J'ai
fini de lire il y a quelques semaines le roman de Julie Otsuka, Certaines n'avaient jamais vu la mer qui a obtenu le Prix Fémina Étranger 2012.
Résumé (source : Amazon) : Nous sommes en 1919. Un bateau quitte l'Empire du Levant avec à son bord
plusieurs dizaines de jeunes femmes promises à des Japonais travaillant
aux États-Unis, toutes mariées par procuration.
C'est après une éprouvante traversée de l'Océan pacifique qu elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
À la façon d'un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées... leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre et la détention dans les camps d'internement - l'État considère tout Japonais vivant en Amérique comme traître. Bientôt, l'oubli emporte tout, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n'avaient jamais existé.
C'est après une éprouvante traversée de l'Océan pacifique qu elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
À la façon d'un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées... leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre et la détention dans les camps d'internement - l'État considère tout Japonais vivant en Amérique comme traître. Bientôt, l'oubli emporte tout, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n'avaient jamais existé.
Je
ne sais pas trop quoi écrire au sujet de ce livre, si le sujet est très
intéressant, passionnant - j'ai cependant eu du mal à lire ce livre.
Cette difficulté est liée entièrement au style adopté par la romancière.
Narrateur à voix multiples, le "nous" représente toutes ces épouses
japonaises qui rencontrent leur époux sur le sol américain de Californie
et qui pour beaucoup signent là leur arrêt de mort, ou s'engagent vers
de terribles années de souffrance, passées sous silence.
Or
ce choix stylistique devient pesant, avec en plus, le choix de l'auteur
pour cumuler des verbes d'actions, ex : pour décrire leur travail
quotidien, chez elle ou dans les champs, les usines, l'auteur a choisi
de cumuler à chaque toutes une série de verbes d'action et de répéter
cette formule tout au long du livre : nous cuisions, coupions, hachions,
épelons ... Si cette formule n'apparaissait que trois ou quatre fois,
mais non c'est récurrent. Si le désir de l'auteur était que le lecteur
ressente une certaine forme de lassitude, elle y est arrivée
parfaitement avec moi. Ce choix prononcé a fait que j'ai "sauté"
volontairement certains passages, trop axés dans le descriptif.
Si
l'auteur souhaite ainsi parler au nom de tous ces fantômes, je la
comprends et la soutien totalement dans cette démarche, mais
l'utilisation du pronom "nous" n'intègre pas le lecteur et bientôt je me
suis sentie véritablement étrangère par rapport à ces femmes. Et cette
distanciation m'a éloigné de ces femmes dont les vies ont été parfois
épouvantables, mon empathie a diminué envers elle. L'auteur interdisant
finalement au lecteur de s'identifier à l'une d'entre elles en
particulier, a provoqué chez moi une sorte de forme d'indifférence.
De
plus cette énumération sans fin des souffrances affligées à ces jeunes
femmes m'a empêché d'en prendre réellement conscience et donc d'éprouver
de la sympathie et de la compassion pour ces femmes. Le lecteur est
ainsi littéralement "bombardé" d'informations multiples, d'atrocités, de
souffrance, de solitude, d'actes malveillants, de suicide au point
qu'il finit par s'éloigner de l'histoire. Les noms défilent, on ne
retient aucun d'entre eux. J'aurais préféré que l'auteur suive cinq ou
six femmes aux destins multiples plutôt que de nous faire une sorte
d'almanach de tous les destins brisés de ces femmes japonaises.
Enfin,
j'aurais aimé que soit abordé plus profondément la période de la
Deuxième Guerre Mondiale où les japonais ont été envoyés en camp
d'emprisonnement car soupçonnés d'être des traites. Cette période a
longtemps été bannie des livres d'histoire et j'ai vu très peu de films
ou documentaires abordant cette page sombre de l'histoire américaine.
Car
comme je ne cesse de le répéter, j'adore les romans qui associent
l'histoire avec un grand H et plus particulièrement la période 1933-1955
or ici l'auteur ne fait qu'énumérer des disparitions et des
arrestations.
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Pourtant
je défendrais ce livre car il a eu l'intérêt de lever le voile sur une
partie peu reluisante de l'histoire américaine, sur le véritable
ostracisme infligé à ces femmes japonaises. Ces femmes, qui par pudeur
et par éducation se sont tues et ont subi toute cette violence sans
jamais se plaindre. Que l'une de leurs filles ou petite fille prenne
aujourd'hui sa plume et le rende hommage est magnifique et vraiment
nécessaire.
J'ai
appris beaucoup en lisant ce livre, même si, comme vous l'aurez
compris, j'aurais préféré un autre style - qui m'aurait permis de
traverser ces années en tenant la main d'un ou de plusieurs personnages
au lieu d'avoir le sentiment de voir défiler sous mes yeux des visages
anonymes.
Mon avis : ♥♥♥
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