède dans les années 90. Carole Shields va suivre ce personnage ordinaire, née au début du siècle, élevée par son père tailleur de pierres voyageant à travers le Nouveau Monde. Mariée deux fois, veuve deux fois et mère de trois enfants Shields fait de Daisy une héroïne des temps modernes. Elle va incarner ce siècle foisonnant, changeant et évoluant sans cesse à travers ses joies et malheurs. 

J'espère ne pas être déçue, les critiques sont élogieuses donc je pars assez sereinement surtout que l'auteur a reçu pour cet ouvrage le Prix Pulitzer en 1995 ! Un an après Annie Proulx et son merveilleux Noeuds et Dénouements.

Deuxième changement : le Saskatchewan où j'ai pour ma part, trouvé le livre Un oiseau dans la maison de Margaret Laurence.  Ce titre vous parle ? Oui, si vous lisez le blog de Marie-Claude. En fait, lors de la parution de son billet, nous échangions à travers les commentaires et j'avais passé une soirée à rechercher des auteurs canadiens célèbres (Wikipedia) et j'avais trouvé Carole Shields et Margaret Laurence. J'ai hésité entre plusieurs titres pour cette dernière mais mon choix s'est finalement porté sur l'histoire de cet enfant.


A l'âge ingrat de douze ans, Vanessa McLeod vacille au bord du gouffre séparant l'enfance de l'adolescence. Prise entre ces deux mondes, celle qui "déteste le fait d'être si jeune" grandit dans une imposante maison de briques où elle est un témoin privilégié de la vie qui bat au sein du nid familial. En huit histoires qui forment autant d'étapes d'un parcours menant à l'âge adulte et jalonné d'épreuves, de petits miracles et de grands deuils, elle se fera la chroniqueuse d'un clan fascinant, miné par la maladie et la folie. 

Les Editions Joëlle Losfeld ont choisi de publier ce dernier opus. Sachez que l'auteur a créé une ville imaginaire, Manawaka, où se déroulent plusieurs de ses romans dont celui-ci. Pas d'ordre de lecture à suivre. Tant mieux. 

Si je tombe amoureuse du style, je vais m'empresser de me procurer les autres. 




Normalement, je ne devrais plus toucher à ce challenge - en sachant qu'il me manque encore les ouvrages pour le Territoire du Nord-Ouest, le Québec et le Nunavut. Si je n'arrive pas à les dénicher, j'irai piocher chez Marie-Claude !

Wednesday, July 15, 2015

The Homesman

J'avais déjà vu l'excellente adaptation cinématographique signée Tommy Lee Jones lorsque j'ai entamé ma lecture de mon deuxième roman de Glen Swarthout. J'adore les western même celui-ci, sorte d'ovni puisqu'ici il n'est ni question d'Indiens, de scalp ou de chasseurs de bisons. Swarthout nous offre un drôle de voyage :  en 1855, un convoi quitte l'Ouest sauvage (futur état du Nebraska) pour l'Est, retour vers les terres civilisées de l'Iowa,  à Hebron. Composé de 5 femmes et d'un homme, le convoi prend ainsi le chemin inverse de milliers de migrants, hommes, femmes et enfants partis se procurer de nouvelles terres, plein d'espoir, vers l'Ouest etrepoussant sans cesse la "frontière". 

L'héroïne, Mary Bee Cuddy est considérée comme une vieille fille. Âgée de 31 ans et considérée trop autoritaire et laide,  elle n'a toujours pas trouvé mari. Elle enseigne dans une petite bourgade sauvage de l'Ouest, frappée en cette saison par un hiver qui refuse de s'en aller. Tempête de neige sur tempête de neige. Mary Bee a appris à gérer seule la tenue de son ranch. Monter à cheval, manier les armes, s'occuper des bêtes - rien ne lui fait peur. Pieuse, elle prend conseil auprès du Révérend Dowd et désespérée propose à un des ses voisins, plus jeune, de l'épouser. Premier refus. Mary Bee Cuddy ne conçoit pas le mariage comme un acte d'amour mais comme un contrat : deux personnes partageant les mêmes objectifs et s'entraidant. Bafouée, la jeune femme apprend par Dowd que sa seule amie (kilomètres à la ronde) Theoline Belknap a perdu la raison, après avoir accouché, à 43 ans d'un troisième enfant. Elle l'a laissé mourir de froid et est plongée depuis dans un terrible mutisme.

Dowd apprend à Cuddy que ce phénomène s'étend sur toute la région et que trois autres femmes sont également devenues folles, Gro Svendsen qui a essayé d'assassiner son époux, Hedda Petzke, catatonique depuis une violente attaque de loups et Arabella Sours qui a perdu ses trois enfants. Incapables de tenir leur maison correctement, de prendre soin de leur progéniture et de leur mari, elles sont devenues des fardeaux. Dowd a eu connaissance d'un précédent convoi qui a emmené ces femmes vers la civilisation, à Hebron en Iowa. Il propose aux 4 époux de payer pour leurs frais de voyage, de préparer des lettres à leurs familles (la plupart sont originaires de l'Est et ont encore de la famille là-bas). Le cas échéant, l'Iowa possède un asile. Le révérend propose de tirer au sort pour désigner la personne chargée d'emmener ces femmes. 


Le sort désigne Belknap mais l'époux se dérobe, il refuse net de partir. Mary Bee Cuddy propose alors de le faire à sa place. Qu'une femme le fasse parait fort peu raisonnable mais les époux n'ont pas d'autres choix. Une question de survie. Ces femmes leur demandent de l'attention, du temps qu'ils n'ont pas. Cuddy réalise cependant son erreur et trouve sur son chemin, un homme dont la vie ne tient qu'à une corde. Bandit, voleur, George Briggs, la cinquantaine, a été battu puis on lui a passé la corde au cou, les mains attachées dans le dos, il est en vie car sa monture n'a pas encore jugé bon de l'abandonner. En échange de la promesse de l'accompagner jusqu'à Hebron, Cuddy le libère. La cohabitation s'avère au départ difficile. L'homme rechigne à la tâche, il n'éprouve aucune sympathie pour ces femmes qu'ils jugent responsables de leurs situations. La neige succède à la neige et c'est en compagnie de ces compagnons de voyage étranges et deux mules que le convoi se met en route. 

"Soon, however Mrs Svendsen began to wail again, and was echoed by another woman, then another, and presently the voices of all four,  Gro Svendsen and Hedda Petzke and Arabella Sours and Theoline Belknap, joined in discord. It was a lament such as these silent lands had seldom heard. It was a plaint of such despair that it rent the heart and sank teeth into the soul. (..) It was as though the tragic creatures in the wagon could now, finally, discern what was happening to them : that they were being torn apart from everyone they loved, their men, their children born and unborn; and from everything they loved, their flower seeds and best bonnets and wedding rings - never to return". (p. 104)

Cinq semaines de voyage où ils vont devoir affronter toutes sortes d'obstacles, principalement cet hiver très rude, la nature peu complaisante et croiser en chemin des indiens. Mary Bee se sent proche de ces épouses, esseulées, malheureuses. L'une d'elle, aux accès de violence incontrôlables n'a pas su donner à son mari d'enfant. Chose impensable en ces temps. Forcée au devoir conjugal quotidiennement, elle n'éprouve plus d'amour pour son conjoint et développe peu à peu une haine féroce à son encontre. Le décès de sa mère, seule protection, va faire basculer la jeune femme. Idem pour Arabella dont les trois enfants vont tous décéder en moins de deux jours de la diphtérie. Que dire de Theoline dont l'époux a eu vite fait de lui trouver une remplaçante, âgée de 17 ans ? La Conquête de l'Ouest se fera sur leur sang, leurs tripes. Les femmes ne sont là que pour donner des fils et des filles en âge de travailler, tenir la maison, le poulailler. Elles ne sont que du bétail.

Cuddy se voit aussi abandonnée, par les hommes. Trompée, rejetée - éprouvée par ce voyage où elle perd tous ses repères, elle sombre peu à peu.


Je n'en dirais pas plus, mais sachez que Swarthout réalise un vrai tour de force. Non seulement en nous plongeant dans cette époque, mythique de l'Ouest, totalement méconnue du lecteur - on est très loin de la joie de vivre de la Petite Maison de la Prairie, ici Dame Nature donne mais reprend tout. Ces femmes, nées à l'Est, élevées dans des villes civilisées se retrouvent soudainement seules à affronter l'attaque des loups affamés (comme Mrs Petzker), la maladie de leurs enfants, les récoltes brûlées ou l'aridité de la terre. Chaque jour, elles doivent assurer le dur labeur quotidien sans jamais se plaindre.  Incapables d'exprimer la moindre émotion au début du voyage, la distance physique avec l'origine de leurs malheurs va avoir un effet positif. Les femmes ne se lamentent plus, se laissent soigner, emmener et vont trouver chez Briggs la protection et la sécurité dont elles ont besoin. Et Dame Nature leur offre les premiers signes du printemps.

Si Mary Bee Cuddy perd peu à peu confiance en elle, l'homme qu'elle juge rustre, sauvage, mal élevé, sans foi ni loi va peu à peu s'éveiller au monde et ce voyage va transformer Briggs en une personne qu'il n'aurait jamais soupçonné être un jour. Ainsi on comprend mieux le titre du livre, The Homesman - néologisme créé par Swarthout pour désigner cet homme chargée de ramener ces femmes dans leur foyer d'origine, à l'Est. (Traduit "le rapatrieur" dans la version française). La frontière invisible semble ainsi séparer ainsi le monde : La folie à l'Ouest, la raison à l'Est. 

Décidément, ce Swarthout a tout pour me plaire ! Quel plaisir de lire ses mots, ses textes. Hâte de découvrir ses autres écrits. Vous l'aurez donc deviné, encore un gros coup de cœur pour moi ! 

PS : J'avais beaucoup aimé l'adaptation cinématographique et étrangement je ne me suis souvenue de la troisième partie que peu de "pages" avant celle-ci (pourtant il s'en passe des choses, que je vous tais volontairement). Tommy Lee Jones et Hilary Swank ont parfaitement rempli leurs missions et je n'ai eu cesse de revoir pendant ma lecture le visage de ces deux êtres bafoués par la vie mais foncièrement bons. 


Éditions Simon and Schuster, The Homesman,  lu en anglais, 278 pages


Monday, July 13, 2015

(Mini) craquage de slip ! Bis



EDIT : Oops .. figurez-vous que j'ai croisé sur mon chemin .. ma librairie d'occasion préférée ! Bon impossible de trouver le livre que je cherchais (à croire que certains auteurs restent définitivement dans les étagères, tant mieux pour eux!) mais j'ai trouvé d'autres pépites qui portent donc à 12 mes achats (oui Gab, 12...)

Un mini ce coup-ci mais du beau et du neuf ! La faute à ... personne ! Me voilà dans les rayons de la libraire, incapable de m'arrêter ! Et à la toute fin deux jolis cadeaux. De quoi bousculer mon été ! 


1. La colline des Potences de Dorothy M.Johnson : j'avais déjà adoré son premier recueil de nouvelles Contrée indienne aussi impossible de résister à cette nouvelle édition, signée Gallmeister, of course. Je continue ainsi ma conquête de l'Ouest personnelle ! 10 nouvelles à dévorer. 

2. Julius Winsome de Gerard Donovan : découvert grâce à Marie-Claude dans un billet très très alléchant célébrant le retour à la nature. Je sais qu'il s'agit ici d'un roman noir, et moi qui adore mon chien je vais souffrir avec le personnage principal  ;-)

3. Duane est dépressif de Larry McMurtry : je lis chaque McMurtry avec plaisir, je prends mon temps, j'ai encore deux ouvrages de lui qui m'attendent. Je ne me suis jamais remise du cultissime Lonesome Dove. et je n'ai pas pu résister à me procurer cet ouvrage.  Je viens de réaliser que ce livre fait aussi partie du même billet de Marie-Claude. D'une pierre deux coups !



4. Alphabet city d'Eleanor Henderson : je vous avais récemment cité ce livre dans ma chronique Ils me font de l'oeil. Ce livre est la raison principale de mon passage à la librairie. Je n'avais pas prévu la suite. Le film a été récemment adapté au cinéma.  New York, 1987 - le mouvement punk. Tout me plait ! 

5. Luke et Jon de Robert Williams : J'avoue que c'est la couverture qui m'a attiré dans ce court roman qui raconte la rencontre entre deux adolescents dans la campagne anglaise. La critique du Figaro a eu fini de me persuader : "Luke et Jon, premier roman de Robert Williams, est la chronique poétique et lapidaire d'une  rencontre brutale et touchante".

6. Terreur apache de W.R Burnett  chez Babel. Bertrand Tavernier a écrit la postface - une bonne chose que ce réalisateur participe à la résurrection de tous ces western, parfois totalement oubliés. J'ai hâte de le lire et retourner en pays apache ! Pas vous ?! 

7. Un oiseau dans la maison de Margaret Laurence pour mon Challenge Canada. J'ai hâte de découvrir cet auteur majeur dans la littérature canadienne. L'histoire de Vanessa McLeod, âgée de douze ans qui va, en racontant en huit étapes son histoire personnelle, se faire le témoin d'un clan fascinant miné par la maladie et la folie. Editons Joëlle Losfeld (très belle couverture). 

8. Jours tranquilles, brèves rencontres d'Eve Babitz : ma lecture du moment ;-) Je vous en parle très bientôt. Je change totalement de sujet puisqu'ici nous voici plongé dans la ville fascinante de Los Angeles dans le monde des starlettes et d'Hollywood. Je remercie à nouveau les éditions Gallmeister pour ce cadeau. 

9. Blé d'hiver de Mildred Walker : la couverture de ce livre et sa quatrième ont tout de suite emporté mon adhésion. L'histoire se déroule sur les terres arides du centre du .. Montana ;-) Au début des années 40. "Ne manquez pas la brillante métaphore de Blé d'hiver. C'est le type de graine le plus adapté aux grandes plaines du Montana. S'il est semé correctement au bon moment, si les dieux, le temps et la terre sont bienveillants, il donnera une récolte aussi réjouissante pour les finances que pour l'esprit. Mais s'i y a trop ou trop peu d'engrais dans le sol, si l'hiver est sévère et les vents trop violents ou qu'une tornade s'abat sur votre ferme, alors tout s'écroule : l'espoir et les finances. Cette métaphore prégnante est à l'image de la vie d'Ellen Webb, de son combat pour surmonter les difficultés, recouvrer foi et courage et comprendre enfin que sa vie et celle de ses parents a un sens."

10. Demande à la poussière de John Fante : pas une seconde d'hésitation en le voyant ! J'ai sauté dessus même si l'exemplaire a vieilli, les pages un peu jauni mais Jérôme en parle si bien dans son billet. Des histoires, me dit la quatrième, des histoires donc de loyer qu'on ne peut pas payer, et de bistrots minables où le café est pire que l'eau de vaisselle. C'est à Los Angeles. C'est triste, c'est génial, c'est plein d'amour et ça se lit d'une traite. Hautement recommandé ! Mais je vais entamer ma découverte de Fante dans l'ordre par Bandini .

11. La fin du vandalisme de Tom Drury : la faute à Marie-Claude! J'avais regardé si ma BM achetait les Drury mais non - alors quand je l'ai trouvé, comme neuf, en librairie ce soir, j'ai pas hésité une seconde : si comme moi vous n'avez jamais lu de romans signés de cet auteur Iowan, voici la présentation : "Dans le comté de Grouse, les chevaux marchent à reculons, un amant délaissé ravage la salle de bal au pied-de-biche, les tracteurs disparaissent sans explications, et les coeurs scintillent. Le shérif Dan est amoureux de la jolie Louise aux paupières qui font poink-poink. Au chaud dans leur caravane, ils s'aiment en écoutant tomber la neige. Car Grouse est de ces lieux où les flocons tintinnabulent ..  " et Elle de renchérir "C'est un petit miracle ! Ce roman épatant nous réchauffe le coeur, comme si son auteur venait de l'écrire rien que pour nous", ça donne l'eau à la bouche ?

12. Matilda de Road Dahl : un plaisir car je l'ai trouvé en anglais (je l'avais lu en anglais) pour 2 euros. J'avais consacré un billet à Road et à plusieurs de ses héros dont Matilda en 2011 sur mon autre blog. Par ici si vous êtes curieux.


Enfin, une jolie surprise dans ma boîte aux lettres, Sacré bleu de Christopher Moore ! J'adore ses livres, que j'ai encore prêtés récemment - et en voyant celui-ci, dont l'histoire me convainc encore une fois du talent de génie de cet homme, il me fallait en parler.  Dans ma chronique Ils me font de l'oeil, j'en avais parlé et une très gentille fée a eu la gentillesse de me l'envoyer ! Je remercie les éditions des Equateurs (quel joli nom) pour ce sublime cadeau ! L'histoire est rocambolesque : Van Gogh assassiné, Toulouse-Lautrec enquête .. Je sens que je vais bouleverser mon programme estival ! 

Friday, June 19, 2015

Programme de lecture estivale


L'été arrive !  J'ai hâte de pouvoir m'installer dans l'herbe, ou sur le sable au bord de la mer avec un bon livre à la main ! Une semaine de vacances en juillet puis trois semaines fin août. Pas de grands voyages cette année (deux prévus l'an prochain), aussi je vais pouvoir prévoir de longues plages de lecture ;-)

Et j'ai hâte de pouvoir reprendre un rythme normal (à partir de mercredi prochain) car je lis au ralentis et je déteste ça ! (obligations professionnelles petits curieux...)

Je prévois 16 lectures dont trois emprunts (j'en avais prévu un seul mais j'ai craqué....) Le reste provient de ma Pàl ! Elle va ressortir de l'été toute légère ;-) Je n'exclus pas de lire plus si possible, j'aimerais bien avaler un autre pavé. Quatre de ces lectures vont abonder mes challenges 50 États - 50 romans et  Canada. N'est-ce pas merveilleux ?


 

Mon premier emprunt est Cataract City de Craig Davidson. Le romancier canadien m'a bien filé un joli coup de poing avec son recueil de nouvelles et le billet enthousiaste de Marie-Claude m'a poussé à réserver son dernier roman à la BM. Il est là ! En rapportant deux livres, j'ai craqué pour All the light we cannot see d'Anthony Doerr qui était mis en évidence par les méchants bibliothécaires (j'ai lu vos critiques mais il me fallait et en anglais), et en me promenant (très vite) entre les rayons, j'ai été attirée comme par magie vers le livre de Ruta Sepetys Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre. La quatrième de couverture (La Lithuanie, la déportation en Sibérie) a eu vite fait de me convaincre ! Sans doute certains d'entre vous l'ont déjà lu.

J'ai eu la chance de recevoir de la part de Gallmeister le roman autobiographique d'Eve Babitz, Jours tranquilles, brèves rencontres.  J'ai hâte de plonger avec elle dans cette période faste d'Hollywood, un roman définitivement estival ! 




Je souhaite relire le classique To Kill a mockingbird (Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur) de Harper Lee pour pouvoir ensuite découvrir la suite du roman, fin août si tout va bien. Je pense que nous serons nombreux à nous jeter sur le livre. Ce qui me rassure c'est que cette suite a été en fait rédigée avant son best-seller et donc le style doit être proche.  Côté classique, j'enchainerai avec Les raisins de la colère de Steinbeck, mon voyage dans le passé américain s'achèvera avec le roman de F.S Fitzgerald, Tous les jeunes gens tristes. Puis, j'ai hâte de lire Le chant des plaines de Kent Haruf. Le plus grand succès de cet auteur malheureusement décédé l'an dernier et publié il y a dix ans, et bientôt un classique ;-)





J'y ajoute Le choix de Sophie de William Styron - une lecture forcément très triste, mais les deux tomes me font de l’œil depuis trop longtemps (trouvés en bouquinerie) ! Mon premier Fante, Bandini puis un policier écossais, Ian Rankin avec le premier volet des aventures de son inspecteur, L'étrangleur d’Édimbourg (si j'ai le coup de foudre, il me restera pas mal d'enquêtes à lire!). Enfin, le cadeau d'une très chère amie, Mémé attaque Haïti de Marie Larocque qui m'intrigue beaucoup !

Challenge 50 États - 50 romans :



Vous l'avez presque tous lu avant moi, mais connaissant mon amour du nature writing, il me fallait ! Les Arpenteurs, mon cadeau d'anniversaire m'attend donc en bonne compagnie avec La chambre des échos, un thriller déniché pour 50 centimes à Emmaüs. 

Challenge Canada en 12 romans :


Le billet très enthousiaste de Marie-Claude sur Balistique aura eu vite fait de me convaincre de l'acheter (et de lire). Et j'ai déniché ce roman de David Adams Richards (j'ai craqué pour cette édition car la couverture est magnifique) pour le Nouveau-Brunswick.

Comme d'habitude, cette présentation ne reflète pas mon ordre de lecture, elle se fera selon l'envie !

Et vous, des lectures déjà prévues ou au feeling ?

Friday, July 18, 2014

La vérité sur l'affaire Harry Quebert

J'ai tout lu et entendu au sujet de ce roman - j'avais donc envie de me faire ma propre idée. C'est chose faite. J'ai depuis relu quelques critiques d'autres blogueurs et je me dis que ce livre et son succès ne me laissent pas indifférente. Mais quel est mon verdict ?

L'histoire ? New York city, 2008 - Marcus Goldman, un jeune écrivain à succès connaît la crise de la page blanche. Son éditeur à qui il doit des avances confortables lui met la pression. Le jeune homme reprend alors contact avec son mentor, un des écrivains les plus respectés du pays : Harry Quebert. Ce dernier est alors soudainement accusé d'avoir assassiné, en 1975 à Aurora, dans le New Hampshire, la jeune Nola Kellerman, âgée de 15 ans avec qui il aurait eu une liaison. 

Afin d'avoir un œil critique et un peu moins subjectif, je me dois de préciser quelques faits D'une part sur l'auteur, Joël Dicker. Il est suisse romand, a 29 ans et remporte avec ce roman de nombreux prix dont le Grand Prix du roman de l'Académie française. Ce livre a connu un énorme succès en librairie mais a aussi déclenché une vague de critiques, liées principalement à sa simplicité stylistique. Il situe l'histoire dans une petite ville, Aurora située dans la Nouvelle-Angleterre, au bord de l'océan Atlantique.

D'autre part, j'ai vécu aux USA  et pendant la période où son personnage principal étudie à la fac et rencontre son mentor. J'étudiais et enseignais dans un collège privé très bien côté pour ma part.

Les points forts
  • J'ai dévoré le roman en moins de deux jours (dont plusieurs heures d'affilée où j'ai englouti 600 pages) - ce qui m'a fait un bien fou ! J'adore les pavés et encore plus quand c'est un page turner.
  • C'est un thriller, un de mes genres préférés, écrit à l'américaine - et situé dans une région que j'adore, la Nouvelle-Angleterre.
  • Le roman n'est pas uniquement un thriller. Marcus Goldman (double de Joël Dicker?) apprend auprès de son professeur ce qu'être un écrivain implique - ce qui fait un bon roman. Le sacerdoce de ce métier, le process de l'écriture - tout ce qui me passionne (comme je vous en ai déjà parlé à plusieurs reprises).  Point très positif du roman.

Donc, oui - je comprends parfaitement que ce livre ait plu à autant de personnes à sortie, et aux lycéens qui lui ont remis le Prix Goncourt des Lycéens. Difficile de jeter à la poubelle un roman qu'il vous était impossible de reposer. Mais quand on lit beaucoup comme moi - de façon presque permanente, force est de constater que je n'ai cessé lors de ma lecture de pousser des "oh" et des "ah" de de déception face à de si nombreuses faiblesses

Les points faibles :
  • La simplicité, voire la pauvreté stylistique qui est parfois contrebalancée par des passages plus courts, mais plus maitrisés et nettement mieux écrits. Certaines tournures de phrases m'ont laissé pantois ("mon unique frère humain"). Seuls les conseils de Harry Quebert sur le métier d'écrivain, repris en tête de chaque chapitre - sont d'un niveau stylistique nettement plus élevés que les dialogues et surtout les extraits du supposé roman de Harry Quebert, Les Origines du mal - qui frisent, avouons-le le ridicule.  
  • Revenons à ce roman, Les Origines du mal publié en 1975 qui aura valu gloire et reconnaissance à Harry Quebert - quelle horreur ! Les extraits sont d'un kitsch - je me suis crue dans un énième épisode d'un mauvais soap opéra américain et j'ai même ri à voix haute en lisant : « Ma tendre chérie, vous ne devez jamais mourir. Vous êtes un ange. Les anges ne meurent jamais. Voyez comme je ne suis jamais loin de vous. Séchez vos larmes, je vous en supplie ». Bref, quand on adore les grands romanciers américains, comme F.S Fitzgerald, J.D Salinger, Faulkner -  on se demande bien comment un tel navet aurait pu être érigé en chef d’œuvre.  Idem pour tous les autres extraits du manuscrit ou les lettres d'amour.  J'en suis arrivée à me demander si Joël Dicker était bien l'auteur de ces écrits. 
  • Une vision de l'Amérique totalement biaisée avec des personnages tous caricaturaux Joël Dicker a à peine trente ans, et il a grandi avec la télévision. Ses influences ressortent à chaque page du roman, l'amour interdit entre un écrivain de 34 ans et une gamine de 15 ans aurait pu donner de la profondeur à ce roman mais ici, nous sommes très loin de la Lolita de Nabokov - d'ailleurs, les deux personnages s'aiment d'amour pur - point de sexe. Un hommage vibrant à l'Amérique puritaine (Glee ....) ou lorsqu'il décrit ce banquier américain qui part en Alaska retrouver un sens à sa vie et qui finit par mourir de faim, on aura reconnu en parallèle l'histoire de Christopher McCandless mélangée à la crise de 2008. 
  •  Les clichés, sur l'Amérique :  ils pullulent au début du roman lorsque l'auteur raconte la jeunesse du héros. Ce jeune homme à l'ambition démesurée est prêt à enfoncer les autres et à mentir pour être le meilleur de sa classe, de son école, de son équipe sportive. Un "Formidable" qui se révèle être, comme le dirait un chanteur belge, fort minable.  J'ai ri en lisant sa description de ses années lycéennes, avec quelle facilité il devient la gloire de son lycée, et qui voit même le principal de son école payer pour un nouvel anneau sportif. Ridicule. Ayant été au lycée aux USA, les américains sont extrêmement doués pour le sport et ils ne sont pas tous stupides. La supercherie de ce Goldman n'aurait pas durer longtemps. Ses parents sont eux-mêmes sont un exemple : aveuglés par la réussite de leurs fils, la mère "juive" est une caricature qui m'a presque fait hurler. Son anglais est approximatif (nous sommes en 1998 ou 2008 mais on a l'impression qu'elle vient d'immigrer d'Europe en 1946 après la guerre). Et que dire de son seul ami de fac ? Un jeune homme noir originaire du Minnesota (donc plouc sauf qu'il oublie que ses habitants sont majoritairement scandinaves et bien plus éduqués et ouverts que le reste de l'Amérique - Minneapolis est la deuxième ville gay après San Francisc - j'y ai passé cinq mois). Mais revenons à cet ami de couleur, qui en 1998, croit que les bibliothèques sont toujours interdites aux noirs et remercie son seul ami, le formidable Marcus Goldman de lui ouvrir les portes de la connaissance (sic). Je n'ose imaginer la réaction de tous les lecteurs d'origine américaine lisant ce passage. Pour habiter aux USA sous la présidence Clinton, et cette année-là, vivre dans le Sud de surcroit (le Minnesota est un état situé à la frontière canadienne), je peux vous assurer que la ségrégation était bien abolie. Et j'arrête là .... 
Bref, il est clair pour moi que Joël Dicker a mis dans ce roman tout et n'importe quoi.
  • Le thriller en lui-même : un vrai page turner - même si je l'avoue, et c'est presque une première pour moi : j'ai deviné qui étaient les assassins à la moitié du roman. Je l'ia deviné lorsque les assassins racontent leurs versions de l'histoire, j'ai compris et puis et lorsque j'apprends plus tard la situation extrêmement compliquée du premier et la frustration du second, plus de doute.  Puis j'ai lu toutes les tentatives de l'auteur pour embrouiller le lecteur : tous les personnages deviennent suspects.  Nous revoilà donc dans un épisode de The Desperate Housewives, dans cette Amérique des petites villes où tous les habitants ont forcément des secrets inavouables.  Dicker retombe dans le cliché même s'il évite un fin trop facile (à l'américaine) et la sempiternelle course-poursuite , on finit quand même par trouver ça un peu indigeste. D'ailleurs, si on le lit vite, c'est parce que quelque part on a envie d'en finir, non ?
Parce que, je me dois d'être honnête, la vie privée de Marcus Goldman et sa recherche de la femme idéale - on s'en fout, non ?

Et contrairement à ce que dit Quebert lorsqu'il définit un bon roman "un bon livre est un livre que l'on regrette d'avoir terminé (...), où le lecteur s'est attaché aux personnages" : ici point de souci. Je ne me suis attachée à aucun d'entre eux et une fois la confirmation que les meurtriers sont bien ceux-là, j'en ai conclu que ce livre est une lecture parfaite pour l'été. Un livre qui se lit vite et qui s'oublie vite. 
Mais à toutes ces critiques, je dois reconnaître au romancier suisse un talent certain, comme je le dis, ce sont plus les passages autour du roman et du métier d'écrivain qui m'ont interpelés - il est clair que le formidable Marcus Goldman ne veut pas être un écrivain, il veut être adulé.  Les nombreux passages dédiés à son agent et à sa maison d'édition qui se fichent du roman et veulent uniquement susciter l'envie des lecteurs pour booster les ventes rejoignent son ambition démesurée.
La définition du "bon roman" trouve ici écho dans le nombre de livres vendus, qu'importe si c'est de la m...  Et c'est là que je me dis, n'est-ce pas le tour de force de l'auteur suisse lorsqu'il partage les extraits de ce supposé chef d’œuvre, les Origines du Mal - qui sont d'un niveau frôlant l'indigestion ? Ne veut-il pas nous dire que les lecteurs sont donc de pauvres gens qui aiment la m.. comme aujourd'hui on aime la télé réalité ? Et que finalement, un roman n'a pas besoin d'être bon mais juste d'être bien vendu ?  Si c'était là son message, alors son livre me plaît beaucoup plus. Et je vois que le tour de magie a opéré pour son propre roman. Malin, le Joël ! 

Et sinon, comme toute lectrice assidue qui se rêve écrivain, je me dois de féliciter le romancier pour son succès - et le remercier pour ces quelques heures passées en sa compagnie.
Il n'en reste pas moins qu'à mes yeux, ni Marcus Goldman, ni Joël Dicker, ne sont, pour l'instant, de grands écrivains.  A vous de vous faire votre propre avis !