Le liseur du 6h27 est le premier roman de Jean-Paul Didierlaurent, écrivain récompensé déjà à deux reprises pour ses nouvelles, que j'ai lu dans le cadre du challenge Prix des Lecteurs Nantais.
J'ai été joyeusement surprise par ce livre de 218 pages qui vous embarque dans la vie d'un jeune homme dont la vie s'écoule au rythme du fonctionnement de la terrible machine. Ce dernier prend tous les matins le TER de 6h27 et lit à voix hautes des pages volantes qu'il sort de sa serviette. Ses compagnons de voyages apprécient d'oublier pour quelques minutes leur vie routinière et maussade et boivent le nectar que ces mots prononcés clairement leur procurent.
"Tandis que le jour naissant venait s'écraser sur les vitres embuées, le texte s'écoulait de sa bouche en un long filet de syllabes, entrecoupé ça et là de silences dans lesquels s'engouffrait le bruit du train en marche. Pour tous les voyageurs présents dans la rame, il était le liseur, ce type étrange qui, tous les jours de la semaine, parcourait à haute et intelligible voix les quelques pages tirées de sa serviette".
Ce roman est une pépite, ce liseur travaille dans une usine où il actionne chaque jour une machine qui détruit des livres. Conscient de ce terrible gâchis, il réussit à sauvegarder quelques pages qu'il lit ensuite tous les jours à voix haute dans le TER.
Amoureux des mots et des belles lettres, il vit isolé avec son poisson rouge, Rouget de l'Isle, et s'occupe d'un ancien collègue dont les jambes ont été broyées par la fameuse machine. Le papier détruit est ensuite recyclé et avec on fabrique de nouveaux ouvrages. Le vieil homme est ainsi persuadé que ses jambes vivent dans les exemplaires d'un livre sur le jardinage.
L'histoire est touchante, drôle et émouvante. Si j'avoue avoir lu rapidement les passages à l'usine, où le héros doit composer avec deux collègues particulièrement stupides (j'ai trouvé ces lignes quelque peu inutiles), j'ai aimé par contre tous les passages liés aux mots, à la lecture, aux livres.
Ce roman est une véritable déclaration d'amour à leur encontre, qu'on le retrouve aussi lorsque le liseur lit et relit les mots de la dame-pipi. Les textes des lectures quotidiennes sont aussi magnifiques.
J.P Didierlaurent a manifestement du talent, et cet amour dédié aux mots restera pour moi une référence. Le livre ne manque ni d'ironie, ni d'humour comme les déclarations de cette jeune femme, jugée sur la seule mention de son travail :
La fin est prévisible mais néanmoins jouissive. Forcément on pense à plusieurs films, lorsqu'une relation épistolaire s'installe entre deux protagonistes (mais ici la relation est à sens unique). Fort heureusement l'auteur réussit à éviter le piège d'une fin trop mièvre.
Si vous aimez lire, et si vous aimez les livres alors vous devez livre le roman de J.P Didierlaurent. Il a le goût des bonnes choses.
Livre lu dans le cadre du challenge Prix des Lecteurs Nantais
J'aurais aimé en savoir plus sur certains personnes, trop vite abandonnés, et puis la machine destructrice avait un goût de science fiction. Bonne lecture, pour moi.
ReplyDeleteOui la machine, je pense qu'il a voulu mettre la "machine" comme ennemi de l'homme, mais ce débat peut aussi remonter à l'époque des premières machines (révolution industrielle), mais tu as raison, on peut aussi y voir un peu de SF.
DeleteQuelles personnes ?
Tu en parles si bien... Et hop sur ma PAL!
ReplyDeleteMerci ! Je réagis un peu tardivement, mais un méchant rhume m'a cloué au lit... Heureuse de voir que je peux participer à agrandir ta PàL ;-)
DeleteUn bon souvenir de lecture pour moi! :)
ReplyDeleteMerci car une amie à moi n'a pas trop accroché, pourtant c'est une lectrice assidue.
DeleteJe n'ai pas aimé ce roman !! Trop comfort book à mon gout, trop prévisible en effet...
ReplyDeleteJe n'ai pas aimé les parties sur la machine et j'ai trouvé la fin prévisible, mais je ne l'ai pas vu comme un confort book, j'y ai vu un amoureux des mots .. après, on peut le voir sous cet angle, une chance pour moi, ma lecture ne s'est pas faite ainsi. Mais je sais que des gens autour de moi ne l'ont pas trop aimé non plus.
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